La Syrie a retiré la quasi-totalité de ses troupes au Liban après trois décennies de présence au pays du Cèdre, à la veille de l'arrivée dans la région d'une équipe de l'Onu chargée de vérifier leur départ.
AFP
25 Avril 2005
À 17:13
Alors que le Liban annoncait dimanche soir la fin de la dernière étape du retrait syrien, l'équipe de l'Onu chargée d'en vérifier la réalité n'est attendue sur le terrain qu'après le départ du dernier soldat de Damas, qui interviendra après une cérémonie d'adieu ce mardi sur une base militaire dans la plaine orientale de la Bekaa.
Dans ce contexte, le patron de la Sûreté intérieure libanaise, le puissant général Jamil a-Sayyed, considéré comme un homme de confiance de la direction syrienne, a annoncé sa démission lundi, expliquant qu'il agissait ainsi en raison des «changements importants dans la politique» du pays.
L'officier s'était déjà mis vendredi «à la disposition» du Premier ministre, Najib Miqati. Son départ répond à l'une des exigences de l'opposition.
La cérémonie formelle de mardi, limitée aux seuls commandements syriens et libanais, sur l'aéroport militaire de Rayyak -- datant du mandat français -- interviendra le jour même où le chef de l'Onu, Kofi Annan, présentera son rapport sur la mise en oeuvre de la résolution 1559 du Conseil de sécurité.
Adoptée en septembre 2004 à l'initiative de Washington et Paris, cette résolution réclame le départ du Liban de tous les soldats syriens; la fin de l'ingérence de Damas dans les affaires intérieures de son petit voisin; et le désarmement de toutes les milices sur son sol, allusion au Hezbollah et aux Palestiniens.
«L'équipe (de l'ONU) chargée de vérifier le retrait syrien doit se rendre mardi à Damas pour rencontrer le commandement de l'armée syrienne et en obtenir les rapports, cartes et documents nécessaires», a indiqué à l'AFP une source diplomatique. «L'équipe se rendra ensuite au Liban», a-t-elle poursuivi sans autre précision de date.
Selon la même source, une autre délégation de l'Onu devrait rejoindre directement Beyrouth, en principe mercredi, pour préparer le terrain à la Commission d'enquête de l'Onu chargée de faire toute la lumière sur l'assassinat de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri le 14 février. La Syrie a été contrainte d'entamer son retrait du Liban sous la pression populaire libanaise et internationale, après l'assassinat de M. Hariri.
Les services de sécurité libanais et Damas ont été épinglés dans un rapport onusien établi sur place en mars et concernant les causes de cet assassinat. Suite à ce rapport, le Conseil de sécurité a annoncé la création d'une commission d'enquête internationale pour faire la lumière sur cet attentat, qui a déclenché des protestations populaires sans précédent dans le pays et entraîné la chute du gouvernement libanais pro-syrien.
Selon l'agence officielle libanaise Ani, les forces syriennes ont achevé la sixième et dernière étape de leur retrait du Liban: de fait, les troupes de Damas n'étaient pratiquement plus présentes dimanche dans la plaine de la Bekaa, où Damas avait redéployé ses soldats en prévision de son retrait total. Sur la principale route Beyrouth-Damas, seul un poste de contrôle syrien était encore visible à hauteur du noeud routier de la localité de Chtaura.
Les soldats syriens faisaient également leurs adieux aux commercants du village arménien de Anjar, près de la frontière syrienne, siège depuis trois décennies de leur commandement militaire et de leurs services de renseignement, dirigés par le général Rustom Ghazalé.
La Syrie était au Liban depuis juin 1976, un an après le début de la guerre civile. Alors qu'une page de l'histoire du Liban se clôt, le nouveau gouvernement de transition se présente mardi pour obtenir la confiance du parlement, prélude à l'adoption d'une loi électorale qui doit conduire le pays, avant la fin mai, aux premières élections de la nouvelle ère post-syrienne.