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Face à la tectonique des marchés pétroliers, le FMI met en garde contre l'inflation

14 Septembre 2006 À 01:00

L'économie mondiale continue à afficher une santé florissante malgré le léger refroidissement de la croissance aux Etats-Unis, a estimé jeudi le Fonds monétaire international. «La croissance mondiale devrait progresser de 5,1% cette année avant de revenir à un taux plus modéré de 4,9% en 2007», souligne le FMI dans son rapport conjoncturel d'automne publié à Singapour.
En avril dernier, cette institution financière internationale n'attendait respectivement que 4,9% et 4,7%.

Le monde connaît «la période d'expansion mondiale (...) la plus forte depuis le début des années 70», avec une croissance supérieure à 4% depuis quatre ans et qui devrait le rester en 2007. D'après les estimations des services du FMI, il y a une chance sur six pour que la croissance tombe à 3,25 % ou moins en 2007.

Les risques les plus notables seraient que les tensions inflationnistes s'intensifient, ce qui obligerait à durcir la politique monétaire plus que prévu actuellement; que les cours du pétrole continuent leur ascension, sur fond de capacités excédentaires limitées et d'incertitudes géopolitiques, et que le marché immobilier des États-Unis tiédisse plus rapidement que prévu, entraînant un ralentissement plus brutal de l'économie américaine.

«Ces prévisions solides sont entourées de plus d'incertitudes que par le passé avec des risques de dégradation de la situation», a tempéré le chef économiste FMI, Raghuram Rajan.

Le rapport s'inquiète notamment du retour de l'inflation, qui accélère un peu partout et pourrait entraîner des hausses de taux d'intérêt plus sévères que prévu de la part des banques centrales. Il redoute aussi de nouvelles flambées du prix du pétrole et ou une chute brutale du marché immobilier aux Etats-Unis.
M. Rajan a insisté en priorité sur le risque causé par le «ralentissement plus accentué que prévu aux Etats-Unis, accompagné de l'incertitude sur l'étendue de l'autonomie de la croissance du reste du monde par rapport à la croissance américaine».

La possibilité d'une correction désordonnée des déséquilibres mondiaux reste préoccupante. L'issue la plus probable est un dénouement sans heurt de ces déséquilibres sous l'effet des marchés, mais il faudrait pour cela
que les investisseurs continuent pendant de nombreuses années à accroître la part des actifs américains dans leurs portefeuilles. La profondeur et le degré de perfectionnement des marchés financiers des États-Unis ont facilité le financement des gros déficits observés depuisquelque temps. Il subsiste cependant des risques que l'ajustement soit désordonné, ce qui pourrait imposer un lourd tribut à l'économie mondiale.

Le rapport a en effet revu en baisse sa prévision pour la première économie mondiale l'an prochain à 2,9%. «Un effondrement abrupt du marché immobilier pourrait coûter jusqu'à un point de pourcentage» à la croissance américaine, prévient-il.

La zone euro sort enfin de l'ornière avec une croissance prévue de 2,4% en 2006, son taux le plus élevé en six ans, note le FMI, avant de redescendre à 2% l'an prochain. Ce ralentissement s'explique essentiellement par la hausse prévue des impôts en Allemagne en 2007.

Au Japon, le fort appétit des consommateurs va permettre d'afficher une croissance de 2,7% cette année, avant de revenir à 2,1% en 2007.
Du côté des économies émergentes et des pays en développement, la croissance reste forte à 7,3% en 2006 (7,2% en 2007), emportée par les 10% de croissance de la Chine cette année et l'an prochain.

Au chapitre des risques le gendarme du système financier mondial s'inquiète des pressions inflationnistes dans les pays industrialisés. A commencer par les Etats-Unis où elles ont été la conséquence de la hausse des salaires et de la modération de la productivité.
Autre menace : de nouvelles secousses sur le marché pétrolier, avec une situation politique toujours volatile au Moyen-Orient, qui «pourraient alimenter une nouvelle hausse des prix».

Selon le rapport il faut s'attendre, au vu des contrats négociés sur les marchés, à un «prix moyen du baril de 75 dollars en 2007, proche du record atteint début août». Pourtant, le FMI rappelle que malgré les récentes flambées des prix pétroliers, l'économie mondiale a su faire preuve d'une résistance exemplaire, les hausses étant dues «à une forte progression de la demande plutôt qu'à des difficultés d'approvisionnement».

Enfin, l'examen des déséquilibres mondiaux montre, selon le rapport, que le creusement des déficits courants américains a pu être financé sans trop faire souffrir le système financier mondial.

Pour l'avenir, le FMI invite la Réserve Fédérale à songer à de nouvelles hausses des taux pour juguler l'inflation, le Japon, à poursuivre le relèvement progressif des siens et la Chine à oeuvrer en faveur d'une plus grande flexibilité de ses taux de change. Le Fonds monétaire international (FMI) a révisé en baisse jeudi sa prévision de croissance pour les Etats-Unis pour 2007 à 2,9%, en mettant en garde contre les conséquences d'une forte baisse du marché immobilier et d'une reprise de l'inflation dans ce pays.

Le FMI envisageait encore dans ses prévisions d'avril 3,3% de croissance pour 2007 mais avait déjà révisé ce chiffre à 3,1% en juillet dans sa revue annuelle de l'économie américaine. Pour 2006, le FMI prévoit 3,4%, ce qui est inchangé par rapport au chiffre donné en avril.

Pour les autres grands indicateurs américains, le FMI prévoit dans son rapport de conjoncture semestriel sur l'économie mondiale publié à Singapour, un taux d'inflation de 2,9% en 2007 après 3,6% en 2006 et un taux de chômage de 4,9% l'année prochaine pour 4,8% cette année. «La source la plus probable de difficultés à court terme est le marché du logement», avertit le Fonds. «La hausse des prix de l'immobilier résidentiel a provoqué une forte croissance de la consommation, de l'investissement résidentiel et de l'emploi ces dernières années.

Mais le marché semble maintenant surévalué et l'activité a ralenti en parallèle avec la hausse des taux hypothécaires», souligne le rapport.
Autre problème : «Malgré le récent ralentissement de la croissance, les pressions inflationnistes commencent à augmenter en raison de la raréfaction des capacités excédentaires sur les marchés des produits et de l'emploi», prévient le FMI. Parmi les autres facteurs contribuant à ce danger inflationniste figure également la hausse des coûts de l'énergie «qui ont commencé à se répercuter sur d'autres prix, en particulier les transports».
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