Téléphones portables, sans fil ou écoute-bébé : des ondes à surveiller
AFP
13 Décembre 2005
À 15:20
Les rayonnements des téléphones portables et de leurs stations relais suscitent des craintes, tout comme les lignes de haute tension, mais peu de parents savent que même le système d'écoute à distance qui les rassure sur le sommeil de leur bébé n'est pas à placer trop près de la tête de l'enfant.
«La pollution électromagnétique» émane de nombreux appareils et installations allant du banal sèche-cheveux au plafond rayonnant électrique, en passant par le téléphone sans fil numérique qui «n'est pas inoffensif», selon Michèle Rivasi, présidente du Centre de recherche et d'information indépendantes sur les rayonnement électromagnétiques (Criirem).
Les «écoute-bébés» entraînent aussi un rayonnement qui «n'est pas négligeable», a-t-elle estimé à l'occasion des rencontres parlementaires «Santé et environnement» organisées cette semaine sur le thème «ondes électromagnétiques et santé».
Pour sèche-cheveux, rasoirs électriques, téléviseurs, ordinateurs sans fil et énormément d'autres appareils, le consommateur devrait être informé de la dose d'énergie qu'il absorbe, comme pour les téléphones portables, a-t-elle insisté, regrettant que cette indication ne figure pas sur les emballages de ces autres produits.
Le débit d'absorption spécifique (DAS) ne doit pas dépasser 2 watt par kg (W/kg) chez l'utilisateur. Pour les téléphones mobiles, ce maxima autorisé concerne l'exposition au niveau de la tête, qu'il est conseillé de réduire en utilisant des oreillettes.
Pour les systèmes d'écoute-bébé, le DAS se situe entre O,O1 et 0,08 W/kg, soit moins que pour les systèmes Wifi d'ordinateurs sans fil (0,05 à 1 W/kg), a précisé un chercheur de l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris), René de Seze.
Les radiofréquences émises peuvent avoir une influence sur l'orientation de certaines molécules (eau, protéines...) de notre organisme, elles-mêmes électriquement chargées, et entraîner un échauffement des tissus ou autre réaction physiologique comme une infime transpiration, explique-t-il.
Mais réaction physiologique ne signifie par pour autant danger ou maladie. Ainsi nos yeux captent, grâce à une cascade de réactions au niveau de la rétine, la lumière qui est un rayonnement électromagnétique d'origine naturelle.
Les rayonnements de très basse fréquence (circuits électriques domestiques, lignes haute tension) ont été reconnus en 2001 comme «cancérogènes possibles», a rappelé le directeur du Centre international de recherche sur le cancer (CICR) Peter Boyle.
En ce qui concerne la téléphonie mobile et sa gamme de fréquence (900 à 1.800 megaherz), le seul «impact avéré», selon Martine Hours, responsable d'un rapport publié en juin par l'agence de sécurité environnementale (Afsse devenue depuis l'Afsset), est une augmentation des accidents de la route due à une baisse de vigilance même en cas d'utilisation du kit mains libres.
Pour le reste, on «manque de recul» quant aux effets à long terme. Il existerait un risque accru d'une tumeur bénigne du nerf acoustique et «l'incertitude» subsiste, dit-elle, quant à d'autres risques, les résultats des études s'avérant «contradictoires»ou insuffisants.
Une telle incertitude justifie l'application du «principe de précaution» selon Michèle Rivasi et d'autres responsables associatifs qui reprochent aux autorités d'en rester aux conseils individuels, comme limiter le temps de communication, éviter les zones de mauvaise réception et l'usage du portable par les jeunes enfants.
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Une étude britannique qui fait date
L'étude britannique sur les lignes haute tension et les cas de leucémies chez l'enfant publiée en juin par des chercheurs de l'université d'Oxford a ouvert une «nouvelle époque» dans l'évaluation de ce risque, selon un responsable d'EDF-RTE Jacques Lambrozo.
Portant sur plus de 29.000 enfants souffrant de cancer, dont 9.700 de leucémie, cette étude a montré que le risque de leucémie augmente de 69% pour les enfants dont le domicile se trouvait à moins de 200 mètres des lignes haute tension au moment de leur naissance et de 23% pour ceux domiciliés à une distance située entre 200 et 599 mètres, par rapport à ceux nés à plus de 600 mètres, a rappelé Gerald Draper, principal auteur de ces travaux.
Cette étude ouvre, selon Jacques Lambrozo, une «troisième époque» dans l'évaluation du risque, rappelant aussi une «autre date importante» en 2000, lorsque d'autres travaux avaient montré que le risque de leucémie s'accroît chez l'enfant lorsque le champ magnétique est supérieur ou égal à 0,4 microtesla.
«Entre 200 et 2.000 cas de leucémies infantiles dans le monde entier seraient imputables aux champs magnétiques d'extrêmement basse fréquence chaque année, sur les 11 millions de nouveaux cas de cancers recensés», a-t-il précisé.