Rénovation d'un joyau de l'architecture mérinide : Salé retrouve sa Medersa
Dans le cadre de l'événement «le mois du patrimoine» pour l'année 2005, la Medersa Al Mariniya, ayant subi des travaux de restauration, a été inaugurée, mardi 19 avril, en présence du ministre de la Culture, Mohamed Achaâri, du Gouverneur de Salé, Mohamed El Hafi, et du Président de l'Association Bouregreg, Noureddine Chmaou.
Une cérémonie qui n'a pas manqué d'attirer un grand nombre de personnalités du monde de la culture et du patrimoine, eu égard à son immense importance dans la sauvegarde de notre mémoire et notre histoire ancestrale. Il en est sorti un petit joyau riche en témoignage à notre civilisation et dont la préservation a suscité de grands d'efforts de la part de l'équipe qui a pris cette responsabilité à sa charge et à sa tête l'architecte urbaniste, Fathallah Debbi.
«Les travaux de la restauration nous ont pris beaucoup plus de temps que prévu, puisqu'au départ il y a eu le diagnostic d'abord, puis les fouilles à travers lesquelles nous avons constaté des traces d'un site archéologique.
Ce qui a retardé un peu les travaux pour cause de vérification des archéologues», a précisé M.Debbi, qui nous a expliqué que la restauration de la Medersa Al Mariniya a porté essentiellement sur la structure en gardant le bâtiment tel qu'il a été construit, sachant, toutefois, qu'il fut l'objet de restaurations antérieures, notamment la réalisation de tirants métalliques pour empêcher l'écartement de la Medersa, du fait qu'elle n'avait pas de constructions voisines pour la soutenir.
«Le second problème auquel nous étions confrontés est celui de mettre le bâtiment hors eau, c'est-à-dire empêcher l'eau de pluie de s'infiltrer puis de remonter comme c'est le cas dans la maçonnerie ancienne. Ce qui abîme le plâtre, le zellige, le bois, entre autres». Donc, le premier objectif de l'équipe ayant collaboré dans la restauration de cette œuvre d'art était de cerner l'eau et de refaire l'étanchéité, tout en plaçant une canalisation tout autour de la Medersa.
L'architecte, Fathallah Debbi a aussi proposé une couverture en Lexan mobile du patio pour arrêter les dommages des intempéries (pluies et soleil ).
«Ce n'est qu'après la concrétisation de ces ouvrages qu'on était tranquille pour entamer les travaux de la restauration. Une opération qui n'était pas aussi simple, car il fallait prendre les choses telles qu'on les a reçues, les améliorer, sans les dénaturer. Ainsi, nous avons travaillé sur des traces existantes, sur des documents et des archives, mais, naturellement, nous ‘avions pas tous les éléments», affirme M. Debbi.
Un travail laborieux. Des résultats surprenants grâce à la main experte des artisans qui maîtrisent les techniques traditionnelles, ainsi que les efforts considérables de tout le groupe ayant collaboré à la réalisation de ce projet, à savoir : L'équipe de maîtrise, l'ingénieur, le conservateur de la Medersa et l'inspecteur des monuments historiques, Mohamed Alaoui.
Ce dernier, qui a à son actif une grande expérience d'une vingtaine d'années, dont seize passées au Sultanat d'Oman, a suivi le projet du point juridique et historique. «La restauration de cette Medersa n'a pas été très simple, à cause du manque de l'archivage monumental. Une lacune dont nous avons tenu compte dans notre procédure en prenant des photos avant et après chaque opération de la restauration», a-t-il expliqué.
L'œuvre achevée permet aux habitants de Salé et les amoureux du patrimoine de (re) découvrir la salle de prière de la Medersa, sa «Koubba», ses inscriptions sur bois, ses peintures, ses frises sculptées et ses légendaires poutres.
Une œuvre magistrale, amoureusement restaurée.
Medersa Mérinide
La Medersa Mérinide de Salé dite d'Abou Al Hassan, construite sous son règne (1331-1342) est l'une des plus petites Medersa du Maroc. L'harmonie de ses décors et ornements font d'elle l'une des merveilles des monuments de l'ère Mérinide.
Conçue et édifiée pour servir comme lieu d'études, d'habitat et de prière pour ses lauréats, elle a rempli pleinement ces fonctions. Mais au début du siècle avec l'aggravation de son état de conservation, la présence des cellules pour étudiants a favorisé son exploitation comme fondouk.
C'est un bâtiment à 3 niveaux sauf au côté Nord où une salle de prières occupe le fond sur toute la hauteur et est couverte d'une Koubba.
L'édifice est élevé à 15 m environ, couvre une superficie de plus ou moins 180 m2 et comprend un patio à ciel ouvert d'à peu près 42 m2 (4.90 x 8.60).