L'ONCF compte investir 15,5 milliards de DH sur la période 2005 – 2009
Mise à niveau et extension du réseau ferroviaire, acquisition de nouveaux trains duplex, le projet de la Société marocaine des chemins de fer, le programme de rénovation des gares… L'ONCF semble faire les bouchées doubles pour mener à bonne fin les chanti
LE MATIN
05 Novembre 2005
À 19:27
Quel est le bilan des activités de l'ONCF des neuf premiers mois?
Globalement, pour les neuf premiers mois de cette année, l'ONCF a enregistré une progression à deux chiffres, gardant ainsi la même tendance que l'année 2004 que l'on a clôturée avec une progression de 12,5% par rapport à 2003.
S'agissant de l'activité voyageurs, nous avons enregistré à fin septembre 2005, une progression de 15%. Quant à l'activité marchandises, la progression est de l'ordre de 10%. Ainsi, la progression globale, est de 13 % en termes de chiffres d'affaires pour les neuf premiers mois 2005 par rapport à 2004.
Au-delà de ces chiffres, l'année 2005 a connu le démarrage de grands projets notamment les travaux de réalisation de la desserte Tanger-Med et de la ligne Taourirt-Nador ainsi que les travaux de la superstructure voie du doublement de la ligne Meknès-Fès.
Peut-on avoir plus de détails sur ces projets ?
Je tiens à rappeler d'abord que ces projets s'inscrivent dans le cadre d'un projet d'entreprise élaboré sur la base d'études structurantes. Nous nous sommes fixé des objectifs annuels en termes de trafic pour les différentes activités à l'horizon 2010. Ces objectifs sont contractualisés dans le contrat-programme 2005-2009 qui lie l'ONCF et l'Etat. Le montant des investissements sur cette période s'élève à 15,5 milliards de DH. Et le programme se décline en trois grands volets: la mise à niveau du réseau, l'augmentation de sa capacité et enfin son extension.
Pour ce qui est de l'extension du réseau, on peut énumérer trois projets. Premièrement, la desserte Tanger-Med sur 45 km pour un investissement en infrastructure de 2,35 milliards de DH. Les travaux ont démarré en 2005 pour une mise en service vers la fin 2007. Deuxièmement, le projet Taourirt-Nador dont les travaux ont démarré en 2005 et dont la mise en service est prévue le premier semestre 2008. Cette desserte qui s'étale sur 117 km nécessitera un investissement en infrastructure de 1,9 milliard de DH. En troisième lieu, citons le projet de construction d'une bretelle de 45 km de Sidi Yahia à Mechraa Belksiri pour un investissement de 500 millions de DH.
Ce projet de raccourci, conjugué à la rectification du tracé entre Mechraa Bel Ksiri et Tanger et l'électrification jusqu'à Ksar El Kébir, permettra de réduire le temps de parcours entre Rabat et Tanger de 4 heures 30 à 3 heures à partir de 2008. Par ailleurs, le gain de près de 60 km par rapport au trajet actuel, permettra de renforcer également la compétitivité du rail pour ce qui est du transport de marchandises.
Pour le volet augmentation de capacité, il s'agit de projets qui visent le doublement de la voie sur les axes ferroviaires qui assurent une part importante du trafic voyageurs et marchandises et qui sont de plus en plus sollicités. On peut en citer le doublement de la voie sur l'axe Meknès-Fès, qui sera opérationnel fin 2006 dans l'objectif d'assurer la desserte Casa-Fès avec une cadence d'un train par heure dans les deux sens et de réduire ainsi le temps de parcours de 4 h 30 à 3h 15 à partir de 2007, le doublement de la voie sur l'axe Nouaceur-El Jorf Lasfar sur 110 km dont les travaux sont déjà entamés et qui vise d'accompagner le groupe OCP, qui est notre plus grand client, dans son plan de développement, et enfin, le doublement de la ligne Sidi El Aïdi-Settat afin d'étendre le modèle du TNR entre Casa-Settat.
Les appels d'offres relatifs à ce dernier projet sont lancés et les travaux devront démarrer en fin de cette année. Parallèlement à ces projets d'envergure, l'Office compte acquérir 24 rames à doubles étages d'une capacité de 400 places par train pour un coût global avoisinant deux milliards de DH. Il s'agit de trains duplex qui vont assurer la desserte Casa-Rabat-Kénitra et la desserte Casa- Fès. La première rame sera livrée au cours du premier trimestre 2006, et la réception du reste des rames se fera de manière progressive avec une moyenne de deux rames par mois.
Qu'en est-il du volet mise à niveau?
S'agissant du volet de la mise à niveau, il faut préciser qu'il est nécessaire de renouveler la voie ainsi que la caténaire (qui sert pour l'attraction électrique des trains ) et de les remplacer au bout de 20 ans. A cet effet, nous avons engagé un programme ambitieux de mise à niveau et de réhabilitation du réseau, qui totalise 400 km de voie et 400 km de lignes caténaires. Parmi les axes concernés par ce programme, la ligne Casa-Rabat, qui est très sollicitée, et l'axe Fès-Oujda ainsi que les axes phosphatiers. La modernisation, la mise à niveau et la construction de nouvelles gares ferroviaires entrent également dans ce chapitre. . En plus de ces trois volets, il y en a un quatrième qu'on peut classer au niveau de la sécurité ferroviaire.
