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Premiers consensus sur le réchauffement climatique

La "feuille de route" de Bali adoptée samedi garantit l'avenir de la lutte contre le changement climatique, avec le sentiment largement partagé que rien de décisif ne se passera avant janvier 2009 et l'arrivée d'un nouveau locataire à la Maison- Blanche.

16 Décembre 2007 À 16:18

La force de cet accord en forme de lettre de mission, qui impose le lancement des négociations au plus tard en avril 2008 et leurs conclusions fin 2009 à la "conférence climat'' de l'ONU à Copenhague, pour succéder aux premiers engagements du protocole de Kyoto qui expirent en 2012, est d'enrôler pour la première fois pays industrialisés et ceux en développement sous une même bannière.

"C'est un premier pas décisif", a jugé le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, accouru en renfort samedi à Bali pour peser sur les discussions.
Jusqu'au bout, les Etats-Unis hostiles à tout objectif contraignant de réduction des émissions de gaz à effet de serre ont assumé le rôle des "Bad guys", les "sales types", pour finalement se rallier au consensus.
De l'avis du ministre allemand de l'Environnement, Sigmar Gabriel, c'est pour ne pas être stigmatisés comme ceux "qui auraient fait capoter la conférence".
"Il était important d'avoir un accord pour continuer d'agir jusqu'à la prochaine Administration américaine. Il faut avancer jusque-là, ‘'si cela avait cassé'', c'était très difficile de reprendre", estime Brice Lalonde, ambassadeur français pour le climat.

Pour la première fois, note la secrétaire d'Etat française chargée de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, les Etats-Unis sont engagés "dans un processus volontariste de comparabilité des efforts" des pays industrialisés, avec la notion "d'actions mesurables et vérifiables" contre l'effet de serre, signe de leurs intentions d'appartenir un jour à part entière au Club international sur le climat.
L'Union européenne et les ONG considèrent qu'il faudra sans doute attendre le 20 janvier 2009, date de la prestation de serment du futur chef de la Maison-Blanche, pour entrer dans le vif du sujet.
Mais il ne restera alors que quelques mois pour boucler les termes du nouvel accord et laisser ainsi le temps aux pays de le ratifier à temps pour 2012.
D'ici là, explique un négociateur européen, "on va travailler sur les dispositifs techniques, le transfert de la technologie et les financements". "Nous sommes nombreux à travailler dur aux Etats-Unis pour s'assurer que le futur Président, qu'il soit démocrate ou républicain, écoutera le peuple, les maires des grandes villes, le monde des affaires, désormais, tous très mobilisés.

Il faut insuffler de l'énergie aux négociations qui démarreront vraiment dans douze
mois avec la nouvelle Administration américaine'', note Elliot Diringer, directeur des stratégies internationales au Pew Center, important think-tank américain.
Pour accélérer les choses, Steve Sawyer, un vétéran des négociations sur le climat, aujourd'hui responsable de Global Wind Energy Council (GWEC), un lobby de l'énergie éolienne basé à Bruxelles, va même jusqu'à souhaiter un "nouveau Katrina", un désastre naturel qui accélèrerait la prise de conscience et accroîtrait les pressions sur le gouvernement fédéral.
Mais l'attitude américaine n'est pas la seule inconnue du processus qui s'ouvre: l'affrontement Nord-Sud des dernières heures de la conférence, entre les Etats-Unis d'une part, la Chine et l'Inde en tête d'une autre, témoigne du climat de suspicion qui règne entre les deux camps, chacun voulant s'assurer que l'autre bougera en même temps que lui.

"Les Etats-Unis ont beaucoup donné ici", estime un responsable suisse sous couvert d'anonymat. "Et ils ont raison de demander davantage aux grands pays émergents. Vous vous rendrez bientôt compte que les vraies têtes de pioche vont être la Chine et l'Inde", assure-t-il.
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Réductions préconisées

La conférence sur le changement climatique de Bali a renoncé à préciser des fourchettes, même indicatives, de réduction des émissions de Gaz à effet de serre (GES) et renvoie au 4e rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) publié cette année.
Les émissions de GES dues aux activités humaines, notamment l'usage des énergies fossiles, n'ont cessé de croître depuis 2000. Pour Jean Jouzel, climatologue français membre du Giec, les scénarios considérés sont "très insuffisants", mais au moins, estime-t-il, évitent-ils un réchauffement qui excèderait les 3 °C d'ici la fin du siècle avec de graves impacts.

Le premier suggère de réduire les émissions de -10 à -30% (par rapport à 1990) pour les pays développés d'ici 2020, avec des efforts "marginaux" de la part des pays en développement, conduisant à une diminution des émissions mondiales de -30% en 2050.
"Ce scénario permettrait une stabilisation autour de 3 °C au-dessus des niveaux préindustriels", indique J.Jouzel.

Le second, plus ambitieux et recommandé par le Giec, viserait une réduction de -25 à -40% en 2020 (par rapport à 1990) pour les pays industrialisés, avec des "efforts substantiels" de la part des pays en développement menant à un total de -50% des émissions mondiales en 2050. Les émissions devraient commencer à décliner en 2015 au plus tard pour tenir l'objectif.
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