Nouvelle-Orléans : la décrue a commencé
07 Septembre 2005
À 15:40
L'assèchement par pompes à eau de La Nouvelle-Orléans, dévastée le 29 août par le cyclone Katrina, a débuté mardi tandis que le président George W. Bush annonçait vouloir mener l'enquête sur les défaillances des secours.
"Il y a encore beaucoup d'eau mais au lieu d'avoir 80% de la ville inondée, notre estimation est que 60% de la ville est inondée", a déclaré le maire de La Nouvelle-Orléans, Ray Nagin. "Dans certaines zones où l'eau arrivait au niveau des toits, on commence à voir certaines parties des maisons", a-t-il ajouté.
En confirmant un début d'assèchement, le général Carl Strock, du Génie militaire, a indiqué avoir fait appel à des pompes à haut débit venant d'Allemagne et des Pays-Bas pour accélérer l'opération. "Nous acceptons l'aide internationale dans ce domaine", a-t-il dit.
Selon le maire, il faudra au moins trois semaines pour évacuer l'eau, deux semaines supplémentaires pour nettoyer les débris et de 6 à 8 semaines pour rétablir l'électricité. Selon le général Strock, ces travaux pourraient même prendre "jusqu'à 80 jours dans certaines zones".
A l'issue d'une réunion avec ses principaux ministres, George W. Bush a annoncé qu'il voulait mener une enquête "pour trouver ce qui s'était bien déroulé et ce qui s'était mal passé" dans la gestion de la catastrophe et précisé qu'il envoyait jeudi le vice-président Dick Cheney dans les zones dévastées.
Le Sénat américain, où une première audition est prévue mercredi, a promis de son côté une enquête "juste, constructive" et représentative des deux grands partis américains (républicain et démocrate) sur la réponse insuffisante du gouvernement à la catastrophe.
"Il est nécessaire de poser des questions dures pour comprendre pourquoi les choses se sont si mal déroulées et ce que notre pays doit faire pour améliorer notre capacité de réponse à de futures crises, qu'elles soient provoquées par des catastrophes naturelles ou des attaques terroristes", a affirmé la sénatrice républicaine Susan Collins. Comme lundi, de nombreux habitants des quartiers les moins touchés de La Nouvelle-Orléans ont été autorisés mardi à regagner pour quelques heures leur domicile pour évaluer les dégâts et éventuellement prendre des affaires.
Ces retours provoquent des embouteillages monstres sur l'unique route praticable menant vers la ville. Pour certains, la surprise est bonne. "C'est fantastique", lançait Shaun McCarthy, très ému, en voyant toujours debout la maison dans laquelle il vit depuis son enfance. Plus d'une semaine après le drame, plusieurs pays restent sans nouvelles de leurs ressortissants, notamment la Grande-Bretagne (96 personnes), la France (30 à 40), la Pologne (22), la Norvège (cinq ou six) et l'Espagne (six). Au total, et cette liste comprend principalement des Américains, quelque 94.000 noms ont été inscrits sur le site internet ouvert par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) afin d'aider les familles à reprendre contact avec des rescapés.
Dans les quartiers les plus touchés de La Nouvelle-Orléans, l'ordre du jour est toujours à l'évacuation. De nombreuses personnes qui ont réussi à survivre chez elles pendant la semaine la plus dure refusent cependant de partir : "Je vis ici depuis 26 ans, j'adore cette maison et je sais que quand je reviendrai il n'y aura plus rien", explique une femme d'une soixantaine d'années.
La population de La Nouvelle-Orléans s'élevait avant l'arrivée du cyclone lundi dernier à 485.000 personnes, 1,4 million avec la banlieue.
Plus de 54.000 militaires, dotés de 374 hélicoptères, participent désormais aux secours, selon l'armée américaine.
Le bilan très provisoire des victimes de Katrina s'élevait mardi à 230 morts en Louisiane, Mississippi et Floride, mais certains responsables ont parlé de plus de 10.000 tués.
Plus de 273.000 personnes déplacées sont hébergées dans 16 Etats et deux paquebots de croisière étaient attendus dans les villes côtières de Galveston (Texas) et de Mobile (Alabama) pour accueillir respectivement 2.364 et 1.848 déplacés.
L'aide internationale se poursuit. Des avions militaires et civil français étaient attendus mardi à Little Rock dans l'Arkansas, où ont trouvé refuge 50.000 déplacés, et à Mobile.
Les cours du brut reculaient fortement mardi à New York en début de séance, les infrastructures pétrolières (raffineries et l'oléoduc Colonial Pipeline) dans le Golfe du Mexique reprenant progressivement leurs activités. Néanmoins, la plus grande partie de la Nouvelle-Orléans reste privée d'électricité. Quelque 990.000 foyers n'ont toujours pas de courant en Louisiane et dans le Mississippi.
Le Mississippi a été partiellement rouvert à la navigation, a indiqué mardi un responsable du port de la Nouvelle Orléans. Quelque 60% des céréales américaines passent par les ports de La Nouvelle-Orléans.