Redéploiement des troupes syriennes au Liban : La tension s'installe entre partisans et opposants à la Syrie
Le Liban a entamé une semaine à haut risque, avec l'appel à des manifestations de rue lundi et mardi par l'opposition et les prosyriens, et en toile de fond un repli des troupes syriennes vers l'est du Liban, dont le coup d'envoi devait être donné lundi à
AFP
07 Mars 2005
À 17:15
Un climat de tension prévalait depuis 48 heures à Beyrouth où des convois de voitures favorables et hostiles au retrait syrien ont sillonné les rues.
Une altercation a opposé dimanche soir partisans et opposants à la présence syrienne et un jeune opposant a été blessé par balle. Pour éviter tout dérapage, opposants et alliés de Damas ont insisté sur le respect du caractère pacifique des manifestations, tandis que l'armée libanais après cet incident.
Le retrait syrien était au menu d'une réunion à Damas des président libanais Emile Lahoud et syrien Bachar al-Assad. Les deux hommes ont entamé lundi en milieu de journée une réunion du Conseil supérieur syro-libanais, pour fixer les modalités et le calendrier du retrait des troupes syriennes stationnées au Liban.
Des fortifications ont été constatées par des correspondants de presse sur la ligne d'Ain Dara, Dahr el Baidar et Hammana, à l'est de laquelle l'armée syrienne doit se replier.Près de 40.000 manifestants, selon la police, étaient rassemblés hier en milieu de journée à l'appel de l'opposition sur la place des Martyrs, brandissant des drapeaux libanais et scandant "La Syrie dehors" et "Souveraineté, indépendance, unité nationale".
Contre-manifestation des pro-syriens
Ce rassemblement intervient trois semaines après l'assassinat le 14 février de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri, dont l'opposition impute la responsabilité au gouvernement libanais prosyrien.
A 12h55, les manifestants ont observé une minute de silence à la mémoire des victimes de l'attentat qui a coûté la vie à 18 personnes, outre Hariri, avant d'entonner l'hymne national.
La sépulture de Hariri sur cette place est devenue un point de ralliement où des milliers de manifestants se réunissent chaque soir. L'opposition a appelé ses partisans à éviter les provocations et à "brandir uniquement des drapeaux libanais et non partisans et à respecter les slogans unitaires".
Des formations alliées de Damas, menées par le Hezbollah, ont appelé à une "manifestation de masse" mardi près de la Maison de l'Onu, dans le centre de Beyrouth, pour "dénoncer la résolution 1559, les ingérences étrangères" et affirmer leur attachement à l'Etat et à la paix civile et exprimer leur reconnaissance à la Syrie.
En annonçant cette manifestation, le chef de la formation chiite radicale Hassan Nasrallah a tenu à souligner qu'elle n'était pas dirigée contre l'opposition et insisté sur son caractère pacifique.
L'opposition libanaise a accueilli favorablement l'appel du Hezbollah à préserver la paix civile et les institutions de l'Etat. Elle a rappelé, dans un communiqué sa volonté de "s'ouvrir à toutes les forces politiques, qui jouissent d'une réelle représentation et ne sont pas soumises aux services de renseignement".
C'est dans le cadre de ce dialogue que deux représentants de l'opposition devaient rencontrer dans l'après-midi cheikh Nasrallah. Alors qu'une semaine est passée depuis la démission du gouvernement Karamé, M. Lahoud a annoncé la tenue mercredi de consultations parlementaires pour la désignation d'un nouveau Premier ministre.
Un quotidien officiel syrien a, par ailleurs, estimé lundi que "les causes réelles pour lesquelles la Syrie est dans le collimateur de Washington" sont liées à la situation en Irak.
"Sous le titre "La Syrie dans le collimateur, pourquoi...?", l'éditorialiste du journal Al Baas, organe du parti au pouvoir en Syrie affirme que "les causes réelles qui poussent l'administration américaine et ses alliés à mettre la Syrie dans le collimateur sont liées à la situation en Irak".
"Malgré son pouvoir, la première puissance mondiale a subi de lourdes pertes en termes politiques aussi bien qu'en hommes et en matériel (en Irak). Elle fait face à une crise aiguë dans ce pays et tente de faire endosser à la Syrie la responsabilité de la crise dans laquelle elle se débat en accusant Damas d'ouvrir ses frontières aux combattants et d'héberger ceux qui les soutiennent", souligne l'éditorialiste.
"En fait, les Etats-Unis veulent que la direction politique syrienne intervienne auprès des forces politiques et tribales opposées à l'occupation américaine pour que celles-ci cessent de s'opposer à cette occupation et mettent ainsi fin à la résistance", poursuit l'éditorialiste.
Il explique enfin que l'autre raison pour laquelle la Syrie est visée est "l'appui qu'elle apporte à la cause palestinienne".