Fête du Trône 2006

Un pacte de fidélité réciproque

14 Avril 2005 À 22:13

Si la cérémonie de circoncision de Son Altesse Royale le Prince Héritier Moulay El Hassan a commencé, mercredi soir par la visite que S.M. le Roi Mohammed VI a effectuée au mausolée de Moulay Idriss Al Azhar , elle s'est poursuivie hier devant la porte de Bab N'Hass, au Palais Royal, dans une atmosphère d'allégresse avec la traditionnelle cérémonie des offrandes, organisée après la prière d'Al-Asr et présidée par le Souverain.

Aux couleurs vives et fraîches, la capitale spirituelle du Maroc est entrée une nouvelle fois dans l'histoire. Fès la rouge, berceau de la civilisation et joyau universel, abrite un moment significatif, un pan de notre histoire où la circoncision de Son Altesse Royale le Prince Héritier Moulay El Hassan , par ses actes rituels, ses traditions, ses couleurs printanières , ses chants, transforme le destin collectif. L'émotion était à son comble, mercredi soir, lorsqu' apparurent, vêtus du costume national traditionnel, Sa Majesté le Roi et son fils Moulay El Hassan montant la même monture, un cheval blanc , un pur-sang arabe au collier vert brodé.

Soudain, une image avait surgi, qu'un peintre des couleurs et des traits aurait saisie, l'espace d'une geste picturale et homérique qui viendrait immortaliser ainsi la belle fresque offerte aux télévisions du monde mais qui conforte l'ancrage du Royaume du Maroc dans ses traditions millénaires et ses vertus civilisatrices.

A Bab Boujloud, la foule était massée, impatiente mais compassée, une foule bigarrée, mélange de couleurs et d'âges. Associée à l'événement national, elle est devenue partie prenante des étapes cérémoniales qu'elle ne quittera pas : quand le cortège Royal a pris son départ sur la fameuse place décorée et rayonnante de lumières dont la portée dépassait les terrasses et les remparts, c'est un même chœur de vivats et de youyous qui envahit la médina et, au-delà, la ville tout entière.

Le peuple, dans ses composantes diverses, sociales et culturelles, tressaillant de joie et de fierté, accompagnait ainsi son Roi pour le rituel pèlerinage au Mausolée de Moulay Idriss Al Azhar, lui-même fils du fondateur du premier Etat islamique organisé du Maroc. Une joie collective jaillissait ainsi dans la nuit, elle accompagnait Son Altesse Royale le Prince Héritier Moulay El Hassan pour sa première visite à ce lieu de mémoire qui est au Maroc ce que La Mecque est à l'Islam. Et qui ne se limite pas à incarner seulement le tombeau saint du fondateur de la capitale spirituelle, mais demeure un sanctuaire de piété et de dévotion , une source d'inspiration et de courage.
En accomplissant ce rituel, S.A.R. le Prince Héritier Moulay El Hassan n'en était certes pas à son premier acte public.

A la dernière fête du Trône, il avait eu droit déjà à son premier bain de foule, laquelle l'avait joyeusement acclamé alors qu'il était dans les bras de son oncle, S.A.R. le Prince Moulay Rachid , accompagnant S.M. le Roi Mohammed VI pour recevoir la beiâa, l'allégeance des représentants de toutes les provinces.
Au lendemain de la Coupe d'Afrique de football organisée à Tunis, S.M. le Roi avait reçu à Agadir l'équipe nationale et accepté de se faire prendre en photo-souvenir avec les joueurs.

Quelle ne fut grande la surprise de ceux-ci lorsque le Souverain arriva avec dans ses bras S.A .R. le Prince Héritier Moulay El Hassan qui donna à la photo une dimension et une augure supplémentaires.

Du coup, le protocole fut non pas rompu mais modifié. A Fès, sous l'égide et la bienveillance de son auguste père, il a pénétré ainsi l'une des arcanes sublimes, mais aussi l'un des hauts lieux de l'Islam. Un acte initiatique et formateur. Une tradition aussi de fidélité à la mémoire du Maroc dynastique. Une communion enfin dans un lieu symbolique qui incarne l'un des piliers fondateurs de l'Islam.
Le Maroc célèbre ces glorieux moments dans la pure tradition unitaire, regroupé sous le signe de la communion et de la symbiose.

Aussi, la même ferveur, la même liesse ont-elles accompagné, hier, les cérémonies de l'offrande (Al Hdya) organisées sur l'esplanade de Bab n'Hass au Palais Royal et que S.M. le Roi Mohammed VI, accompagné de S.A.R. le Prince Moulay Rachid, a présidées. Près de trois cents personnes ont défilé après la prière d'Al ‘Asr, représentant le Maroc de Tanger à Lagouira, mosaïque de traditions et de couleurs dignes du Maroc diversifié et pluriel mais uni.

Du costume porté par les émissaires des provinces jusqu'à l'offrande – chandelles, fleurs et autres objets – tout respirait la simplicité et la tradition, un parfum de joie partagée, une liesse populaire exprimée avec la spontanéité et la fraîcheur propres au peuple marocain.

La cérémonie des offrandes, c'est aussi une manière de souligner la solidité du lien qui pérennise une relation millénaire entre le Roi et son peuple, entre ce dernier et le Trône. Mieux, au-delà il y a le simple attachement des populations à la Famille Royale et leur désir irréductible de participer par leu0r offrande aux célébrations Royales qui, de leur côté, s'agissant de mariages, de circoncisions ou d'actes institutionnels associent le peuple. Du podium dressé pour cette merveilleuse et joyeuse cérémonie des offrandes, le Souverain a salué et écouté son peuple, il l'a regardé défiler dans la pure tradition nationale, renouvelant ainsi le pacte de fidélité réciproque.
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