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Saâd Bendidi, président de l'ONA, dévoile les ambitions de la holding

27 Avril 2006 À 01:00

Saâd Bendidi, à l'aise à l'antenne comme dans son poste de président de l'ONA. C'est à une prestation de haute facture que l'émission Economie de la TVM du 24 avril nous a invités. A l'aise dans le verbe comme dans la stratégie, Saâd Bendidi fait le point sur un parcours brillant qui l'a mené à la tête de la plus grande holding du pays.

Fin stratège, homme rompu à la gestion, discret et efficace, il rappelle son passage par le consulting, la gestion d'entreprise, la gestion bancaire et a participé au lancement du second opérateur télécoms.

Le parcours est riche pour un homme qui a à peine la quarantaine. Il décrit le futur de l'ONA avec une approche très visionnaire. Le diagnostic est précis. Dès sa prise de fonction à la mi-janvier, il entre en contact avec les équipes et décide d'aller sur le terrain pour voir également comment elles envisageaient l'avenir du groupe.

«Nous sommes dans la continuité», explique le président de l'ONA, tout en décidant de regarder les dossiers qui revêtent une certaine urgence et de les traiter «sans état d'âme». Il ordonne un audit pour certains secteurs, dont celui des mines.

Pour le reste, il décide d'agir en deux temps : engager un certain nombre de chantiers initiés par ses prédécesseurs et en lancer de nouveaux pour accroître les synergies à l'intérieur du groupe et entreprendre des investissements avec des risques calculés.

En parallèle, il engage une mission sur l'ensemble du portefeuille stratégique de l'ONA-SNI, c'est un travail qui s'est déroulé sur 8 mois, donnant lieu à une présentation au dernier Conseil d'administration qui a validé les choix qui se sont dégagés.

«Le fait d'avoir évolué dans des métiers et des domaines différents a forgé l'homme que je suis actuellement», rappelle M. Bendidi tout en soulignant l'esprit d'équipe auquel il tient.

L'ONA, faut-il le souligner, c'est 25.000 salariés et un chiffre d'affaires de quelque 27 milliards de dirhams consolidés.

C'est un groupe diversifié d'un poids important au niveau de la Bourse de Casablanca avec une holding et des filiales cotées. C'est une capitalisation boursière de 22 milliards, soit 30 %.

Dans sa relation avec la SNI, le président de l'ONA distingue la SNI, actionnaire de référence de l'ONA, comme étant un intervenant passif qui détient simplement des participations, alors que l'ONA est un acteur multipolaire, opérateur, investisseur dans des sociétés leaders au Maroc ou dans la région.

«Nous sommes une force de proposition et non pas un actionnaire passif». Les vocations de la SNI et de l'ONA sont donc claires. «C'est un groupe important au niveau du Maroc, mais qui reste modeste à l'échelle internationale», expliquant que le développement stratégique du groupe doit dépasser le cadre local.

«Le Maroc a signé de nombreux accords de libre-échange, l'économie devient globalisée, l'intervention ne doit plus être limitée au territoire ou aux consommateurs nationaux, mais aux marchés maghrébin, méditerranéen, africain». D'ailleurs dans sa gestion au quotidien, «il faut se poser la question de savoir si nous sommes les meilleurs parents pour une activité». Si ce n'est pas le cas, il ne faut pas hésiter à s'en défaire.

D'ailleurs, si une activité du groupe n'est pas suffisamment performante, elle ne doit pas être restructurée ou reclassée comme département pour un meilleur partage des processus.

Notre défi est la productivité. «Prenons le cas des huiles de table où l'entrée d'un concurrent agressif n'a pas profité aux consommateurs, mais aux distributeurs».

L'ONA est également prêt à opérer sa sortie d'AXA.

Concernant les investissements et le rôle moteur du groupe, Saâd Bendidi rappelle qu'il ne «faut pas se cantonner à percevoir l'investissement au niveau de la création, l'acte de création n'est qu'une modalité de l'investissement». D'ailleurs, le groupe investit plus de 4 milliards de dirhams annuellement.

«Nous avons un rôle d'accompagnement, c'est ce que nous faisons depuis quelques années et qui ne concerne pas seulement nos unités, mais aussi en instituant un processus de qualité continu dans l'écosystème local».

Pour ce qui concerne la vision stratégie, le président souligne que le groupe est passé par une période de consolidation après l'acquisition du portefeuille de la SNI, à cela s'est ajoutée une vague de libéralisation poussant la restructuration d'un certain nombre de secteurs. Il y a eu également un développement poussé avec des investissements lourds au niveau de la distribution.

Les priorités étaient donc liées aux contraintes conjoncturelles. «Aujourd'hui, nous pouvons initier de nouveaux projets notamment dans le secteur des télécoms, de l'eau, de l'environnement et de l'électricité où des ambitions sont possibles».
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