Spécial Marche verte

Le Petit Robert 2006 souligne les emprunts entre les langues

04 Septembre 2005 À 15:00

Reflet de l'époque, le dictionnaire Le Petit Robert 2006, en librairie depuis jeudi en France et dans les autres pays francophones, met l'accent sur l'étymologie des mots et les emprunts qui ont toujours existé entre les langues.
Tiré pour le seul marché français à 200.000 exemplaires, Le Petit Robert de la langue française (2.950 pages) comprend 60.000 mots et 300.000 sens et nuances.

Pour le linguiste Alain Rey, directeur du dictionnaire, la société rêve actuellement d'un retour aux sources et l'étymologie peut aider dans cette quête identitaire.

Avec son équipe, il aborde, dans 650 encadrés étymologiques, la participation du français à l'enrichissement lexical des langues européennes : "comme toute langue vivante, le français s'enrichit en effectuant des emprunts lexicaux à d'autres langues.

Ce que l'on sait moins, c'est que le phénomène inverse, les emprunts faits au français, est également abondamment attesté", selon le dictionnaire.

Cet apport du français est considérable en anglais, non négligeable en italien et en allemand, moins important en espagnol, portugais ou néerlandais. "Les mots anglais "space", "error", "colour", "beauty", "circle", "language", "lesson", "music", "tailor" laissent aisément percevoir les mots français dont ils proviennent", selon l'ouvrage qui cite d'autres exemples: "vendange" et "vintage", "faillir" et "to fail", "aliéné" et "alien".

Les Français de la Renaissance s'élevaient contre l'italianisation de leur langue, ceux d'aujourd'hui s'inquiètent des anglicismes: le phénomène des emprunts concerne toutes les langues et le français participe largement à cet échange culturel, note le dictionnaire.
Les mots nouveaux sont, sans surprise, issus des nouvelles technologies, des sciences ou des loisirs (notamment gastronomie) comme "antirétroviral", "blog", "brevetabilité", "cancéropôle", "collector", "écotourisme", "minivirus", "minispace", "miso" (pâte de soja fermentée), "pancetta", "parodontie", "picodon" (fromage de chèvre), "plancha", "quinzomadaire", "shiatsu" (technique de massage japonaise), "téléboutique" ou "TNT". On trouve aussi "investiguer", "islamité", "microcrédit" ou "relocaliser".
Parmi les personnalités qui entrent dans Le Petit Robert des noms propres (2.396 pages, tiré à 120.000 exemplaires) : Benoît XVI, Claude Lanzmann, David Lodge, Amin Maalouf, Michael Moore, Mahmoud Abbas, tous les nouxeaux prix Nobel, etc.

Une rubrique étymologique, éclairant la signification des noms propres quand c'est possible, accompagne plus de 10.000 articles : "Mohawks" vient d'un mot indien qui signifie "Ils mangent des choses vivantes" et "Almodovar" (comme Pedro, le cinéaste espagnol) vient de l'arabe "al-mudawwar" qui veut dire "le rond, le gros" : il est possible d'y voir une allusion à une colline ou un champ.

Le best-seller des dictionnaires français reste le Petit Larousse (groupe Hachette), ouvrage encyclopédique qui se vend chaque année à plus ou moins 1 million d'exemplaires. Il n'est pas directement concurrent du Petit Robert (groupe Editis) qui, lui, décrit davantage le monde de la langue que celui des choses.
Copyright Groupe le Matin © 2025