La bataille continue contre la mortalité maternelle et prénatale
LE MATIN
22 Décembre 2005
À 15:08
Le 24 décembre s'ouvre à Casablanca un colloque sous le thème: «L'importance de la santé de la mère et de l'enfant dans le cadre de l'Initiative nationale de développement humain». La rencontre est organisée conjointement par le conseil de la ville de Casablanca, l'hôpital Sidi Othmane et l'arrondissement de Sidi Othmane. Elle vise à lutter contre la mortalité maternelle et infantile qui reste parmi les priorités sanitaires du ministère de la Santé.
Aujourd'hui, les indicateurs de santé sont un véritable tableau de bord du développement social. Là où le développement de la communauté est faible, les indicateurs en termes de mortalité et de morbidité sont élevés.
Au Maroc, la mortalité maternelle et prénatale a connu une baisse notable depuis le début des années 60. Néanmoins, les taux restent élevés et représentent encore un problème de santé publique. D'après l'enquête PAPFAM, le taux de mortalité maternelle à l'échelle nationale est de 227 pour 100 000 naissances vivantes pour la période 1997-2003. Ce taux est encore plus élevé en milieu rural avec 286 pour 100 000 naissances vivantes contre 168 pour 100 000 en milieu urbain.
Cette mortalité maternelle est associée à une faible fréquentation des services de consultation prénatale. 47,9% seulement des femmes ont bénéficié de consultations prénatales et 39,5% ont accouché en milieu surveillé. La mortalité néonatale est également liée à un déficit en interventions obstétricales majeures et à l'incapacité de certaines structures particulièrement les maisons d'accouchement rurales à fournir des services de qualité. Selon la même enquête, la mortalité néonatale a passé de 31,4 décès pour mille naissances à 27% pour mille naissances vivantes. Ce taux est de l'ordre de 24% en milieu urbain et de 33% en milieu rural. L'écart entre les deux milieux est davantage plus marqué pour les périodes post-néonatale et juvénile.
En 2001, la mortalité néonatale était de 9% en milieu urbain et de 33% en milieu rural. Le taux de mortalité des enfants dont la mère n'a aucun niveau d'instruction sont deux fois plus élevés que chez les enfants dont la mère a un niveau secondaire.
Les causes de cette mortalité infantile sont dues aux infections respiratoires aiguës, aux maladies diarrhéiques et aux maladies à transmission hydrique, la souffrance fœtale, à la prématurité, aux méningites, à la malnutrition protéino-énergétique, aux carences en micronutriments et à d'autres maladies infectieuses.
D'après l'enquête nationale sur les causes et circonstances de décès des enfants de moins de 5 ans, les maladies infectieuses transmissibles sont responsables à elles seules de plus de 49% des décès infanto-juvéniles alors que la prématurité et la souffrance néonatales sont à l'origine de 37,3% de ces décès. Il est à signaler que grâce au Programme national d'immunisation, le ministère de la Santé a pu réduire considérablement en quelques années les niveaux de mortalité et de morbidité liées à la rougeole, au tétanos néonatal, à la poliomyélite, à la diphtérie, à la coqueluche et à la tuberculose. Le taux de couverture vaccinale a atteint et même dépassé les 90%.
Devant l'ampleur du problème, un programme ambitieux basé sur l'amélioration de la couverture et de la qualité de la consultation prénatale et postnatale est mis en place. L'objectif : lutter contre les principales carences nutritionnelles chez la femme, en particulier l'anémie, à travers une quantité supplémentaire en fer et par le biais de l'éducation nutritionnelle.
La mortalité des enfants de moins de 5 ans a connu une baisse notable entre 1990 et 1994 passant de 84% à 46% pour se maintenir aux alentours de 47% en 2001.
Objectif du millénaire
La mortalité maternelle et prénatale reste encore élevée. Devant l'ampleur du problème, le Maroc ambitionne de réduire la mortalité des enfants de moins de 5 ans de 2/3 et la mortalité maternelle de 3/4 d'ici 2015. Atteindre ces objectifs passe par une série de mesures.
Il s'agit de la mise à niveau de toutes les structures de prise en charge de la mère et du nouveau-né, l'amélioration des conditions d'accueil et de séjour, le renforcement de la stratégie mobile/unité médicalisée et la promotion du slogan : une sage-femme et une ambulance pour chaque commune, ainsi que le renforcement du programme de la planification familiale lancé en 1966.
Actuellement, 63% des femmes mariées utilisent une méthode contraceptive. Ce taux est de 65,5% en milieu urbain, 59,7% en milieu rural. En 1979, une femme mariée sur cinq avait recours à la contraception. L'objectif est d'atteindre une moyenne de 64% au niveau national toutes méthodes confondues d'ici fin 2007. Augmenter la prévalence contraceptive globale en milieu rural pour atteindre en 2007 un niveau égal au moins à 62,5%. Le programme vise également de réduire de 9% les besoins non satisfaits en matière de planification familiale à l'échelle nationale.