A cet égard nous avons initié un ambitieux programme de rénovation du système de signalisation ferroviaire. Les travaux sont déjà en cours sur les différents axes du réseau. Pour la ligne Casa-Rabat, il s'agit d'adopter un système qui, outre le renforcement de la sécurité, va améliorer la fluidité du trafic et la ponctualité des trains. Ainsi, avec le nouveau système qui sera opérationnel fin 2006, nous pouvons aller jusqu'à un départ chaque trois minutes, sachant que le maximum que peut supporter cette ligne actuellement c'est un train toutes les 15 minutes.
Toujours dans le cadre du programme de renforcement de la sécurité ferroviaire, on peut citer le projet de construction de murs de clôture dans les zones où il y a des agglomérations denses ainsi que la transformation des passages à niveau en ouvrages d'art en partenariat avec les communes.
Où en est le projet de transformation de l'ONCF en SA ?
La loi 52-03 relative à l'organisation du réseau ferré national, à sa gestion et son exploitation comporte deux volets : le premier concerne la libéralisation du secteur ferroviaire, entrée en vigueur depuis la publication de la loi dans le Bulletin officiel en janvier 2005. Le deuxième volet concerne la transformation de l'ONCF en société anonyme et la concession de l'actuel réseau par l'Etat à la SMCF, la future SA. C'est l'étape qui reste à franchir, c'est-à-dire la signature de la convention de concession avec l'Etat et les procédures de transformation en SA. Donc, nous mettons tout en œuvre pour régler l'ensemble des procédures de manière à basculer vers la SA à partir de janvier 2006.
Quelles seront les répercussions de cette transformation en SA ?
Ce qui est recherché à travers ce changement de statut, c'est d'instaurer un style de management axé sur la rapidité dans la prise de décision et la souplesse dans le processus de gestion à travers le remplacement du contrôle a priori par un contrôle a posteriori. Ceci nous permettra de renforcer l'efficacité de l'entreprise, accroître sa compétitivité et améliorer la qualité et la rentabilité du produit ferroviaire. Car, dans un environnement concurrentiel, il faut être souple et réactif. Et, le statut de SA est plus adapté que celui d'Office.
De plus, avec l'ouverture du secteur ferroviaire et la transformation de l'ONCF en SA, on peut imaginer des montages financiers plus intelligents et même envisager des partenariats avec des opérateurs privés pour essayer d'étendre le réseau actuel sachant qu'à présent seul l'ONCF est habilité à construire, exploiter et gérer le réseau.
Au niveau des unités de production de l'ONCF, est-ce qu'il n'y a pas une filière à exploiter pour la production du matériel roulant au Maroc ?
La SCIF existe toujours et elle a la capacité et le savoir-faire pour produire des voitures. En parallèle nous disposons d'unités de production de Meknès, d'El Jorf, d'Oujda, de Casa et de Safi, qui sont toutes certifiées ISO 9001 version 2000. De même, des ateliers remportent chaque année le prix national de la qualité. Ce qui est très important. Pour la partie réhabilitation de matériel, l'opération qui a concerné les voitures réhabilitées récemment à Meknès était une réussite.
Je tiens à préciser que ce concept de réhabilitation de voitures n'est pas propre à l'ONCF mais c'est une tendance courante au niveau international. Ceci dit, nous comptons continuer l'opération de réhabilitation car c'est intéressant sur le plan économique. Donc, rien n'empêche de réactiver la SCIF, d'ailleurs une réflexion est engagée dans ce sens. Car, avec la cadence de l'activité de transport voyageurs, même avec les rames duplex que nous comptons acquérir et qui vont augmenter notre capacité de 35 %, il nous faudra des voitures et du matériel supplémentaires.
Qu'en est-il du programme de rénovation des gares ?
Effectivement nous avons élaboré un programme ambitieux pour la rénovation des grandes, moyennes et petites gares. Pour les grandes gares, il y a un nouveau concept qui est en train de se mettre en place. La gare ne doit plus être considérée comme un point de passage mais un centre de vie multifonction avec des centres commerciaux et des services divers…. La première expérience dans ce sens a concerné la gare de Tanger-Ville.
Les autres gares concernées sont celles de Marrakech, Casa-Port et Fès dont les travaux de construction débuteront incessamment pour s'achever vers la fin 2007. Pour ce qui est des gares moyennes (Mohammedia, Salé, …) nous poursuivons un programme pour leur mise à niveau à l'image de ce qui a été fait dans la gare de Rabat-Agdal. Par ailleurs, nous sommes en train de réfléchir sur la réalisation d'une nouvelle gare à Hay Riad sur l'avenue Annakhil.
S'agissant des petites gares comme celles de Asilah et Berrechid, nous comptons les réhabiliter de manière à ce qu'elles soient modernes, plus accueillantes et répondent au mieux aux attentes de nos clients.