Les filles de Lalla Mennana en représentation à Casablanca
Les filles de Lalla Mannana est la première pièce de Tacon (talon aiguille en espagnol), une toute nouvelle troupe de théâtre 100 % féminine, de la costumière à l'auteur du texte. Il s'agit d'une adaptation d'un texte de Bernarda Alba, en l'occurrence “La
25 Octobre 2005
À 13:31
La pièce de Lorca date de 1936 et dépeignait l'Espagne conservatrice de l'époque. Elle est toujours d'actualité dans le Maroc d'aujourd'hui, tel qu'il est encore vécu dans certaines contrées. La pièce relate donc l'histoire d'une famille marocaine très conservatrice qui habite dans un village du Nord du Maroc où les habitants sont restés intolérants aux relations homme-femme en dehors des liens du mariage.
Dirigée d'une main de fer par "Lalla Mennana”, la mère, cette famille se compose uniquement de femmes. La mère, les filles et la servante sont isolées de tout contact et particulièrement de celui des hommes. Mais un jour, le mode de vie de cette petite communauté très rigide se trouve perturbé par la venue d'un beau jeune homme au village.
Celui-ci vient demander la main de la plus âgée des filles, fruit d'une liaison entre Lalla Mennana et un Espagnol. C'est alors que cet événement transforme la maison en une arène où le combat bat son plein entre les filles, qui s'amourachent toutes de ce bel homme et décident de le séduire en même temps. Les héroïnes frustrées par leur propre mère qui, elle-même, a subi les affres des médisances de son entourage, entameront ainsi une révolte qui sera conduite par la plus jeune sœur.
Adaptée et mise en scène par Samia Akariou, cette pièce met donc en jeu six comédiennes. Nora Skali, Saâdia Ladib, Saâdia Azkoun, Hind Saâdidi, Nadia Alami et Samia Akariou. Le dialogue de cette pièce porte également la signature d'une femme, Nora Skali, tout comme la scénographie et les costumes signés Rafika Benmoumen.
Pièce contre l'internement de la femme, " La Casa de Bernarda Alba” de Frédérico Garcia Lorca fait triompher l'émancipation féminine. Or, le Maroc a franchi à cet égard un pas historique. Dans les "Filles de Lalla Mennana ”, les filles cloîtrées par leur mère tyrannique pour les mettre soi-disant à l'abri des hommes finissent par se révolter contre l'ordre établi et par conséquent recouvrer leur liberté. Dans cette adaptation de " La Casa de Bernarda Alba ”, la troupe " Takoon ” a pris ses distances avec l'esprit tragique en privilégiant le côté humoristique.
Le monde de Lorca étant universel et très proche de la réalité socio-culturelle marocaine, cela a permis aux comédiennes de s'approprier aisément les différents personnages. Leur performance tient aussi au fait que la pièce traite exclusivement du monde des femmes, de leurs appréhensions et de leur statut dans une société de non-dits gouvernée par la honte et le poids des traditions. Casablanca, le 26 et 27 octobre, au Mégarama à 21 h 00