Opération de contrôle à blanc des gaz d'échappement : une journée avec la Sûreté nationale et la Gendarmerie Royale
Passer une journée avec des éléments de la police ou de la Gendarmerie Royale permet de mesurer véritablement cette action de sensibilisation entreprise depuis le 7 février dernier par la Fondation Mohammed VI pour la protection de l'environnement. Mettre
LE MATIN
24 Février 2005
À 17:37
A cet effet, la Sûreté nationale et la Gendarmerie Royale sont à pied d'œuvre tout au long de l'axe Kénitra- El Jadida. Le travail est fastidieux, mais les uns et les autres l'accomplissent, avec conscience et professionnalisme. La presse nationale, conviée à assister à cette opération, tout au long de la journée du 23 février, a pu constater ce travail de communication et de sensibilisation mené, de main de maître, par tous ceux qui sont associés à cette opération.
Les vingt analyseurs d'air, répartis entre Kénitra et El Jadida, et qui ont coûté la coquette somme de 80 000 DH pièce et ont été financés grâce à une contribution de la MAMDA, sont supervisés par des agents de la sûreté nationale et de la Gendarmerie Royale qui ont été formés à l'OFPTT. «Ces mêmes agents deviennent, à leur tour, des formateurs», assure-t-on tant du côté de la Fondation que de la police ou de la Gendarmerie.
A Casablanca, quatre analyseurs d'air, se relaient, dans tous les points stratégiques de la capitale économique pour procéder au contrôle à blanc des gaz d'échappement. Au carrefour Ghandi-Yacoub El Mansour, l'analyseur d'air assure pleinement ses fonctions. Un policier demande à un conducteur, choisi au hasard, de s'arrêter. Il lui explique en quoi consiste l'opération de contrôle à blanc. L'opération dure à peine deux minutes. Le policier introduit une sonde dans le pot d'échappement du véhicule et l'analyseur d'air traite l'information. Le policier recueille aussi toutes les données concernant le véhicule et sa date de mise en circulation. Le monoxyde de carbone, le dioxyde de carbone et l'opacité sont analysés. Une fiche est alors imprimée et donne des renseignements fiables sur la teneur en monoxyde de carbone ou l'opacité de tel ou tel véhicule.
Le policier explique alors les résultats de l'analyse au conducteur, attire son attention sur telle ou telle faille dans son moteur ou félicite le conducteur pour le bon entretien de sa voiture. Il lui remet ensuite un dépliant édité par la Fondation Mohammed VI pour la protection de l'environnement accompagné avec les résultats de l'analyse du gaz d'échappement de sa voiture.
Certains véhicules sont des objets mortels ambulants
«On ne peut pas nier que certains véhicules sont parfaitement entretenus et même leur âge ne doit pas influencer sur notre jugement», explique le commandant de la circulation qui supervise l'opération de contrôle à blanc à Casablanca. Une camionnette poussive est alors arrêtée.
L'analyseur d'air émet des résultats catastrophiques. Le gaz émis par ce véhicule dépasse, de loin, les normes acceptées au Maroc et qui sont de 70 %. Elles s'élèvent à 280%. Le véhicule, comme le relève un confrère, est un objet mortel ambulant. L'officier attire l'attention du conducteur sur l'état de son véhicule et sur la nécessité d'entreprendre, le plus tôt possible, les réparations nécessaires. Un taxi blanc, datant des années 80, passe haut la main le contrôle.
A chaque contrôle, le policier consigne sur une feuille tous les paramètres enregistrés et toutes les informations relatives au véhicule. «Ces éléments, explique l'officier de police, sont transmis à la Fondation Mohammed VI pour la protection de l'environnement, qui, à son tour, les confie pour traitement à la Direction des statistiques».
Changement de décor. Nous nous dirigeons vers le rond-point du boulevard de la Résistance. L'analyseur d'air est installé. Les véhicules sont arrêtés pour le contrôle à blanc du gaz d'échappement. Le même scénario se répète. Un policier fait signe à une voiture, un camion, un bus ou à une fourgonnette, de s'arrêter. Il leur explique la teneur de l'opération, décortique pour eux le diagnostic de l'analyseur d'air et leur prodigue des conseils. L'opération se déroule dans une ambiance bon enfant. Le policier n'est plus assimilé à cet agent qui ne fait que verbaliser, dresse des PV ou exige des amendes.
Des enfants et des jeunes s'approchent, curieux de connaître le déroulement de l'opération. Ils veulent aussi avoir une copie du dépliant.
Ainsi, l'appréhension relevée sur les visages de tous les conducteurs interpellés cédait, au fur et à mesure que le policier expliquait l'opération, la place à la satisfaction. «Oui, nous sommes contents d'être contrôlés», «mon véhicule a été contrôlé trop polluant par rapport aux normes, je vais faire le nécessaire pour le réparer», «c'est une excellente opération et nous devons tous y contribuer»… Ce sont là quelques-unes des phrases qui revenaient dans les conversations des usagers de la route à Casablanca. Certains, cependant, évoquent la qualité du combustible, jugé comme l'un des principaux responsables de la pollution.
L'opération de sensibilisation et de communication, entamée depuis deux semaines, pour sensibiliser les conducteurs sur les dangers et les conséquences de la pollution de l'air, semble porter ses fruits. Les Marocains sont conscients des dangers que la pollution atmosphérique fait encourir à leur santé. Tous ceux qui ont été interrogés saluent cette opération et déclarent vouloir contribuer à sa réussite.
Une action de sensibilisation et de communication
A quelques kilomètres de Casablanca, et précisément dans la commune rurale de Aïn Jmel relevant de Had Soualem, des gendarmes exécutent la même opération. Un lieu a été aménagé pour permettre aux véhicules de s'arrêter en toute sécurité. Deux gendarmes font signe au conducteur de s'arrêter. Un autre le salue, lui explique les raisons de cet arrêt «Forcée» et demande les papiers du véhicule. Entre temps, un autre gendarme met la sonde dans le gaz d'échappement et un cinquième introduit les données pour procéder à l'analyse à blanc du gaz d'échappement.
«Nous avons opté pour cinq éléments pour mener à bien cette opération. Quand le véhicule est immobilisé, un seul agent, formé dans ce sens, communique avec le conducteur. Ce choix est dicté par un souci d'efficacité. Quand il y a trop d'interlocuteurs, le conducteur peut se trouver perdu. Et parallèlement à ce contrôle à blanc, nous profitons de l'occasion pour vérifier les papiers du véhicule», assure le commandant Dibyani. Sous l'œil vigilant du colonel Hamdaoui, les gendarmes s'activent.
L'opération dure quelques minutes. Les conducteurs, qui obtiennent les bons résultats, ne cachent pas leur satisfaction. Les autres, et ils sont nombreux, assurent qu'ils vont faire le nécessaire pour se conformer à la législation sur les gaz d'échappement qui devra entrer en vigueur dans quelques mois. «Il faut que les Marocains deviennent plus citoyens. Et c'est notre rôle de contribuer à cette action citoyenne», assure le colonel Hamdaoui qui encourage ses troupes à féliciter les conducteurs qui ne sont pas pris en défaut par l'analyseur d'air. Les autres, ceux qui polluent, sont encouragés à entreprendre le plus tôt possible les réparations nécessaires.
Fédérer et accélérer l'action citoyenne
Inlassablement, les gendarmes sous la houlette de leur commandant répètent l'opération à l'infini. «Nous savons que c'est un travail de très longue haleine, assurent les membres de la Fondation Mohammed VI pour la protection de l'environnement, et nous faisons tout pour mener à bien cette action.