Adil Douiri, ministre du Tourisme, de l'Artisanat et de l'Economie sociale
LE MATIN
30 Mars 2006
À 01:00
Le ministre du Tourisme, de l'Artisanat et de l'Economie sociale est confiant dans l'avenir. Il envisage le futur avec optimisme. La Vision 2010 est dans la bonne voie selon Adil Douiri. Il faut juste accélérer le rythme de la construction des hôtels.
La publicité de la destination Maroc est parmi les priorités pour promouvoir l'image du Royaume auprès de plusieurs pays émetteurs de touristes comme la France, l'Espagne et l'Allemagne. Pour pouvoir s'approcher d'une manière efficace du consommateur, on a décidé de réduire le nombre des marchés émetteurs.
Le Matin éco. : Quelles sont vos attentes des Assises internationales du tourisme ?
Adil Douiri : Nous nous attendons à une mobilisation des acteurs du tourisme, qu'ils soient des partenaires étrangers ou nationaux, qui viendront en masse pour participer à cet évènement.
Nous nous approchons de 2010. Le pari de 10 millions de touristes sera-t-il gagné avec le rythme actuel ? On parle d'une insistance du rythme de commercialisation et de construction de terrains.
De nombreuses questions sont à poser, notamment : comment augmenter la capacité en lits d'hôtels et en sièges d'avion ? Les nouvelles créations de lits sont faibles et, par conséquent, insuffisantes.
Il faut encore accélérer le rythme à plusieurs niveaux. Le tourisme culturel doit prendre de l'élan. Les stations balnéaires comme Sâïdia, Mazagan, Mogador, Taghazout, sont aussi importantes… le foncier a été épuré. On est en train de les aménager : eau, électricité, station d'épuration, animations...
La faiblesse réside dans la capacité hôtelière. On fait tout ce qu'on peut pour stimuler la création d'un fonds d'investissement hôtelier. Il ne s'agit pas de crédit bancaire. On n'a pas, jusqu'à présent, le propriétaire de l'hôtel. Les chaînes hôtelières ne sont pas propriétaires des hôtels. Elles les gèrent, les commercialisent. Elles peuvent prendre 10 % et pas 100 % sinon elles ne peuvent pas grandir. Ce sera trop lourd pour elles.
Quand on augmente le volume des touristes, il faut avoir des produits adaptés. Où en est le Maroc en ce moment ?
La Vision 2010 est basée d'abord sur la conception d'une infrastructure de qualité. Ce n'est pas à l'Etat de réaliser celle-ci. Le deuxième point est relatif à la formation des Marocains pour travailler dans cette infrastructure. Là, on est à une hausse de 70 % sur les capacités de formation.
Et ce chiffre continue de monter. On est à 3.500 lauréats/an. On va arriver en 2010 à doubler ce chiffre.
En outre, dans la chaîne de réussite de la Vision 2010, on note l'avion. Quand notre équipe gouvernementale est arrivée, il n'y avait pas de libéralisation. La concurrence n'était pas de mise.
Il fallait libéraliser. Le gouvernement a réussi à signer l'accord Open Sky avec l'Union européenne. Le Maroc est le premier pays au monde à avoir signé cet accord. Cela aura beaucoup de conséquences dans les semaines à venir.
On note l'arrivée de nouvelles compagnies aériennes qui vont faire très «agressivement» leur entrée dans le ciel marocain. Elles vont augmenter l'offre en sièges.
Le Maroc est en train de mettre en place l'infrastructure nécessaire pour accueillir le nombre de touristes escompté. Que fait-on en parallèle pour la promotion de l'image du Maroc ?
La distribution du produit ainsi que la publicité consommateur sont très importantes. Il faut séparer la distribution de l'image. L'ONMT fait deux choses : la distribution des produits touristiques dans les rayons des supermarchés et la communication avec les consommateurs.
Depuis que le gouvernement est arrivé, on a enlevé beaucoup du budget consommateur en faveur de la distribution. Parler au consommateur pour qu'il arrive et ne trouve pas de produit dans les magasins ne sert à rien. C'est du gaspillage fortuit.
Au niveau de la distribution et du marketing, le gouvernement a augmenté beaucoup le budget. Il y a trois mois, on a signé avec la Fédération du tourisme l'augmentation, sur les trois prochaines années, des budgets annuels de l'ONMT qui vont porter les recettes de cet office à 660 millions de dirhams.
L'ONMT devient un bel office du tourisme. Il s'est modernisé. Il devient plus scientifique.
Il a fait des études quantitatives du marché. Il connaît ses segments de clients. Progressivement, on forme les ressources humaines dans l'office et on modifie sa structure. On se débrouille bien. On a de beaux résultats en chiffres.
Existe-t-il une stratégie pour diversifier les marchés émetteurs de touristes ?
On ne veut surtout pas diversifier. On veut restreindre le nombre des marchés car on n'a pas assez d'argent pour diversifier. Lorsqu'on est arrivé au gouvernement, on a trouvé que l'argent était éparpillé.
Ce qui ne peut pas donner de résultat. Le prix de parler au consommateur via les médias est très élevé. Comme on n'a pas suffisamment d'argent, il faut réduire le nombre des marchés pour pouvoir s'approcher du consommateur et hausser les chiffres d'un coup.
C'est ce qu'on a fait. On est actuellement à cinq marchés à 85 % du budget. Maintenant, on commence à avoir de véritables forces de «frappe». En Espagne, on est monté d'un coup. On est passé de 200.000 Espagnols à 370.000 en l'espace de trois ans.
On a réduit un peu au niveau de la France qui était sur-budgétisée au profit de l'Allemagne, l'Angleterre et l'Italie. Mais, on a enlevé toute chose inutile distribuée, pour des raisons économiques, mais sans résultat. Maintenant que l'ONMT a un nouveau contrat, on va pouvoir travailler sur la Russie et le Moyen-Orient plus sérieusement. Mais pas plus, sinon on va retomber dans le même problème.
Qu'en est-il des cartes touristiques dans les villes et la signalisation pour orienter les touristes ? Dans beaucoup de villes, on note encore un manque dans ce domaine.
Cette mission incombe aux Conseils régionaux du tourisme, les villes, les communes et les régions. Maintenant, chaque CRT travaille avec sa ville dans le cadre des plans qu'on appelle PDR : plan de développement régional. C'est un plan défini sur toutes les actions pour mettre à niveau la ville et l'environnement urbain.