Les Banlieues en France se calment un peu
AFP
09 Novembre 2005
À 15:07
Les violences urbaines en France ont baissé d'un cran, notamment en province, dans la nuit de mardi à mercredi, la 13e consécutive à connaître des troubles et la première durant laquelle des communes ont appliqué un couvre-feu.
Au total, 617 véhicules ont été incendiés au plan national, une baisse de 47% par rapport à la nuit précédente, a fait savoir le ministère de l'Intérieur.
La baisse est plus marquée en province (467 contre 933) qu'en Ile-de-France (150 contre 240).
Le nombre de communes touchées par les troubles est également en recul (196 contre 226).
Celui de personnes interpellées est, lui aussi, moindre et s'est établi à 280 contre 330 la veille pour l'ensemble de la France. Un policier a été blessé mais il y a eu beaucoup moins d'affrontements entre délinquants et forces de l'ordre, a-t-on ajouté au ministère de l'Intérieur.
Mardi en fin de journée, plusieurs communes avaient annoncé leur intention d'instaurer un couvre-feu, en vertu du décret sur l'état d'urgence adopté en conseil des ministres et publié au Journal officiel mercredi. Cette mesure exceptionnelle de maintien de l'ordre, instaurée par la loi du 3 avril 1955, durant la guerre d'Algérie, n'avait jamais été utilisée en France métropolitaine depuis lors. Elle est valable pour douze jours. Les mineurs ont désormais interdiction de circuler non accompagnés la nuit à Amiens et dans une trentaine de communes environnantes, à Orléans, et dans la banlieue parisienne à Savigny-sur-Orge (Essonne) ou Elancourt (Yvelines).
Dans certains cas, la vente de carburant aux mineurs a été interdite. D'après un sondage de l'institut CSA que publie Le Parisien, près de trois Français sur quatre sont favorables à l'autorisation donnée aux préfets de décréter un couvre-feu dans les quartiers défavorisés pour mettre fin aux violences. Sur 805 personnes interrogées mardi par téléphone, 73% se disent favorables à une telle mesure et 58% sont scandalisées par ce qui se passe actuellement dans les banlieues.
Au nombre des incidents signalés en province mardi soir et dans la nuit, neuf bus ont été incendiés dans un entrepôt à Dole, dans le Jura.
A Bassens, dans la banlieue de Bordeaux, un autobus fonctionnant au GPL et circulant à vide a été incendié et a explosé. A Nice, un homme de 53 ans qui marchait dans le quartier de Saint-Augustin a reçu sur la tête un haltère jeté du quinzième étage d'un immeuble. Il a été hospitalisé dans un état grave.
A Arras, ville du Pas-de-Calais relativement épargnée par les troubles jusqu'à présent, deux magasins ont été incendiés après avoir été pillés. Une entreprise et une salle des fêtes ont brûlé. A Grasse, dans les Alpes-Maritimes, les locaux du quotidien Nice-Matin ont été la cible d'un incendie et ont subi des dégâts importants. Quatre personnes ont été vues prenant la fuite.
A Lyon, des journalistes russes ont été molestés par des délinquants. Un engin incendiaire a été lancé contre une rame du métro, et le trafic des métros a été interrompu. Dans la banlieue de Toulouse, où Nicolas Sarkozy s'est rendu mardi soir, des dizaines de jeunes ont lancé des pierres et des cocktails Molotov en direction des forces de l'ordre dans le quartier de la Reynerie, proche de celui du Mirail placé sous haute surveillance depuis plusieurs jours. Dix-huit voitures ont été incendiées, a-t-on appris de source policière.
Face à 80 policiers, gendarmes et pompiers réunis à la Direction départementale de la sécurité publique, le ministre de l'Intérieur a promis que la «force légale de la République» l'emporterait sur «la force brutale des bandes».
La vague de violences est partie de Clichy-sous-Bois jeudi 27 octobre après la mort de deux adolescents, électrocutés dans un transformateur EDF alors qu'ils se croyaient poursuivis par des policiers.