Sanofi-Aventis se désengage totalement de Rhodia
AFP
17 Octobre 2006
À 01:00
Le Groupe pharmaceutique français Sanofi-Aventis, descendant de l'ancienne maison mère de Rhodia dont il est longtemps resté l'actionnaire principal, a vendu la totalité de ses parts dans le groupe chimique à BNP Paribas, a-t-il annoncé hier. Cette participation s'élevait à 7,98%. Le montant de la transaction n'a pas été communiqué mais au cours de clôture de l'action Rhodia lundi soir, la part de Sanofi vaudrait quelque 200 millions d'euros.
«Sanofi-Aventis a cédé à BNP la totalité de sa part de 7,98%» au capital de Rhodia, a indiqué un porte-parole du numéro trois mondial de la pharmacie, ajoutant que le montant de l'opération serait précisé "ultérieurement". Evoquant les raisons de cette vente, le porte-parole a fait valoir que Sanofi-Aventis avait «toujours dit que cette participation n'était pas stratégique».
Rhodia est né en 1998 de la séparation des activités chimie du français Rhône-Poulenc lors de son mariage avec l'allemand Hoechst, mariage qui a donné naissance au groupe pharmaceutique Aventis qui a lui même fusionné avec Sanofi-Synthélabo en 2004. Sanofi-Aventis est ensuite resté plusieurs années l'actionnaire majoritaire de Rhodia.
En décembre 2005, il était cependant descendu à 8,17% du capital de Rhodia, contre 15,3% précédemment, à la suite d'une augmentation de capital du chimiste de 604 millions d'euros à laquelle il n'avait pas souscrit, diluant du même coup sa part. Les deux groupes étaient en conflit sur plusieurs points depuis plusieurs mois.
D'abord sur les droits de vote de Sanofi-Aventis dans Rhodia. Ceux-ci avaient été plafonnés à 5% par l'assemblée générale des actionnaires du chimiste réunie en juin 2005, le laboratoire n'ayant pas respecté la loi sur des déclarations de franchissement de seuil en 2004 lors de la fusion Sanofi-Synthélabo/Aventis. Au cours de l'AG de juin, Sanofi n'avait finalement pas pris part au vote avant de contester en justice cette décision de Rhodia.
Les deux groupes s'opposaient aussi sur les coûts environnementaux et de retraites dont Rhodia avait hérité au moment de sa création. En 2003, Rhodia avait accepté de toucher pour solde de tout compte 88 millions d'euros afin de faire face à ses risques écologiques futurs.
Mais devant la lourdeur des passifs, et après l'échec d'une tentative de conciliation avec Sanofi en février 2005, le groupe avait engagé une procédure d'arbitrage à travers laquelle il réclamait quelque 650 millions d'euros d'indemnisation à son ancien actionnaire principal. En septembre dernier, un tribunal arbitral avait rejeté la demande de Rhodia.
Ce dernier est par ailleurs au coeur d'une enquête initiée après la plainte d'actionnaires minoritaires, Hughes de Lasteyrie et Edouard Stern, visant notamment une présentation de comptes inexacts.
Les plaignants, qui estiment avoir été trompés sur la valeur de l'entreprise au moment de son introduction en Bourse en 1998, accusent notamment le groupe d'avoir dissimulé des passifs liés à l'environnement et aux retraites et d'avoir faussé par la suite ses comptes en cachant l'ampleur de sa dette et en survalorisant des actifs.
Au bord du dépôt de bilan fin 2003 et lourdement endetté, Rhodia a cédé des centaines de millions d'euros d'actifs, procédé à des augmentations de capital pour environ 1 milliard d'euros et engagé un vaste programme de restructuration devant conduire à son redressement.
Il a pour objectif de revenir aux bénéfices en 2006, après avoir dégagé pour la première fois depuis des années un bénéfice net sur trois mois au deuxième trimestre 2006 (78 millions d'euros contre une perte de 196 millions sur la même période de 2005).
Mardi vers 07h50 GMT à la Bourse de Paris, le titre Sanofi-Aventis cédait 0,29% à 69,50 euros tandis que l'action Rhodia reculait de 3,48% à 1,94 euro, dans un marché parisien en baisse de 0,74%.