Agram Invest, un fonds au service du développement agroalimentaire
LE MATIN
13 Juin 2006
À 01:00
Attijariwafa bank, bien positionnée déjà, continue sur sa lancée dans la création des fonds d'investissements pour promouvoir le développement économique au niveau des secteurs et des régions. Avec le groupe céréalier français Unigrains, la première banque privée du Royaume vient de mettre sur pied Agram Invest qui, comme son nom l'indique, a pour vocation d'accompagner les projets agroalimentaires. Et ce faisant, d'encourager les initiatives dans un secteur de plus en plus porteur, créateur de valeur ajoutée et prisé.
Si Attijariwafa bank et le groupe Unigrains ont, en termes de mise, posé les premiers fondements de la nouvelle institution agro-industrielle, ils ont vite été rejoints par six autres partenaires et non des moindres: il s'agit de la Banque européenne d'investissement (BEI) ; d'Averroès Finance ; du Crédit agricole de France, du Crédit agricole marocain, du Crédit du Maroc et des assurances mutuelles (MAMDA et MCMA). Ils ont mobilisé la somme de 200 millions de dirhams pour renforcer un fonds qui est aujourd'hui à la relance du secteur ce que le souffle est au coureur, un oxygène, une force de frappe.
Au regard d'une telle configuration géo-financière, on ne peut pas ne pas faire ressortir la dimension méditerranéenne d'un aussi grand projet. Ne serait-ce que parce qu'à travers Attijariwafa bank et Averroès, la présence dans le Maghreb, notamment en Tunisie, est significative. Il convient de souligner que le fonds Agram Invest constitue la toute première institution de financement dédiée au développement des projets agroalimentaires et notamment agro-industriels. Comme l'a annoncé Khalid Oudghiri, président de Attijariwafa bank, lors d'une rencontre d'information avec la presse, Agram Invest «intervient en fonds propres ou quasi-fonds propres pour financer les projets porteurs et cohérents, comportant des perspectives de rentabilité».
En d'autres termes, il s'agira de prises de participations dans le tour de table des sociétés cibles pour ce qui est des fonds propres et des obligations convertibles en actions, d'obligations à Bons de souscription pour ce qui est des quasi- fonds propres.
La présence des partenaires d'Unigrains, notamment de son président , Henri de Benoist, de Philippe Ducroquet et Jean-François Laurain, respectivement directeur général et directeur général adjoint, témoigne de l'importance que les promoteurs du projet accordent au développement de cette activité dans le Royaume. Les conditions d'accès au fonds s'inscrivent dans une démarche que les promoteurs d'Agram Invest veulent limpide et transparente sans sacrifier à une rigueur contraignante.
La prise de participation minoritaire est fixée entre 10 et 30% concernant le capital des sociétés cibles, le ticket d'intervention minimum à 10 millions de dirhams par projet, tandis que la participation maximale est fixée à hauteur de 30 millions de dirhams/projet, celle-ci pouvant être revue à la hausse le cas échéant par le biais du co-investissement. Un autre critère d'engagement, susceptible de faire sourciller quelques-uns mais qui a été bien expliqué par Khalid Oudghiri, est celui du TRI projet (Taux de rentabilité interne) fixé à 20% sur une durée de 5 à 7 ans.
Au-delà des chiffres et des courbes, les promoteurs du Fonds Agram proclament leur volonté de favoriser les conditions d'émergence d'une véritable industrie agro-industrielle nationale adossée sur des institutions comme Attijariwafa bank pour son financement et Unigrains pour sa longue et incomparable expérience pourvu, après quarante ans d'histoire et de réalisations, d'un portefeuille de plus de 300 millions d'euros!... Ils ne se sont pas fait faute de souligner que l'un des objectifs fixés est d'abord la création de valeur ajoutée pour le Maroc, que leur soutien aux projets annoncés ou en cours de création, se traduit par le conseil, l'ingéniérie financière, l'expertise au niveau des filières agroalimentaires, le conseil en management, l'assistance au niveau des partenariats, la mise en œuvre d'une bonne gouvernance et jusqu'à la veille économique.
L'apport d'Agram Invest au secteur agro-industriel n'est donc pas confiné au seul financement et à la promotion, mais participe d'une vision où le terme d'accompagnement ne suffit pas d'ailleurs puisqu'il s'agit d'un partenariat actif.
Il est également une autre dimension qu'il convient de souligner: le souci des prompteurs du fonds que l'agriculture marocaine, qui contribue à hauteur de 14 à 17% dans le PIB, demeure un champ encore peu valorisé alors que, pourtant, elle constitue un pilier de l'économie nationale depuis toujours.
Ils n'ont pas eu de peine à démontrer que les matières premières sont dévalorisés et que, un trait significatif s'il en est d'un relatif retard, près de 51% du total des exportations de produits alimentaires ne connaissent pas de transformation qui leur générerait, en revanche, une valeur ajoutée significative.
L'agroalimentaire constitue de nos jours l'une des branches les plus dynamiques des industries de transformation, en fait la deuxième après les industries chimiques et para chimiques qui génère un chiffre d'affaires de 64.865 millions de dirhams, réalise un taux de croissance annuel moyen de 3%, ensuite de 8% pour les exportations et constitue la 3e industrie d'exportations.
Ces paramètres ne justifient-ils pas l'engagement des promoteurs d'Agram Invest qui évoquent «des opportunités de croissance indéniables et des perspectives intéressantes au regard de la restructuration du marché intérieur (grande distribution, traçabilité, amélioration de la chaîne de froid)»?
La mise en œuvre d'Agram Invest, fruit d'un partenariat stratégique entre l'un des plus grands groupes agroalimentaires du monde et Attijariwafa bank, le plus grand groupe bancaire d'Afrique, participe d'une vision dans laquelle, outre le critère de rentabilité lié à toute entreprise, se reconnaîtront tous ceux qui ont à cœur de voir émerger un modèle de développement agroalimentaire et agro-industriel dans notre pays et dans la sphère méditerranéenne. Autant dire qu'Agram Invest en constitue à la fois le pionnier en la matière et l'épine dorsale.