L'humain au centre de l'action future

Le Maroc à travers les œuvres de Lluis Ribas

16 Novembre 2005 À 15:33

Sur les cimaises de la galerie Bab El Kébir sont accrochées, actuellement, les belles œuvres de Lluis Ribas, grand connaisseur et ami du Maroc. Ses peintures dévoilent une vision un peu spécifique qui se reflète à travers les personnages et lieux qu'il a choisi d'immortaliser sur ses toiles.

Ses sujets de prédilection, Lluis Ribas les a dénichés parmi une tranche très particulière de la société marocaine à laquelle il a substitué son mode de vie naturel. Ainsi, nous trouvons, en visitant son exposition des marchands ambulants, des vendeurs d'épices, de l'ancienne mosaïque, des fontaines délabrées, etc.

Des ambiances qu'il a héritées de ses peintres catalans préférés, Nonell et Gimeno. «Sur les toiles de Lluis Ribas, il est évident que les paysans et les commerçants portent, de manière tout à fait naturelle, les vêtements qui leur sont propres de part leur culture. C'est pourquoi même si l'artiste reproduit tout cela fidèlement, ce n'est pas fondamental, car en fait ce qui compte le plus, c'est l'attitude que chaque personnage porte en lui. Celle-ci représente une façon de faire qui correspond à la culture que chacun a reçue en héritage, et avec laquelle il se construit à chaque instant», explique Josep Ma Cadena qui a souvent eu l'occasion d'écrire sur la peinture de Lluis Ribas.

Depuis 1981, année de la première visite de l'artiste au Maroc, il a senti une grande admiration pour le quotidien populaire de la vie marocaine avec beaucoup d'intérêt et de fidélité, ce qui l'a poussé à présenter ce spectacle à travers sa peinture.

De ce fait, avec son extrême dextérité dans le réalisme, Lluis Ribas nous plonge dans un monde d'images, de couleurs et d'émotions, sans laisser passer le moindre détail ni la moindre expression se dessinant sur les visages de ses modèles, en général de vieux personnages, ridés et fatigués par la dureté de la vie qu'ils mènent.

Malgré ses fréquents voyages dans les pays du Proche-Orient, c'est au Maroc qu'il est retourné plus d'une trentaine de fois et où il a trouvé son lieu de prédilection, car sa culture lui rappelle énormément de traces laissées par les Arabes ayant vécu pendant des siècles en Espagne. Les nombreux vestiges qui existent jusqu'à maintenant en témoignent largement.

D'où cet intérêt de l'artiste pour le Maroc et sa culture quotidienne que Josep Ma Cadena voit d'un œil de critique averti : «Le souk est la grande scène de la vie sociale arabe. Lluis Ribas l'a visité de fond en comble lors de ses nombreux voyages au Maroc et il en connaît l'essence, présente aussi bien dans les différentes villes que dans les petits villages. Voilà pourquoi, quand il peint des marchands dans leurs boutiques, des vendeuses de pains, des vieillards qui se reposent sur un banc adossé à un mur chaulé, des enfants au regard plein de curiosité, il ne verse pas dans le folklore et n'a pas de visions purement anthropologiques.

Ses personnages croissent de l'intérieur de manière naturelle comme une grappe de raisin qui mûrit au soleil...». M.Cabena insiste également sur le fait que l'attirance du peintre pour les ambiances populaires marocaines ne provient pas de l'exotisme qui se dégage des lieux ou des personnages, mais cet attachement a pour objectif d'expliquer des parcelles de la société arabe qui, dans leur ensemble, constituent la manière d'être d'un peuple, à la fois riche et complexe.

L'exposition de Lluis Ribas se poursuivra jusqu'au 26 novembre
Copyright Groupe le Matin © 2024