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Moussem régional de l'artisanat : Les exposants affichent une note amère

17 Décembre 2005 À 15:22

Organisé au Complexe de l'artisanat de Casablanca entre le 9 et le 18 décembre, le Moussem régional de l'artisanat n'a pas drainé beaucoup de monde. Sur place, les exposants parlent d'un échec total. Certains même annoncent ouvertement que c'est du gâchis.

Preuve en est que certains préfèrent fermer leurs stands et se tenir au chaud que de s'exposer au froid sans résultat. «J'ai bien fait de rester au lit que de perdre mon temps ici», déclare une exposante. «Nous sommes comme des vieux singes enfermés dans des stands», nous confie M. Bennani, exposant de la ville de Fès. Son déplacement à Casablanca en compagnie de ses deux filles s'avère être un échec. Il n'a pas vu la couleur de l'argent des Casablancais. Il a, en revanche, attrapé la grippe en guise de récompense.

Non loin de l'exposant fassi, une exposante des objets de la céramique vérifie pour la nième fois ses articles. « Les responsables auraient pu faire une campagne publicitaire pour l'événement. Les Casablancais ignorent carrément que pareille exposition se tienne chez eux», affirme avec beaucoup d'amertume l'exposante.

Sans exception, les exposants qui ont pris part à l'événement, se plaignent du manque de communication sur l'événement. «Ces gens nous ont attirés ici dans le seul but de remplir l'espace. La publicité de l'exposition est quasiment absente ; à part le jour de l'inauguration, personne n'a plus parlé de nous. Ils n'ont pas le moindre souci de ce que nous sommes devenus après», exprime avec véhémence un autre exposant.

Dans ce climat de tristesse et de colère, deux vieilles tisserandes se sont réfugiées derrière leurs outils traditionnels. Epuisées par le froid, ces femmes venant d'Azilal ont pleuré les faux espoirs et la maltraitance dont elles ont été victimes. Investissant leurs économies dans ce voyage, Fatima et M'barka, toutes deux responsables de familles, n'ont rien pu vendre. Pis, comme tant d'autres participants, elles passent leurs nuits dans le stand sous le froid et la hantise de la fête du sacrifice qui approche. Les plus chanceux compensent la rude expérience de la journée par une nuit paisible chez des proches casablancais.

Malheureusement, la manifestation a été au-dessous du niveau aspiré en comparaison avec d'autres expositions nationales. «J'ai déjà collaboré avec des structures plus petites que la Chambre d'artisanat de Casablanca, mais elles ont manifesté plus de professionnalisme et de respect à notre égard», nous confie un artisan d'Essaouira. Malgré leur déception, les représentants de l'artisanat national n'ont pas pu plier bagage par peur d'être écartés d'autres manifestations nationales. Certains remplissent la grille des mots fléchés ou comptent les minutes en espérant voir apparaître un groupe de touristes européens.

Par contre, les fonctionnaires du Complexe de l'artisanat de Casablanca travaillent déjà sur d'autres projets abandonnant à leur sort des exposants en grande majorité venus d'ailleurs. Le manque de communication sur l'événement et l'organisation assez moyenne ont fait capoter le Moussem régional d'artisanat de Casablanca. Des erreurs à éviter dans le futur.
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