L'ouragan Katrina a fait des «milliers de morts» en Louisiane

Le cyclone Katrina a vraisemblablement fait "des milliers de morts" en Louisiane, a affirmé jeudi la gouverneure de cet Etat tandis que les autorités redoublaient d'efforts pour évacuer et rétablir l'ordre à La Nouvelle-Orléans, en proie au chaos.

"Nous pensons en fait qu'il y aura des milliers" de morts, a déclaré Kathleen Blanco lors d'une conférence de presse, indiquant toutefois qu'elle n'avait aucune preuve jusqu'à présent d'un bilan aussi lourd. Les autorités américaines n'ont confirmé jusqu'à présent que 125 morts dans le Mississippi, autre Etat touché par le cyclone. Interrogé jeudi sur ABC, le président George W. Bush a dit "ignorer le nombre exact" de victimes. "De toute évidence, il va y en avoir beaucoup", avait-il ajouté Devant l'ampleur de la catastrophe, la Maison Blanche a finalement annoncé qu'elle accepterait des offres d'aide venues de l'étranger. "Nous sommes ouverts à toutes les propositions d'aide des autres pays, et je pense qu'on acceptera des propositions d'aide lorsque cela sera nécessaire", a dit son porte-parole, Scott McClellan. Quelques heures plus tôt, le président Bush avait affirmé: "Nous allons nous en sortir par nous-mêmes". Les offres d'aide affluent, de France, d'Italie, du Canada, du Mexique, de Russie.

Les opérations d'évacuation à La Nouvelle-Orléans, où il resterait 200.000 personnes, contre 1,4 million dans l'agglomération en temps normal, sont compliquées par les violences provoquées par des gangs armés. Les témoignages affluent sur les pillages dans les rues, les agressions d'automobilistes, les vols armés. Kathleen Blanco a de nouveau appelé jeudi les citoyens à quitter la ville. "Nous prions les gens de partir", a-t-elle déclaré, ajoutant que seuls devaient rester les personnels menant les opérations de secours et d'évacuation. Pour rétablir l'ordre, quelque 22.000 Gardes nationaux sont "en route" pour les zones sinistrées en Louisiane, a annoncé le président américain. Pour la gouverneure de Louisiane, ce sont 40.000 militaires qui sont nécessaires pour rétablir l'ordre à La Nouvelle-Orléans. "Les pillages ne seront pas tolérés, j'ai donné des instructions pour faire respecter la loi et l'ordre et utiliser tous les moyens nécessaires", a ajouté Kathleen Blanco.

"Ce doit être la tolérance zéro pour les personnes qui contreviennent à la loi en situation d'urgence comme celle-ci", avait affirmé peu avant le président Bush, qui se rendra vendredi dans les zones sinistrées. L'évacuation entamée mercredi de 20.000 sinistrés réfugiés dans le Superdome, le stade de La Nouvelle-Orléans, pour les transférer vers l'Astrodome de Houston (Texas), s'est poursuivie jeudi.

Un membre de la Garde nationale de Louisiane a été blessé par balles et un hélicoptère a essuyé des tirs à La Nouvelle-Orléans, selon la Garde nationale. Selon CNN, le maire de la Nouvelle-Orléans, Ray Nagin, a lancé jeudi un "SOS désespéré" pour venir en aide aux 15 à 20.000 sinistrés du cyclone Katrina réfugiés dans le Centre de convention de la ville, où la sécurité n'est plus assurée et où il n'y a plus de nourriture.

Le chef de l'Etat a confié à son père, l'ancien président républicain George Bush, et à son prédécesseur démocrate Bill Clinton, le soin de coordonner les opérations de dons aux victimes du cyclone Katrina, a annoncé la Maison Blanche. Par téléphone, sur l'internet, dans les magasins ou les sous-sols d'église, les Américains participent à un grand élan de générosité envers les sinistrés, qui a déjà permis de récolter près de 150 millions de dollars, selon différentes sources.

Le cyclone Katrina a réduit d'un dixième les capacités de raffinage des Etats-Unis. Il devrait avoir un effet beaucoup plus durable sur ces infrastructures et sur les systèmes de distribution que d'autres catastrophes semblables, selon l'agence américaine d'information sur l'énergie (EIA). Le président Bush a dénoncé les profiteurs de la catastrophe, ceux qui chercheraient à frauder sur les prix de l'essence, sur les assurances ou encore à détourner les dons.


"Il est très important que les citoyens de toutes les régions touchées prennent leurs responsabilités et fassent preuve de sens civique (...) et que les gens n'exploitent pas ceux qui sont vulnérables", a dit M. Bush. Sur la défensive, le président américain a aussi rejeté les critiques sur sa gestion de la crise et la lenteur des opérations de secours. "J'espère que les gens ne vont pas faire de la politique politicienne", a-t-il dit. Il a lancé un appel à économiser l'essence, en raison des "perturbations provisoires" infligées à la filière pétrolière par le cyclone Katrina. "Les Américains doivent être économes en énergie dans les semaines à venir.

N'achetez pas d'essence si vous n'en avez pas besoin", a déclaré M. Bush à la Maison Blanche, prévenant que le processus de reconstruction serait long.