Lotfi Hicham, le libéro élégant
LE MATIN
12 Décembre 2005
À 15:32
Parmi la génération des joueurs ayant fait leurs classes au DHJ, figure notamment Lotfi Hicham qu'on surnommait, «la muraille solide» ou «le libéro élégant».
Lotfi est né le 19 octobre 1972. Il a commencé, dès son tendre âge, à taper dans un ballon. Et, très vite, il intégra l'école du DHJ. «Vous ne pouvez pas imaginer comme j'étais heureux quand j'ai fait mes débuts avec les pupilles du Difaâ en 1982. J'avais trouvé toutes mes sensations grâce au savoir-faire des grands encadreurs Boujidane, Mouttaki, Rihani, Ben Birji, Maârouf, Chérif et l'entraîneur Bihi. C'est pourquoi je m'empressais chaque jour de rejoindre le stade El Abdi où ont été formés de grands et talentueux joueurs du DHJ».
Lotfi était de forte carrure, élégant et plein d'imagination. Il avait tout ce que l'on demandait à un libéro sauf malheureusement la chance car certains ont tout fait pour lui barricader la route, vu que son oncle maternel est feu Lyazid Chergui.
Même si ses débuts footballistiques n'avaient pas été faciles à cause de «l'infantilisme» de certains éducateurs, il a pu devenir l'un des joueurs titulaires de l'équipe nationale (cadets 1987-Juniors 1988,1989 et 1990). Et ce, grâce à sa persévérance, sa volonté ferme et son don inné.
En 1990, il arracha le billet de titulaire dans l'équipe senior du DHJ malgré l'entêtement débile de certains qui voulaient à tout prix faire du mal à feu Lyazid Chergui en oppressant Lotfi par tous les moyens. Heureusement, à cette époque, il y avait à El Jadida un gouverneur qui était rallié à la cause du DHJ, M. Farid El Ouarrak, qui était intervenu pour mettre fin à cet infantilisme.
Ainsi Lotfi a-t-il impressionné même ses adversaires. Il devint alors la clé de voûte de la défense jdidie à laquelle il apportait rigueur et stabilité. Il était pratiquement impassable d'homme à homme à tel point qu'on le surnommait «la muraille solide» étant donné que sa masse athlétique et sa forte corpulence étaient impressionnantes.
Et comme il tenait sa partition avec brio, il fut appelé en équipe nationale Seniors entre 1992 et 1994. Mais il resta fidèle à sa devise : «le sérieux et la modestie». Ainsi son talent a nettement été poussé vers l'avant au fil des temps. Il devint donc de plus en plus un libéro robuste, intraitable et irrésistible dans le jeu de tête (meilleur libéro au Maroc en 1993-1998).
Lotfi, la muraille infranchissable, se manifestait au moment crucial. On le retrouvait également en milieu de terrain et sur les ailes, ou en attaque grâce à sa vitesse de base pour briser le schéma tactique de l'équipe.
«Nous nous préparions durement pour vaincre et convaincre. C'est pourquoi nous étions à tout moment en train de chercher sans cesse des moyens pour atteindre la perfection.
C'était évidemment le fruit d'un travail sérieux que j'avais acquis et que j'avais perfectionné vu la rage qui m'envahissait à chaque fois qu'on me causait des ennuis pour des futilités. Il fallait donc convaincre ou disparaître», souligne Lotfi.
Hicham savait comment allier détermination et conviction pour avoir une technique assez élaborée. Son seul défaut : se mettre en colère quand un adversaire se comportait anti-sportivement avec lui.
Mais il ne sous-estimait jamais ses adversaires et avait beaucoup de respect pour ses dirigeants, ses entraîneurs, ses collègues, le public et les arbitres.
Durant sa carrière, il a inscrit 42 buts entre 1995 et 2003. Ainsi reste-t-il ce joueur séduisant qui jouait avec ses tripes et avec toutes les garanties de solidarité et d'expérience.
Hicham a passé en 1995 au TSC, en 1998 au KACM, en 1999-2000 à Travagliota (Italie), au ASK (Tunisie) en 2002, à Al Nasr Club (Sultanat d'Oman) en 2003 et au Paval (France) en 2004. Mais il avait toujours un penchant au DHJ qu'il adorait et qu'il ne voulait jamais quitter si «les malveillants» ne lui causaient pas des problèmes pour se venger de feu Lyazid Chergui même dans sa tombe oubliant ainsi que le père spirituel du DHJ, Si Lyazid, s'est sacrifié corps et âme pour la gloire du football jdidi en particulier et national en général.
Malgré cette pression, Lotfi n'a jamais baissé les bras car son secret réside dans son amour du football. Par conséquent, on trouve pêle-mêle parmi ses prestations : meilleur libéro (1993 et 1998), championnat national avec KACM (2e place en 1998), international (cadets 1987-Juniors 1988 – Espoirs 1989 – Seniors 1992), participation en Coupe d'Afrique, participation aux éliminatoires de la Coupe du monde et la Coupe du Trône (demi-finaliste avec le DHJ en 1997).
Hicham continue à incarner sur le terrain la grâce et l'élégance, combinant un physique d'athlète avec l'esprit d'un véritable footballeur complet.
D'ailleurs, il est approché, ces derniers jours, par deux grands clubs des Emirats arabes unis dont nous gardons l'anonymat pour l'instant. Mais pourquoi pas le DHJ s'il adorait vraiment son équipe – mère ?
Hicham a bien voulu renforcer cette saison l'effectif du Difaâ pour mettre son expérience au service de son club chéri. Mais on l'a encore rejeté sous prétexte qu'il avait l'intention de faire fuir des joueurs du DHJ vers la Tunisie.
Mais la vraie raison de ce rejet, c'est que certains continuent toujours à s'acharner injustement contre M. Lyazid Chergui même après sa mort. Ce qui est aberrant et inacceptable surtout si l'on sait qu'on a recruté des joueurs plus âgés que lui et moins talentueux. Et dire qu'on pense à restructurer le Difaâ !