Spécial Marche verte

La qualité de l'enseignement : L'école privée détrônera-t-elle l'école publique ?

Ecole privée ou publique ? La question ne se pose plus pour ceux qui peuvent payer. Dès la naissance de leurs enfants, certains parents commencent à réfléchir à leur scolarisation. Ils essaient autant que faire se peut de choisir l'école adéquate qui s'ad

10 Février 2005 À 16:03

Elle souligne que presque la plupart de ses collègues ont des enfants qui suivent leurs études dans des écoles privées. Les raisons varient d'une personne à l'autre. Mohssin, photographe, estime que dans une école privée, l'élève est bien suivi et bien éduqué : «J'ai préféré introduire ma fille dans l'enseignement privé pour qu'elle ait un bel avenir. En outre, je sais qu'elle ne va pas apprendre les mauvaises manières».

Bon nombre de parents affirment que tant qu'ils auront les moyens, leurs enfants suivront leur cursus scolaire au privé. Mais attention, préviennent certaines personnes. Même au privé, le niveau des établissements diffère. «Il ne s'agit pas de choisir n'importe quelle école privée. Mais, il faut que les parents soient au courant de tout : le programme, l'entourage, le niveau des enseignants…C'est ce que j'ai fait avant que je confie mon fils à cette école privée dès l'âge de trois ans», souligne M. Kadiri, architecte.

Mais s'il est satisfait de sa décision, d'autres parents se plaignent des prestations des enseignants de leurs enfants, regrettant d'avoir réfléchi un jour à l'enseignement privé : «je ne savais pas que comme au public, je dois réviser chaque jour avec mon fils ses leçons et l'aider à faire ses devoirs. Les enseignants ne font rien. Ce sont les parents qui enseignent», se plaint Monsif Badarri, directeur commerciale dans une société privée.

L'enseignement scolaire privé remplacera-t-il le public malgré ses défauts ? M.Touahri, ingénieur en génie civil, pense que si les associations des parents d'élèves jouaient leur rôle, le vrai, l'enseignement public serait prospère. « Malheureusement ce sont des associations qui, dans la plupart des cas, ne font rien. Elles ne proposent rien. Les parents ne veulent pas se casser la tête. Ils pensent, ainsi, au privé». Il ajoute que la classe moyenne rejette depuis des années l'école publique où, selon elle, plusieurs enseignants ne sont plus assidus et motivés.

L'avenir de l'enseignement au Maroc dépend du public et du privé. Les deux doivent évoluer dans le même sens et avoir le même niveau. Selon le ministère de l'Education nationale, avant l'indépendance, l'objectif principal de l'enseignement privé était la sauvegarde de l'identité nationale. A l'heure actuelle, cet objectif a été beaucoup plus élargi.

On veut que le privé participe au côté de l'Etat à relever le défi de la généralisation de l'enseignement et l'allègement des charges de l'Etat pour le financement de l'éducation. L'accroissement du rythme de développement par le biais de l'emploi et de l'investissement est la deuxième responsabilité qui incombe à l'enseignement scolaire privé qui doit également améliorer la qualité d'enseignement et son rendement.

Cependant, le taux de couverture de l'enseignement privé ne dépasse pas 4,75 % de l'effectif global des élèves de l'enseignement public, accueillant 280.000 élèves. Le nombre des établissements de l'enseignement scolaire privé autorisé est de 1563 en 2003/2004. 48 % d'entre eux sont conçus initialement pour l'enseignement, 33 % des villas, 15 % des appartements…

Depuis les années 90, de vrais complexes pédagogiques ont commencé à se créer. L'axe du littoral atlantique entre Kénitra et Casablanca abrite 47 % des établissements de l'enseignement privé qui scolarisent 70 % des élèves. Les 53 % qui restent sont répartis entre les grandes villes des autres régions du Royaume.

D'après le ministère de l'Education nationale, le niveau de développement de ce secteur «reste en deçà du rôle dévolu par la charte nationale d'éducation et de formation. Le taux objectif a été arrêté à 20 % à l'horizon 2010».

Des encouragements sont en vigueur pour inciter l'investissement dans ce domaine. Ainsi, pendant les cinq premières années d'exploitation, l'investisseur est exonéré de 50 % de l'IS et de l'IGR. Il ne paie pas également la TVA des biens d'équipement acquis localement ou importés. En outre, la Caisse centrale de garantie cautionne les projets pédagogiques.

Des mesures à caractère pédagogiques sont aussi mises en place. Le corps enseignant peut bénéficier des stages de formation dans les centres relevant du ministère de l'Education nationale. Les élèves inscrits dans les établissements de l'enseignement privé participent aux examens de l'enseignement public. Les enseignants du public peuvent être employés comme vacataires dans des écoles privées après autorisation.

De grands efforts restent à déployer de la part de l'Etat et du privé pour développer l'enseignement scolaire au Maroc. Il faut un encouragement du partenariat en vue de consolider et d'appuyer les efforts dans ce domaine.
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