Une décision contestée par les jeunes : Tenue unique pour les chauffeurs des petits et grands taxis
LE MATIN
19 Mars 2005
À 19:49
Les chauffeurs des grands et des petits taxis de la wilaya de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër devront prochainement porter une tenue unique. Ceux qui enfreignent cette mesure risquent de subir des sanctions sévères. Même la couleur des grands taxis sera unifiée. La plupart des chauffeurs sont contre ces décisions.
«Je suis contre la tenue unique. Déjà dans les années 70, on nous a proposé de la porter et nous avons refusé. Ce n'est pas aux responsables de nous imposer ce genre de choses», s'exclame Mbarek Barga, chauffeur depuis plus de 34 ans. Ce n'est pas, lui seul, qui se prononce contre l'uniformisation de la tenue. Tous les jeunes espèrent ne pas être contraints un jour à la porter. Arafat Aït Al Kol, 26 ans, habillé tout en Jeans, ne s'imagine pas en cravate, chemise bleu ciel et uniforme bleu marine : « Je travaille dans ce domaine depuis trois ans.
Ce n'est pas normal de porter cette tenue. Je ne peux pas le faire. Je préfère être libre». Youssef Lemrabet, chauffeur de petit taxi, partage cette opinion. Il pense que cette expérience ne pourra jamais réussir comme c'est le cas pour Marrakech. Licencié en Droit depuis 1994, ce n'est qu'il y a quatre mois qu'il a décidé de choisir cette profession après de longues années de chômage.
Certes, selon lui, quelques chauffeurs doivent soigner un peu plus leur apparence et ne plus porter des djellabas ou des vêtements sales ou déchirés. Mais, ce n'est pas pour autant que les responsables de la Région de Rabat Salé Zemmour Zaër devraient réfléchir à imposer cette loi. « Dans ce métier, il faut mettre des jeans continuellement. Combien d'uniformes faudra-t-il pour être toujours propre et ne pas déranger le client par l'odeur de la sueur ? », dit-il en ôtant ses lunettes de soleil.
Par contre, la plupart des chauffeurs qui ont dépassé l'âge de la jeunesse ne trouvent pas mal à mettre l'uniforme, proposant même le port d'un badge. Là n'est pas le problème. Il existe bien d'autres aspects sur lesquels, il faudra se pencher pour organiser le métier, disent-ils. Même le changement de la couleur des grands taxis pourra être accepté à condition de discuter d'autres difficultés qui les hantent jour et nuit. « On ne bénéficie ni de la mutuelle ni de la sécurité sociale. En plus de ça, nous rencontrons beaucoup de problèmes en exerçant notre métier.
On nous interdit de stationner en dehors des lieux réservés aux grands taxis », se plaint Alaoui Youssef, chauffeur de grand taxi depuis cinq ans. Lui et ses confrères souhaitent ne pas être « pourchassés » par les policiers à chaque fois qu'ils s'arrêtent sous la demande d'un client. Ils veulent avoir le même droit que les petits taxis qui stationnent n'importe où sans s'inquiéter de la réaction du policier. « Récemment, les motards nous poursuivent. On se sent mal à l'aise.
La distance entre les stations est longue. Et l'on ne peut pas ne pas respecter le vœu du client qui veut s'arrêter à un endroit bien particulier. »
En fait, selon tous les chauffeurs des grands taxis, il est impératif de créer des stations et de les organiser. La création d'autres lignes constitue une vraie préoccupation. «Al Akkari et Agdal, par exemple, ne sont pas des lignes autorisées. Nous travaillons d'une façon anarchique. Mais, nous nous arrangeons entre nous», explique Mbarek Barga.
Les chauffeurs de Rabat sont unanimes à demander de préparer d'abord le terrain pour l'organisation du métier et de s'attaquer aux vrais problèmes.
Les apparences viendront ensuite. «Il faudra penser aussi à la diminution des impôts et du prix de l'agrément. Un seul taxi fait vivre au moins quatre familles», tient à souligner Alaoui Youssef.
Le port de la ceinture de sécurité provoquera la hausse des tarifs des grands taxis
Le décret modifiant et complétant l'arrêté sur la police et la circulation urbaine et du roulage impose le port de la ceinture de sécurité même pour les grands taxis. Ces derniers auraient un délai d'un an pour diminuer le nombre des passagers pour appliquer cette loi.
En effet, les grands taxis se trouvent à l'heure actuelle en infraction de surcharge avec deux clients à l'avant et quatre à l'arrière. Leurs chauffeurs se plaignent de cette mesure car ils seront appelés à augmenter les tarifs en vigueur. Et ce n'est pas évident. « Au lieu de 3 dirhams, les passagers devront payer cinq dirhams. C'est trop pour le pouvoir d'achat des clients appelés à se déplacer régulièrement », dit Othmane El Guedid. Il a peur de perdre un grand nombre de clients. «3 dirhams c'est le prix du ticket du bus. En augmentant nos tarifs, nos clients vont nous bouder ».
Par ailleurs, nombreux sont les chauffeurs des petits taxis qui apprécient la mesure du port de la ceinture de sécurité. Youssef Lmrabet applaudit cette initiative : « C'est bien d'imposer cette mesure. Celui qui n'acceptera pas n'a qu'à descendre.»Mais, si Youssef a le courage d'exiger le port de la ceinture de sécurité, d'autres affirment qu'ils ne pourront jamais l'imposer au client.