Vers une nouvelle ère dans les relations israélo-arabes ?
AFP
26 Février 2005
À 15:52
L'invitation sans précédent adressée au Premier ministre israélien Ariel Sharon à se rendre en Tunisie illustre le réchauffement des relations d'Israël avec des pays arabes, gelées depuis le déclenchement de l'Intifada en septembre 2000.
Dans le même contexte, l'ambassadeur de Jordanie à Tel-Aviv est revenu cette semaine après plus de quatre ans d'absence, l'ambassadeur d'Egypte est censé arriver à son tour et le vice-ministre israélien de l'Education Michael Melchior a effectué cette semaine une visite au Qatar.
La Jordanie et l'Egypte, qui ont signé la paix avec Israël respectivement en 1994 et 1979, avaient rappelé leurs ambassadeurs fin 2000 pour dénoncer la répression israélienne de l'Intifada palestinienne.
L'annonce de leur retour a été faite au sommet de Charm el-Cheikh en Egypte le 8 février, où Palestiniens et Israéliens ont proclamé l'arrêt des violences. Les responsables israéliens se sont naturellement félicités de ces développements qui selon eux, reflètent l'amélioration sensible de l'image d'Israël dans le monde après l'annonce d'un retrait israélien de la bande de Gaza et l'évacuaton de colonies de ce territoire à partir de juillet.
Sharon a accepté l'invitation, confirmée par Tunis dans le cadre de la seconde phase du Sommet Mondial de la Société de l'Information (SMSI), prévu en novembre 2005.
Le ministre des Affaires étrangères Sylvan Shalom, qui avait noué les contacts avec la Tunisie, dont il est lui-même originaire, a estimé que cette visite «pourrait ouvrir une nouvelle ère dans les relations bilatérales» et entre l'Etat juif et «d'autres pays arabes», selon son porte-parole. Ce dernier, Yeshua Mor Yossef, a précisé que le ministre avait eu à ce sujet une conversation téléphonique avec son homologue tunisien Abdelbaki Hermassi en début de semaine.
«Il s'agit d'un développement de première importance, qui s'inscrit dans une volonté générale de certain nouveau un rôle dans le processus de paix au Proche Orient», estime le chercheur israélien Barry Rubin, de l'institut interdisciplinaire de Hezliya près de Tel-Aviv.
Selon lui, ces changements sont dus à plusieurs facteurs: «l'intérêt de pays arabes à normaliser leurs relations avec Israël, une volonté exprimée voilà une dizaine d'années, la volonté d'arrêt des violences de la nouvelle direction palestinienne arrivée au pouvoir après le décès de Yasser Arafat en novembre, la décision israélienne de se retirer de la bande de Gaza».Unisie n'entretiennent pas de relations diplomatiques mais ils avaient établi en 1996 des «bureaux d'intérêts» réciproques et désigné des «représentants permanents».
Ces représentations ont été toutefois fermées en octobre 2000 à l'initiative de la Tunisie qui entendait ainsi protester contre la répression sanglante de l'Intifada palestinienne par l'armée israélienne.
Lundi dernier, M. Shalom a évoqué la possibilité que «dix pays arabes ouvrent une représentation diplomatique», au lendemain du vote par le cabinet israélien de l'évacuation des 8.000 colons de Gaza et de quatre colonies juives en Cisjordanie. Il s'agit principalement de pays d'Afrique du Nord et du Golfe, a précisé son porte-parole.
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Le Premier ministre israélien fête ce dimanche ses 77 ans, devenant ainsi le plus vieux Premier ministre de l'Histoire d'Israël.
Il est né le 27 février 1927 en Palestine sous mandat britannique et a commencé dès l'âge de 17 ans une carrière militaire où il devait acquérir une réputation de baroudeur et de partisan de la manière forte vis-à-vis des Arabes.
Son second, le chef du parti travailliste Shimon Peres l'a félicité. «Etre âgé n'est pas une tare», a déclaré selon ses proches M. Peres qui va allègrement vers ses 82 ans.
Champion de la colonisation des territoires palestiniens occupés, ce qui lui avait valu le qualificatif de «bulldozer», Ariel Sharon a lancé il y a un an un plan de retrait de la bande de Gaza violemment dénoncé par le lobby des colons, ce qui n'a pas entamé sa popularité.
Sharon, au pouvoir depuis mars 2001, a confié récemment que dans sa famille on vivait souvent centenaire et qu'il n'excluait pas de briguer un nouveau mandat.
Le fondateur de l'Etat d'Israël et dirigeant travailliste David Ben Gourion avait quitté son poste en 1963 à l'âge de 76 ans et demi.
Sept précédents déjà !
L'invitation du Premier ministre israélien Ariel Sharon à se rendre en Tunisie intervient plus de quatre ans après le fermeture des bureaux d'intérêts des deux pays. Depuis 1989, Israël entretient ou a entretenu des relations officielles avec des pays arabes:
- EGYPTE: Après l'accord de paix de 1979, Israël et l'Egypte ont noué des relations diplomatiques entières en 1980. En novembre 2000, l'Egypte a rappelé son ambassadeur pour protester contre la répression par l'armée israélienne de la seconde Intifada, le soulèvement palestinien. L'annonce du retour de l'ambassadeur égyptien à Tel-Aviv a été faite le 8 février 2005.
- JORDANIE: A la suite de l'accord de paix de 1994, la Jordanie et Israël ont noué des relations diplomatiques. Amman a rappelé son ambassadeur à Tel-Aviv pour protester contre l'emploi démesuré de la force dont faisait preuve selon elles l'armée israélienne pour mater l'Intifada. La Jordanie a renvoyé un ambassadeur à Tel-Aviv en février 2005.
- MAURITANIE: La Mauritanie a établi des relations diplomatiques au niveau des ambassadeurs avec Israël en octobre 1999, les deux pays étant liés par des sections d'intérêts depuis 1996.
- MAROC: Israël a ouvert un bureau de liaison à Rabat en 1994, le Maroc ouvrant son bureau à Tel-Aviv en 1995. Rabat a suspendu ses relations en octobre 2000, conditionnant la réouverture de sa représentation à «l'évolution du processus de paix».
- QATAR: Le Qatar abrite un représentation commerciale israélienne depuis 1996.
- SULTANAT D'OMAN: Le sultanat et Israël ont ouvert des représentations commerciales à Tel-Aviv et Mascate en 1996. Le 12 octobre 2000, Oman a annoncé la fermeture de son bureau.
- TUNISIE: En 1996, la Tunisie et Israël ont ouvert des «bureaux d'intérêts» à Tel-Aviv et Tunis et désigné des «représentants permanents». En octobre 2000, la Tunisie a gelé ces relations en protestation contre la répression de l'Intifada.