Le réalisme des Egyptiens a prévalu
LE MATIN
10 Novembre 2005
À 16:10
Le public rajaoui a été meurtri par la déception après une défaite qui aurait été une victoire avec un minimum de lucidité face à des Egyptiens qui n'étaient nullement une foudre de guerre. Ils ont glané une victoire sans avoir à cravacher dur, avantagés, répétons-le, par l'affolement des Casablancais qui furent incapables de rattraper le retard du premier but, 90 mn durant, avant d'encaisser un second venu également sur un contre dans le temps mort du match.
En effet, les visiteurs ont ouvert la marque, contre le cours du jeu, prématurément, à la 3e mn, au terme d'un contre éclair, entaché d'un hors jeu douteux, et une ultime passe vers Mustapha Jaafar qui se présenta devant Chadli et mit dans un trou de souris.
Le coup était d'autant plus dur à encaisser car juste avant, Alloudi a dilapidé une opportunité franche de scorer, surpris, avouons-le, par un ballon qui a pris beaucoup d'effet. Solidarité oblige, le public des FAR rejoignit celui du Raja afin soutenir ensembles des joueurs visiblement refroidis par le but. Le Raja va retrouver son punch pour peser de tout son poids sur l'adversaire qui ne trouva autre solution que de se replier en défense.
Mais c'était sans compter sur l'excès de zèle de l'arbitre algérien, prompt à dégainer, pour brandir à trois reprises le carton à l'attention des Rajaouis en l'espace de 5 mn (Zerouali, Fofana, Abdelouahed). Les diables verts vont ainsi tempérer leur ardeur mais sans jamais concéder le terrain à leurs vis-à-vis. A son tour, Fofana rata incroyablement le but ( 14e), imité par Zemmama qui visa les projecteurs (16e). Ce dernier sera toutefois malheureux sur un tir qui percuta le poteau, le ballon revient à Maiga qui cracha tout simplement sur le but (25e).
Domination territoriale des Marocains mais manque d'efficacité criard. Les Egyptiens concédaient beaucoup de terrain mais réussissaient un marquage individuel strict, privant du ballon la ligne d'attaque rajaouie obligée parfois de se replier pour s'approvisionner mais sans faire cependant bon usage du cuir. La tension montait crescendo jusqu'au divorce des fans militaires et casablancais qui s'adonnèrent à un spectcale désolant d'échange de brimades et d'injures.
La monopolisation du ballon par le Rajaouis n'enthousiasmait plus leurs supporters qui réclamaient plutôt le but. Le vœu aurait été exaucé sans la cécité du référé quand Abdelouahed a été retenu par le maillot en pleine surface de réparation (45e). Du retour des vestiaires, le raja se lança de nouveau à l'assaut de la cage égyptienne, passant tout prêt de l'égalisation par Maiga (48e). Reprise tonitruante avec une volonté farouche de forcer le score.
Mais fallait-il encore avoir la lucidité requise. L'étau se refermait certes, mais sans visibilité vu que les Rajaouis n'arrivaient pas à résoudre l'équation qui se résumait pourtant à une seule inconnue : déjouer la vigilance de la défense des pharaons. Pour cela, l'entraîneur Sellami incorpora son joker, Mohcine Yajor, à la place de Fofana (55è). Malchance, ou plutôt injustice de l'arbitre, Abdelouahed est expulsé après un second carton, le moins que l'on puisse dire, fantaisiste. Puis, c'est Bendamou qui releva Maiga. La triplette Yajor, Alloudi et Ben Damou devaient normalement casser la baraque. En vain. Le Raja demeurait impuissant face à une tactique ultra défensive des visiteurs, qui ont laissé en embuscade deux super soniques.
L'acide lactique commençait à faire du sien chez des Casablancais qui payaient là le tribut de la débauche d'énergie livrée depuis plus d'une heure dans l'espoir de remettre les pendules à l'heure. La nervosité sur les gradins céda subitement la place à la liesse quand l'arbitre brandit le carton rouge sous le nez du meneur de jeu égyptien, Tarek Essayed (65e). Une occasion inespérée pour pouvoir repartir sur de bonnes bases. Mais la fraîcheur physique était devenue déterminante à partir de cet instant. Les visiteurs pouvaient enfin tirer bénéfice de leur repos dû à leur cantonnement en défense durant la majeur partie de la rencontre.
Yajor et Bendamou restaient timides car non approvisionnés par une ligne médiane éreintée. Le temps s'égrenait dangereusement et rien ne présageait d'un miracle. Dans un sursaut d'orgueil, Daoudi, l'homme du match, effectua une incursion en force mais échoue au moment de la conclusion (80e). Le cœur y était toujours mais les jambes ne suivaient plus. Chadli sauva le but une première fois (86è), mais se contentera de suivre des yeux le ballon que Abdelhakim Ali mit dans les filets après un contre à trois contre trois. C'était au temps mort. Echec et mat.
Cet écueil pose plus d'une question quant au devenir du Raja dans cette compétition arabe très lucrative qui se présentait pourtant comme une opportunité afin de laver l'affront après de l'éviction de la Champion's leader. Gill Gérard, le coach français pressenti pour prendre les destinées de l'équipe pourra t-il redonner aux diables leur mordant d'antan ? Attendons pour voir.