Spécial Marche verte

Les Eglises reconnues officiellement rejettent le prosélytisme : Le Maroc cible des missionnaires évangélistes

Attention, on christianise au Maroc. Le pays est devenu ces deux dernières années une cible privilégiée des missionnaires de tout bord (américains, suisses, britanniques, allemands, français etc.). A en croire certains propos alarmistes, il y aurait 40.00

15 Mars 2005 À 17:52

Loin de la controverse des chiffres, le débat sur ce phénomène reviendrait à dire que ces Marocains chrétiens sont bel et bien parmi nous. Que faire devant un tel phénomène ? Comment l'enrayer ?
Ce sont là autant de questions que les sphères marocaines se posent surtout que les missionnaires clandestins ne sont pas prêts d'arrêter leurs efforts souterrains.

Selon une source digne de foi, qui a préféré garder l'anonymat, les évangélistes s'activent surtout dans des zones les plus reculées où le taux de pauvreté atteint parfois la barre des 36 %. Ils sont, en outre, aidés par des chaînes satellitaires employant des marocains soit-disant convertis.
Ces groupes clandestins se déguisent souvent en hommes d'affaires ou en patrons d'ONG, leur action humanitaire est assujettie à l'action religieuse.

Il y a quelques mois, le groupe du parti de l'Istiqlal au sein du Parlement a interpellé, Ahmed Taouifiq, ministre des Habous et des affaires islamiques, lors d'une séance de questions orales au Parlement. A la surprise générale, Ahmed Taouifiq a esquivé la question.

C'est sans doute là que réside la différence avec d'autres pays. En Indonésie, certaines régions, touchées de plein fouet par la catastrophe de Tsunami, avaient refusé l'aide humanitaire de certaines associations caritatives qui faisaient du prosélytisme.
Aujourd'hui, les autorités marocaines observent le silence radio comme si de rien n'était alors que les Eglises reconnues officiellement regrettent ces actions souterraines menées par les missionnaires des églises évangélistes.
La Position des Eglises
Le Pasteur, Jean-Luc Blanc, assure que parmi les 800 personnes évangélisées, aucune ne fréquente les Eglises.

Ces néo-protestants évangéliques marocains, dit-il, se sont convertis par le biais d'autres Marocains qui ont quitté l'Islam pour le christianisme au cours de leur séjour en Europe ou aux Etats-Unis.
«Notre préoccupation, c'est la cohabitation entre l'Islam et le christianisme ici et ailleurs. Notre Eglise a toujours refusé de faire du prosélytisme par respect à la loi du pays» précise Jean-Luc Blanc. Il affirme également ignorer tout des activités des missionnaires. «Nous n'avons aucun contact avec ces gens qui se méfient même de nous «.
Le pasteur Jean-Luc Blanc, même s'il regrette la question du prosélytisme souterrain, défend la liberté de conscience, principe fondamental de la déclaration des droits de l'Homme, ratifiée par l'ensemble des pays y compris le Maroc.

Un avis partagé par Karen Thomas Smith, l'un des cinq pasteurs américains officiellement enregistrés au Maroc.
«Il est tout à fait normal que chaque personne cherche sa voie spirituelle» affirme-t-elle.

En revanche, elle rejette le prosélytisme et qualifie le nombre de 40.000 convertis d'exagéré. «Je pense qu'on a surestimé le nombre de convertis et sous-estimé le nombre de missionnaires» précise-t-elle.

En plus de cette question du prosélytisme, Karen Thomas Smith se dit troublée par les liens qu'entretient le gouvernement marocain avec les évangélistes américains traités comme s'ils représentent l'Eglise de l'Etat américain, Or, ils ne représentent qu'une partie de ce peuple.

Même son de cloche du côté de l'Eglise catholique. Jacques Levrat, prêtre et membre du Groupe de recherche islamo-chrétien (GRIC) souligne qu'aucune personne n'a le droit de faire pression sur d'autres personnes pour leur faire changer de religion en exploitant leur faiblesse et leur besoin.
«Ce n'est pas les hommes qui convertissent, mais Dieu» souligne le père Levrat qui reconnaît effectivement l'existence au sein de l'Eglise protestante de certains courants qui se croient en terre non conquise, et par conséquent font du prosélytisme.

Qui sont ces convertis
Ils ont entre 18 et 34 ans. Certains d'entre eux se déplacent entre le Maroc et l'étranger. D'autres détiennent des petits commerces ou sont fonctionnaires. Loin de faire trop de bruit, ces nouveaux chrétiens du Maroc sont très discrets. Ils ne fréquentent que rarement les Eglises probablement pour ne pas être stigmatisés. Selon nos informations, ces néo-protestants marocains pratiquent dans des églises maisons même si la loi marocaine n'interdit pas l'accès aux Eglises.

Toujours selon les informations recueillies auprès de certains convertis, ils avaient été de bons musulmans avant de changer de camps. Jean-Luc Blanc affirme que la majorité d'entre eux ont été convertis lors de leurs séjours en Europe ou aux Etats-Unis.

Ces Marocains qui ont quitté l'Islam pour le christianisme se disent être une communauté chrétienne marocaine. A en croire l'un d'eux, leur nombre a doublé depuis l'an 2000. Ils seraient environ 800 actuellement. A la surprise générale, ces gens rejettent l'idée d'être des apostats. Ils affirment avoir découvert un autre visage de Dieu.
Copyright Groupe le Matin © 2025