Mondial de l'Automobile 2006

Plus d'un milliard de catholiques attendent de connaître le nouveau Pape

Les 115 cardinaux électeurs entrés lundi après-midi en conclave pour élire un nouveau pape ont assisté, dans la matinée, à une messe "pour l'élection du pontife romain", dans une ambiance de recueillement et de réserve donnant un avant-goût de l'élection

18 Avril 2005 À 16:51

Il n'a été que modérément applaudi lorsqu'il a condamné, dans son homélie, "la dictature du relativisme qui est en train de s'affirmer, qui ne reconnaît rien comme définitif et qui n'a comme dernière mesure que son propre ego et ses désirs." "Avoir une foi claire selon le credo de l'Eglise est souvent étiqueté comme fondamentalisme, alors que le relativisme, c'est-à-dire le fait de se laisser emporter ici et là par n'importe quel vent de doctrine, apparaît comme la seule attitude à la hauteur des temps d'aujourd'hui", a dit le cardinal Ratzinger.
Auparavant, dans une prière en latin, il a demandé à Dieu de donner aux catholiques "un pape accepté pour sa sainteté et entièrement consacré au service de son peuple".

Avec ses 114 pairs, il devait entamer lundi après-midi un huis clos à la durée inconnue pour élire le 265e pape, chef spirituel de plus d'un milliard de catholiques dans le monde.
Conformément à la constitution apostolique "Universi Dominici Gregis" promulguée par Jean Paul II en 1996, les cardinaux doivent procéder à un premier vote dès lundi soir, mais le texte prévoit la possibilité d'un report à mardi. Ce scrutin permettrait aux deux camps, conservateur et progressiste, de mesurer leurs forces respectives.

"Dieu connaît déjà le nom du prochain pape. C'est à nous de trouver qui c'est", a déclaré le cardinal italien Ennio Antonelli à la veille du conclave.
L'élection du successeur de Jean Paul II sera annoncée par une fumée blanche, accompagnée pour la première fois par les cloches de la basilique Saint-Pierre.
A l'instant où les cardinaux ont pénétré dans la basilique, au son des grandes orgues de Saint-Pierre, des dizaines de flashes se sont mis à crépiter.
De nombreux fidèles qui avaient rempli la nef centrale, brandissaient, qui leur appareil photo, qui leur caméra.

A 16H30 (14h30 GMT), sous l'oeil des caméras de la télévision vaticane, les 115 hauts prélats venus de 52 pays devaient se rendre en procession de la salle de la Bénédiction jusqu'à la chapelle Sixtine, où ils feront le serment de tenir secret tout ce qu'ils vivront en conclave.

Le maître des célébrations liturgiques prononcera alors le "extra omnes!" ("dehors tous"), puis les portes se refermeront sur les cardinaux.
La seule manifestation visible de leurs délibérations est la fumée s'échappant deux fois par jour du toit de la chapelle. Elle sera noire en cas de scrutin sans résultat, blanche pour annoncer l'élection d'un nouveau souverain pontife.
Un quorum des deux tiers est nécessaire pour être élu, du moins pour les 33 premiers scrutins (quatre par jour), mais nul n'ose imaginer que le conclave puisse durer aussi longtemps.

Le premier acte public du pape nouvellement élu sera une bénédiction "Urbi et Orbi" (à la ville et au monde) depuis le balcon de la basilique vaticane où il apparaîtra un peu moins d'une heure après la fumée blanche.
Tout est déjà prêt sur ce balcon dont les fenêtres ont déjà été drapées de lourdes tentures de velours cramoisi. Face aux conservateurs rassemblés autour de Mgr Ratzinger, le "grand électeur" représentant les progressistes partisans d'une plus grande collégialité entre le pape et les évêques, est le cardinal italien Carlo Maria Martini, 78 ans.

Mais le nom le plus cité pour devenir pape est celui de son successeur à l'archevêché de Milan le cardinal Dionigi Tettamanzi, 71 ans.
Tous les cardinaux souhaitent une parole forte de l'Eglise sur les questions éthiques, mais les rapports avec les autres religions, le poids diplomatique du Vatican, l'attention portée aux laëcs, le "charisme" du candidat, compteront aussi dans l'élection et laissent la porte ouverte aux surprises.

Le rituel du vote
Les 115 cardinaux électeurs réunis dans la chapelle Sixtine pour élire le prochain pape doivent suivre un rituel de vote à la fois archaïque et d'une grande solennité.

Une fois l'ordre "Extra Omnes" (tous dehors) donné et toutes les personnes extérieures au conclave parties, le cardinal électeur se retrouve enfermé dans la chapelle Sixtine avec ses pairs.
Pour voter, il remplit d'abord un bulletin rectangulaire, portant comme seule mention imprimée "Eligo in Summum Pontificem" (j'élis comme souverain pontife) dans la partie supérieure.

Il marque le nom de son candidat sur la moitié inférieure "d'une écriture non reconnaissable".
Il plie son bulletin et, suivant l'ordre de préséance, se lève et le porte - de manière à ce que le billet reste visible - à l'autel où est placée une urne couverte d'un plateau. Il prononce alors à voix haute le serment suivant: "je prends à témoin le Christ Seigneur qui me jugera, que je donne ma voix à celui que selon Dieu, je juge devoir être élu".
Il dépose son bulletin sur le plateau et le fait glisser dans l'urne, s'incline vers l'autel et retourne à sa place.

Pour ce conclave, une urne a en outre été spécialement prévue pour les cardinaux qui seraient malades et qui, tout en se trouvant au Vatican, ne pourraient pas quitter leur chambre.
Lorsque tous ont voté, un scrutateur agite fortement l'urne pour bien mélanger les bulletins, puis un autre en fait le compte. Si le nombre des bulletins ne correspond pas au nombre des électeurs, ils sont brûlés immédiatement.
Que les scrutateurs constatent une élection ou non, les bulletins et les relevés sont vérifiés par les réviseurs.

En cas de scrutin sans résultat, on procède immédiatement à un deuxième vote.
Puis on brûle les bulletins des deux scrutins ensemble, ainsi que les notes prises par les cardinaux.

Le pape doit être élu à la majorité des deux tiers des cardinaux présents.
Quatre scrutins sont organisés par jour, deux le matin et deux l'après-midi jusqu'à ce qu'un pape soit proclamé.

Après trois journées sans résultat, le scrutin est interrompu pour une journée maximum de prières et d'échanges. Puis les scrutins reprennent par série de sept. Si le blocage persiste après 33 scrutins, les cardinaux peuvent décider une élection à la majorité absolue.
Copyright Groupe le Matin © 2025