Spécial Marche verte

L'OCI veut mettre fin à l'image sexiste qui colle à l'Islam

12 Novembre 2005 À 15:19

Cesser les discriminations dans l'éducation des filles, condamner les crimes d'honneur, dénoncer les mariages forcés et rejeter les mutilations génitales des femmes: l'Organisation de la Conférence islamique (OCI) veut mettre fin à l'image sexiste qui colle à l'Islam.

«Tout ceci est de la sous-culture et les sociétés qui favorisent ces pratiques veulent les présenter comme étant conformes à l'Islam, mais ce n'est pas le cas», affirme catégorique à l'AFP le secrétaire général de l'OCI, Ekmeleddin Ihsanoglu.

Il vient de présider la première conférence ministérielle islamique sur l'enfance, qui s'est tenue cette semaine à Rabat. Dans leur déclaration finale, les ministres ou délégués de 51 pays musulmans ont recommandé «de faire connaître les valeurs de l'Islam relatives aux femmes et aux enfants, et de diffuser une image authentique et honorable de l'Islam et de la Charia».

Pour Rima Salah, directrice générale adjointe de l'UNICEF, co-organisatrice de cette conférence, les chiffres parlent d'eux-mêmes. «Dans les pays de l'OCI, sur les 28 millions d'enfants en âge d'aller à l'école et qui ne sont pas scolarisés, 58% sont des filles».
Mais, pour cette femme, c'est plus la pauvreté que la religion qui est responsable de cette situation qui touche le Soudan, le Yémen et surtout les pays subsahariens.

«Je peux vous dire que dans le Coran et dans les hadith, l'éducation des musulmans et des musulmanes est un devoir», précise-t-elle.
«Eduquer les filles fait partie de l'Islam et Aïcha, la femme du prophète Sidna Mohammed, enseignait», dit en écho M. Ihsanoglu.

La déclaration insiste donc sur la nécessité pour les Etats membres de prendre «toutes les mesures nécessaires pour arriver à l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des filles, comme le mariage forcé ou les mutilations génitales».
Dans leur déclaration, les Etats membres accueillent avec satisfaction la résolution de l'ONU visant à éliminer «les crimes d'honneur commis contre les femmes et les filles».
Le texte ne fait en revanche aucune mention des codes de la famille, qui sont le plus souvent très conservateurs et réduisent les droits des femmes et leur participation à la vie publique dans beaucoup de pays musulmans.

«Beaucoup d'hommes dans les pays islamiques s'opposent à l'éducation des filles car ils ont peur qu'elles deviennent indociles, ou plus fortes qu'eux. C'est notamment le cas dans les régions rurales», estime de son côté Mme Sabah Knani, une haut responsable en matière d'éducation à l'UNICEF.

Mais, malgré les limites de cette conférence, Amna Haisan, vice-présidente de l'Inter-African Commitee on traditional practices (IAC), est sortie satisfaite.
Cette Soudanaise, qui se bat depuis 25 ans contre les mutilations génitales des filles, a présenté devant une commission de la Conférence un rapport sur l'excision et l'infibulation. «Sur les 22 pays arabes, il y en a cinq qui les pratiquent à savoir l'Egypte, le Soudan, Djibouti, la Mauritanie et la Somalie. C'est courant dans plusieurs pays africains, mais inexistant dans la majorité des pays musulmans», explique-t-elle.

«Cette résolution est très positive. Je me sens beaucoup plus forte car je peux arborer la résolution de cette conférence à la figure de certains dirigeants religieux de nos pays qui lient ces pratiques à l'Islam. Je peux dire à ces imams: +Regardez, cela n'a rien à voir avec la religion contrairement à ce que vous prétendez», dit-elle.

Sensibilisation des enfants à l'Islam
La conférence ministérielle islamique sur l'enfance a insisté sur la nécessité d'apprendre aux jeunes musulmans à être fiers de leur civilisation.
"Il faut sensibiliser davantage les jeunes musulmans aux valeurs de l'Islam et consacrer chez eux le sentiment de fierté quant aux réalisations de la glorieuse civilisation islamique", affirme la déclaration finale adoptée à Rabat par la première Conférence islamique des ministres chargés de l'enfance.

Cette réunion, à laquelle participaient 51 ministres ou délégués de pays musulmans, a recommandé de "faire connaître les valeurs de l'Islam relatives aux femmes et aux enfants par l'intérmédiaire des médias et de diffuser une image authentique et honorable de l'Islam et et la Charia (loi islamique)".
La conférence a également demandé aux Etats islamiques "de mener une campagne de sensibilisation, avec les oulémas (dignitaires religieux), les institutions pédagogiques et les ONG sur l'épidémie du VIH et du Sida".

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