Spécial Marche verte

Trois questions à Mme Rachida Laraqui Tazi : "la clé c'est l'education"

06 Avril 2005 À 16:28

Quels-sont les problèmes et les besoins de santé maternelle dans le monde rural?

Malgré les efforts louables consentis dans le domaine de l'alphabétisation, la scolarisation de la petite fille et l'amélioration de la santé, de la mère et de l'enfant, la situation de la femme rurale demeure encore critique. La question demande une plus grande mobilisation de toutes les composantes de la société, car la femme rurale continue à souffrir le plus des effets néfastes de la pauvreté, et de la marginalisation.

Elle est victime de l'exclusion sociale. Le taux d'analphabétisme élevé, le manque de protection sociale et l'éloignement des formations sanitaires sont autant de problèmes que vit la femme dans les zones enclavées. Le monde rural manque encore d'infrastructure de base. Tout cela a des répercussions sur la mortalité maternelle et y contribue. Nous avons constaté cela lors de nos campagnes de sensibilisation.

Malgré le développement des activités en faveur de la protection de la mère et de l'enfant et l'amélioration de l'offre des soins à tous les niveaux de la prise en charge de la femme en âge de procréer, les efforts déployés demeurent insuffisants. Le taux de mortalité maternelle de la femme rurale, malgré une diminution notable, reste assez élevé, il est de 267 décès par 100.000 naissances en comparaison avec l'urbain qui est de 187/10.000. De même que le pourcentage des femmes rurales qui accouchent en milieu surveillé est de 38% par rapport à l'urbain qui est de 83%.

Quelles en sont les causes ?

Il y a des problèmes d'ordre socio-économique et des problèmes d'ordre socio-culturel. Qu'il faut considérer comme un frein au programme et favorisent l'installation et le développement des croyances et attitudes négatives.

A titre d'exemples ils retardent la décision d'aller vers les centres hospitaliers en cas de complications (hémorragie, d'avortements) car ces signes d'alarme sont attribués à des phénomènes épileptiques ou autres, ce qui fausse le diagnostic et entraîne des conséquences souvent fatales. L'ignorance se trouve parmi les premières causes du taux élevé de mortalité maternelle dans le monde rural.

L'autre problème recensé dans ces zones a trait à l'inaccessibilité, le problème de l'enclavement en cas d'évacuation d'une femme enceinte, l'absence de moyens de transport, l'absence de communication et le statut socio-économique très bas de la femme rurale. Le manque de prise de décision en ce qui concerne sa santé: il faut l'accord du mari ou de la belle-mère pour qu'elle puisse accoucher en milieu hospitalier.

Que faut-il faire pour améliorer la situation

L'amélioration de la condition de la femme rurale est une condition sine-qua none pour diminuer le taux de mortalité.
Il faudrait élaborer des services d'éducation pour avoir le soutien des hommes à la notion de santé maternelle, car une meilleure communication entre les couples réduit la mortalité maternelle. Il est indispensable que les hommes assument les responsabilités en matière de maternité sans risque. Aujourd'hui, les questions se rapportant à la santé de la mère et de l'enfant ne sont plus du seul ressort du corps médical, la société civile a un rôle primordial à jouer.

La promotion de la santé de la mère nécessite une mobilisation de tout un chacun. Il faut susciter une mobilisation sociale nationale pour appuyer les structures de prise en charge de la femme en matière de maternité sans risque.

Renforcer les actions d'IFC en milieu rural par une mobilisation active de toutes les potentialités existantes et l'élargissement des d'un partenariat en direction des ONG Il faut développer le rôle des collectivités locales dans le soutien au programme de santé de la mère et de l'enfant.
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