Un département ministériel chargé des sports s'impose avec acuité
D epuis la formation de l'actuel gouvernement , le département de la Jeunesse et des Sports, est sans titulaire. Dans le gouvernement Jettou, la direction Jeunesse a été transformée en Secrétariat d'Etat et confiée à M. El Gahs. La direction Sports a été pratiquement dissoute et aucun responsable n'a été nommé à sa tête. Lors de la candidature du Maroc au Mondial 2010 de football, la FIFA et les interlocuteurs du Maroc dans le monde se sont trouvés contraints de dialoguer avec le Premier ministre lui-même ou avec le président de l'Association Morocco 2010. Cette situation est fort regrettable . Il devient impératif de créer un département officiel chargé des sports.
Un peu d'histoire
Depuis l'indépendance du Maroc en 1956 et jusqu'à la fin du 2e millénaire, notre pays a connu 20 ministres, Secrétaires d'Etat, Directeur et Haut-commissaire à la Jeunesse et aux Sports.
Personnellement, en ma qualité d'ex-chef de service et d'inspecteur de la Jeunesse et des Sports, j'ai collaboré directement, entre autres, avec MM. Ahmed Bensouda, Secrétaire d'Etat, Omar Mezzour, directeur, Housni Benslimane, Haut commissaire, Abdelhadi Boutaleb, ministre, Rachdi Alami, directeur, Abderrahmane El Khatib, ministre et Abdellah Gharnit, directeur. Depuis 1974, deux ministres ont marqué leur passage à la tête de ce département : Dr Mohamed Tahiri Joutei, Secrétaire d'Etat entre 1974 et 1977, et M. Abdellatif Semlali, secrétaire d'Etat puis ministre entre 1981 et 1992. Le premier cité avait eu le mérite de faire réaliser à des architectes et dessinateurs, toutes les maquettes des installations sportives dont le Maroc avait besoin ; le second a doté ce ministère d'une certaine pérennité, puisqu'il est resté à sa tête pendant plus de 10 ans!…
Peu importe, les 20 responsables qui se sont succédé n'ont pas eu toujours la main heureuse.
Les uns relevaient directement du Premier ministre, d'autres étaient placés sous l'autorité hiérarchique soit du ministre de l'Education nationale, soit du ministre de l'Information, d'autres encore partageaient leur temps entre le ministère de la Jeunesse et des Sports et celui du Travail et des Affaires sociales.
Les prérogatives des uns et des autres
Tous les responsables officiels ont toujours défendu leurs prérogatives : le ministre de l'Education nationale n'a jamais voulu se séparer de la direction des Sports scolaires et universitaires.
Et, les Fédérations ont géré les sports civils à leur manière.
Un regroupement des moyens pour atteindre un objectif national global ne serait-il pas plus bénéfique ? La réponse à une telle question mérite réflexion. En effet, qui voudrait lâcher ses attributions pour les confier à d'autres et qui aurait à la fois l'audace et la compétence de regrouper et de diriger tous les secteurs du sport au Maroc : le sport civil, le sport scolaire et universitaire et le sport associatif ?
Il s'agit là d'une décision à prendre par le Gouvernement, en toute lucidité.
La meilleure formule
La meilleure formule consisterait à créer une entité gouvernementale (Haut-Commissariat ou Ministère ou Agence nationale) chargée de la promotion, de l'organisation et de la gestion de tous les sports sans exception. Cette entité placerait sous son autorité tous les moyens existants (infrastructures, écoles et centres d'éducation physique et sportive, budgets, subventions, personnes, projets, etc …). Elle serait l'interlocutrice officielle de tous les partenaires nationaux et internationaux et l'unique responsable devant les pouvoirs exécutif et législatif.
Le choix des dirigeants
Il faudrait d'abord et avant tout, éviter de confier ce département à une personnalité engagée politiquement, c'est-à-dire émanant d'un parti politique. De préférence, il serait judicieux de choisir un technicien de haut niveau qui soit à la fois un spécialiste des milieux sportifs et de leur environnement et un excellent gestionnaire possédant des connaissances et une large expérience administrative et juridique. Ceci sans oublier l'esprit d'ouverture, le sens de l'humain et du social et le tempérament de diplomate.
Ce personnage rarissime serait bien sûr assisté d'une équipe de collaborateurs minutieusement sélectionnés, suffisamment solidaires et totalement engagés dans l'action.
Réveiller les entités qui dorment
Peut-être faudrait-il , à l'occasion, réveiller les entités qui dorment depuis de longues décennies et qui pourraient soutenir efficacement la politique et l'action du nouveau responsable de ce département ministériel.
Je pense notamment au Comité olympique marocain, au comité supérieur des Sports et au conseil national de la Jeunesse et des Sports.
Les fédérations , les ligues et les clubs se mettraient volontairement à la disposition du département des sports avec tout leur savoir-faire et leur abnégation.
* Abderrahmane Tahiri J. H. est ancien membre de l'inspection génrale de la Jeunesse et des Sports
Auteur dramatique et journaliste indépendant.