La mascarade du cyclisme marocain
LE MATIN
11 Septembre 2005
À 16:07
Jamais dans les annales du sport marocain, une discipline n'avait atteint un degré aussi bas. Jamais auparavant un sport n'avait touché le fond comme l'a fait le cyclisme marocain. Non seulement il a perdu toute crédibilité dans les enceintes mondiale, africaine et arabe mais tout cela se fait au vu et au su des responsables.
Depuis 1994, le vélo national est en proie à des dissensions, des querelles intestines, à une gestion anarchique. Abandonné, dédaigné, bafoué, foulé par tous ceux qui ont prétendu le gérer, le cyclisme en a vu de toutes les couleurs par tous ceux qui ont eu le culot d'affirmer qu'ils étaient là pour lui redonner une santé.
Sinon comment expliquer qu'un sport qui mobilisait tout un peuple ait fini ainsi entre les mains de groupe qui ne semblent pas l'apprécier à sa juste valeur ? Lors de l'âge d'or du vélo tous les Marocains, sportifs ou pas avaient un transistor( la mini- radio d'alors) collée à l'oreille se demandant ce qu'a fait El Gourche, feu Abderrahmane Farak (El Farouki), Gandoura Lachab, Abdallah Kaddour et après eux Mustapha Nejjari contre des ténors du cyclisme mondial. Et la réponse venait rapide, tranchante : "C'est Mohamed El Gourche qui mène ! Il est le meilleur ! " Cela embrasait l'enthousiasme de tous. Tous ces beaux souvenirs semble à des années lumières.
Les différents passages des commissions provisoires n'a pas l'effet escompté; bien que leurs responsables aient fait preuve de bonne volonté et de compétence égale à leurs connaissances en la matière. Lorsqu'ils (Les responsables) ont jugé (ou pensé) que la famille du cyclisme a mûri, ils ont remis le flambeau avec l'espoir de voir le vélo retrouver ses lettres de noblesse. Mais ils ont dû, vite, se rendre à l'évidence : la majorité de ceux qui ont été élu pour gérer le cyclisme le faisaient au grès de leurs intérêts propres.
Les querelles recommencèrent de plus belle. Les clans se formèrent. Le vélo titubait. Et l'administration de tutelle s'affiche en simple spectateur. Alors qu'elle avait toute la latitude de prendre des décisions efficaces. Même en tapant du poing ! De grâce que l'on ne nous parle pas de démocratie. Car il y la manche entre la démocratie et l'anarchie. Et ce qui se passe en cyclisme est de l'anarchie.
Le cyclisme national a perdu sa crédibilité à deux reprises cette saison. Une véritable honte s'est abattue sur lui. Comment peut-on se désister (la toute dernière minute s'il vous plaît !) de l'organisation d'un événement sportivo- touristique d'envergure de l'acabit du Tour du Maroc ? Alors que les équipes nationales étrangères et les groupes sportifs de renom se préparaient et demandaient même à payer pour venir au Maroc, on leur annonce à la toute dernière seconde qu'il n'y aura pas de Tour.
Par ce geste grave de conséquences, gestionnaires de la fédé et responsables du secteur sport, ont exposé le Maroc à une amende à l'UCI et surtout à perdre de sa crédibilité qu'il a mis des lustres à bâtir. Le peu de crédibilité qui lui restait, le cyclisme marocain vient de la dilapider honteusement en se désistant une fois de plus à organiser cette fois le Championnat Arabe des Nations prévu en septembre courant. Alors que les deux clans confirmaient par écrit leur accueil du Championnat, l'Union Arabe eut la désagréable surprise de voir la FRMC se désister…à quelques jours de l'ouverture du championnat. Les équipes n'ont pas caché leur grande déception. Mêmes les pays de réserve qui attendaient l'opportunité d'organiser, en l'occurrence l'Algérie et l'Egypte, ont refusé de jouer le rôle de remplaçants.
"C'est une véritable honte que nous avons ressentie, nous dira un responsable. Tous les Pays arabes adorent le Maroc ! 14 pays, un record, ont donné leur accord pour participer. Même l'Irak dont les coureurs hommes et dames s'entraînent au milieu des attentats! " ironise-t-il
Les Saoudiens se sont déplacés en Angleterre pour parachever leur préparation, les Syriens en France, les Emiratis au Maroc. Mais, quelle fut grande leur déception lorsqu'ils furent tous informés, au tout dernier moment, qu'il n'y aura pas de championnat arabe au Maroc.
Mais si aujourd'hui, il y a deux clans qui se disputent la FRMC, soyons sûrs qu'il ne va y avoir qu'un seul clan qui va se liguer contre le Secteur Sport si celui-ci s'avise à appliquer l'article 22 générateur d'une commission provisoire. Une autre de plus !!
Mais ce qui demeure une véritable aberration est, selon les rumeurs, un dépôt de 1.500 000 dh dans les caisses de la FRMC qui n'est, ni constituée ni élue (et qui ne semble pas prête l'être pour le moment). Si cela est vrai, plusieurs questions se posent sur cette initiative pour le moins bizarre : Qui a eu l'idée de déposer l'argent ? Pourquoi a -t-on déposé cette subvention entre les mains de personnes qui sont loin de se voir en peinture et qui ne peuvent pas en jouir pour développer le cyclisme ? Et enfin est-ce le moment de le faire ?
Et cette assemblée générale de la FRMC " imposée " et annoncée à cors et à cris par le Secteur sport pour le 11 septembre qu'en est-il ? Elle n'eut pas lieu.
Comme quoi l'administration semble avoir perdue de son autorité. Sinon le cyclisme n'en serait pas là !!