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Mondial-2006 - Angleterre-Espagne : Grandes Ligues, petites sélections

09 Septembre 2005 À 15:36

Les sélections d'Angleterre et d'Espagne, deux des trois plus grands championnats d'Europe, ont essuyé mercredi des contre-performances qui risquent de les condamner aux périlleux barrages de qualification au Mondial-2006 de football.

"Saquez (virez) le Suédois", ont chanté les supporteurs anglais en réclamant la tête de Sven Goran Eriksson, dont l'équipe a été battue 1 à 0 à Belfast par l'Irlande du Nord. L'Angleterre doit maintenant gagner ses deux derniers matches, à domicile, contre l'Autriche et... la Pologne. Elle conserve également la possibilité de figurer parmi les deux meilleures deuxièmes et de se qualifier pour l'Allemagne.

Les supporteurs anglais et les tabloïdes ne comprennent pas comment les stars Beckham, Rooney, Lampard, Owen ou Gerrard peuvent perdre face à la 116e équipe du classement FIFA, qui n'avait pas marqué un but à l'Angleterre depuis 1980 et n'avait pas battu les Anglais depuis 1927.

"L'Espagne aux soins intensifs", titre quant à lui le quotidien Sport après le nul concédé par l'Espagne 1-1 contre la Serbie, qui devrait coûter la qualification directe à Raul et sa bande.

"L'Espagne est au football ce que le Titanic est aux bateaux", analyse un éditorialiste de Marca. L'image est bonne.

Anglais et Espagnols peuvent en effet se targuer d'avoir des clubs brillants en Europe et des stars à la pelle. Toutefois, ces clubs des championnats les plus riches du monde (avec celui d'Italie) s'apparentent à des figures de proue d'un bateau - la sélection nationale - en pleine crise.

L'Espagne n'a plus brillé dans une compétition internationale depuis l'Euro-1984 (finale) et n'a pas dépassé les quarts de finale d'un Mondial ou d'un Euro depuis (sans, il est vrai, avoir démérité au Mondial-2002 ou à l'Euro-2000).

La dernière belle prestation de l'Angleterre remonte à ses deux demi-finales perdues aux tirs au but contre l'Allemagne, lors de son Euro en 1996 ou au Mondial italien de 1990 (avec deux bons quarts à l'Euro-2004 et au Mondial-2002).

En bref, les derniers exploits internationaux des uns et des autres remontent à avant l'explosion économique du football, qui a particulièrement bénéficié aux clubs espagnols et anglais. Cinq (Real Madrid, FC Barcelone, Liverpool, Manchester United, Arsenal) des huit premiers clubs de l'indice UEFA sont d'ailleurs hispaniques ou anglais.

"Une erreur de Casillas a remis l'Espagne à un endroit habituel: la déception (...), le découragement ou la démoralisation qui caractérisent la sélection depuis trop longtemps", résume El Pais à propos de son équipe nationale.

José Antonio Camacho, dernier représentant de la "Furia" espagnole, regrettait quand il était sélectionneur que ses joueurs fussent trop habitués à ce que, dans leurs clubs, des vedettes étrangères assument les responsabilités dans les moments importants.

A force d'attirer des vedettes étrangères dans leur championnat, les richissimes clubs anglais et espagnols ont fini par affaiblir le niveau moyen de leurs joueurs nationaux, souvent remplaçants ou peu habitués aux grandes rencontres à l'exception de quelques stars.

A l'inverse, selon le classement FIFA, les deux pays les plus forts en Europe sont aujourd'hui la République tchèque et les Pays-Bas, deux pays dont la plupart des joueurs évoluent à l'étranger comme le Brésil et l'Argentine, les deux premiers pays de l'indice...

S'ils veulent voir leur sélection briller, les supporteurs anglais devraient donc crier dès ce week-end en championnat: "Saquez Drogba, Van Nistelrooy et Henry..."
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