Protocole de Kyoto : Bush persiste et signe, mais le débat bat son plein
L'attitude de l'administration Bush, contestant à la fois la justification et le coût économique du protocole de Kyoto, qu'elle a rejeté il y a quatre ans, est de plus en plus critiquée, jusque dans les rangs de sa majorité républicaine.
>"Aucune initia
Et pourtant l'administration continue de refuser de fixer des limites aux émissions de gaz carbonique, principal responsable de l'effet de serre atmosphérique.
M. Bush avait rejeté la ratification de Kyoto dès le début de son premier mandat en 2001, en parfait accord avec le Congrès.
En 1997, le républicain républicain Chuck Hagel et le démocrate Robert Byrd avaient fait voter à l'unanimité du Sénat un texte interdisant au Président de signer un accord qui aurait forcé les Etats-Unis à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, sauf si les pays en développement et la Chine étaient aussi soumis aux mêmes obligations. Or ils en sont exempts.
Le Sénat avait également stipulé que l'accord de Kyoto, conclu en décembre 1997, ne devait pas être "sérieusement préjudiciable à l'économie américaine". Or certaines estimations évaluent à cinq millions d'emplois américains le coût économique de l'application de ce protocole.
Mais l'entrée en vigueur de Kyoto, auquel les Etats-Unis sont le seul pays industrialisé à ne pas adhérer, ainsi que la multiplication des signes de réchauffement climatiques, devraient stimuler le débat, déjà bien entamé, sur les gaz à effet de serre, selon Jeff Fiedler, de l'association écologiste "National Resources Council".
De nombreux Etats américains ont déjà pris des initiatives pour réduire ces gaz dont 21% sont émis par les Etats-Unis, selon une récente étude du Pew Center.
Ce centre indépendant de recherche précise que 18 Etats exigent que les centrales électriques - dont beaucoup brûlent du charbon - produisent une partie de leur électricité avec des sources d'énergie renouvelables.
Le Pew Center souligne aussi "le développement d'une nouvelle tendance importante à des actions régionales contre le réchauffement climatique". Le centre cite ainsi le projet de création d'un marché d'échanges de droits d'émission de gaz carbonique (CO2) par neuf Etats du nord-est et de la côte atlantique, sur le modèle de Kyoto. Un tel système crée un encouragement financier à réduire les émissions polluantes.
La Californie (ouest), Etat le plus peuplé de l'Union, vient quant à elle de décider de partir de 2009, ce qui devrait réduire les émissions de gaz carbonique de 30% en 2016.
Cette volonté d'action se manifeste aussi au Congrès fédéral, où plusieurs sénateurs républicains soutiennent désormais ouvertement le principe de limites fédérales pour les émissions de CO2.
Jeudi, le républicain John McCain et le démocrate Joe Lieberman ont également défendu un projet de loi visant à établir des plafonds pour 80% des émissions polluantes du pays.
Quant au sénateur républicain Chuck Hagel, qui avait milité contre Kyoto, il a lui aussi plaidé jeudi pour de nouvelles actions privées et publiques, impliquant les pays en développement, pour réduire les gaz à effet de serre.