Les FAR en fanfare
LE MATIN
19 Décembre 2005
À 15:42
Le sommet a tenu toutes ses promesses : une bonne organisation, un grand public, un bon football et surtout du fair-play à revendre. On ne pouvait espérer mieux au vu des précédents face-à-face rbatis-casablancais.
Techniquement, le Raja a été le grand perdant. Et pourtant, il pouvait aspirer à la parité, voire à la victoire s'il avait su gérer la partie quand il s'était retrouvé en supériorité numérique après l'expulsion fantaisiste du capitaine miliaire, Ouchla.
Fin dribbleur sur le terrain, le feu follet rajaoui, Bouchaib Lembarki, a été direct, trop même, dans sa déclaration en fin de match : « La victoire des FAR est méritée. Je profite de l'occasion pour lancer un appel à certains joueurs pour dire qu'ils doivent se remettre en question ». Vlan ! Un index accusateur vers certains coéquipiers qui ne mouillent pas assez le maillot et qui manquent de sérénité.
L'entraîneur Jamal Sellami, lui, parle plutôt de manque de concentration. Autant dire que les cordes des Rajaouis étaient tout sauf accordées. Ils l'ont démontré également dans l'arène.
Et pourtant, ils ont bien entamé la partie. Mais ils ont eu le malheur de tomber sur des militaires gonflés à bloc, soutenus par près de 35.000 gorges, s'égosillant en leur faveur. Le marquage individuel appliqué sur Lembarki par une sangsue appelée Ouchla et sur Modibo par Serraj, a quelque peu faussé les cartes de Sellami. Seul Alloudi a été moins marqué de près, ce qui lui permit d'effectuer des incursions dangereuses. Face au jeu collectif des locaux, les visiteurs péchaient par individualisme stérile.
La sentence tomba tout logiquement. Kaddioui prit son temps pour armer et décrocher un tir des 20 m, le ballon percuta le poteau et revint vers Benkassou qui remit tranquillement dans les filets (9e).
Le public de la «Magana» (tableau électronique) explosa, saluant le but, hystériquement. Un but prématuré qui devait relancer davantage le match du fait que le Raja était condamné à avancer davantage ses pions.
Ce fut le cas et les militaires sont bousculés et repoussés souvent à leurs derniers retranchements.
Il fallait une sacrée débauche d'énergie et de génie pour endiguer la furia d'une ligne d'attaque verte conduite par deux diables appelés Lembarki et Alloudi. A la suite de son énième rush, le Raja passa tout près de l'égalisation par l'entremise de son increvable maestro, Daoudi, qui effectua un long slalom avant d'échouer de justesse devant le gardien Tarek Jermouni (19e). Les FAR débrayèrent et érigèrent une double muraille tout en se portant sporadiquement en avant. Le match perdait de son intensité. Les erreurs de l'arbitre en un laps de temps menaçaient de faire chavirer un match jusque-là très fair-play. Le Raja passa une seconde fois à côté de la parité suite à un heading à bout portant de Alloudi, sauvé miraculeusement par Jermouni.
Le corner résultant a failli donner l'égalisation. La machine rajaouie a retrouvé sa carburation optimale, ce qui n'a pas échappé à ses 5.000 fans, confiants, qui donnèrent enfin de la voix. Coup de théâtre, M. Khalid Rouissi brandit le carton rouge à l'attention du capitaine Ouchla (43e). Une expulsion pour un présumé coup de coude que seul l'arbitre avait vu. L'infériorité numérique n'aura aucun effet sur le rendement des militaires. Bien au contraire, Kaddioui aurait ajouté le second but, n'était-ce le métier d'un grand gardien appelé Chadli, l'éternel oublié de l'équipe nationale.
Dès l'entame du second half, le libero Misbah écopa d'un carton jaune. De mauvais augure effectivement, car 5 minutes après, Kaddioui eut le fer en l'air en pleine surface de réparation. Il avait cherché la faute que lui concéda Mehdi Azouar. L'arbitre désigna le point du penalty sous la protestation des «Diables Verts».
Ajedou le transforma magistralement, faisant exploser un tonnerre assourdissant. Ecœuré, le public rajaoui s'en prend aux sièges qu'il catapulta sur les têtes des spectateurs avant de les balancer en dehors du stade avec tout le risque de blesser les resquilleurs qui attendaient l'ouverture des portes.
Inacceptable ! Et comme un malheur n'arrive jamais seul, Alloudi est blessé et remplacé par Mohcine Iajor. Ce dernier n'aura rien à se mettre sous la dent car ceinturé par ses anges gardiens. Le Raja ne pouvait compter que sur les tirs lointains et sur les balles arrêtées. Il n'en aura que deux, sauvés difficilement par Jermouni, œuvre de Mesloub et Zemmama.
Et c'est au moment où le Raja a établi sa domination territoriale qu'il est surpris par l'arbitre qui expulsa Misbah pour cumul de cartons (62e). A son tour, Mesloub céda sa place à Souleimani. Vidée de certains éléments clés, la machine casablancaise toussait par intermittence et d'aucuns se demandaient alors comment elle pouvait renverser la vapeur et marquer un but. En un mot, les dés étaient jetés, pour de bon.
Dans les vestiaires rajaouis, les Casablancais, joueurs et accompagnateurs, avaient une mine d'enterrement.
Une victoire aurait été bonne pour le moral à la veille du départ au Koweït pour affronter le Qadissia local, au titre de la Coupe arabe des clubs champions.
Parions tout de même que les artistes nous vaudront beaucoup de satisfaction. Espérons que la défaite contre les FAR sera vite oubliée car le football est ainsi fait, comme n'a cessé de ressasser Sellami, l'entraîneur casablancais qui cédera dès ce lundi sa place au nouveau-ex coach, Oscar Fullone.