Salon international de l'agriculture de Meknès

La Cosumar mise sur une implantation à Jorf Lasfar pour contrer la concurrence

11 Septembre 2006 À 01:00

La Cosumar, seul groupe industriel privé fabricant de sucre au Maroc -en attendant l'entrée effective du groupe Châabi (seul ou avec un partenaire étranger) - envisage une implantation future au sein de la zone industrielle du port de Jorf Lasfar. De source bien informée, et dans le cadre de sa stratégie offensive pour faire face à la prochaine libéralisation du secteur sucrier marocain, et contrairement au leader national du secteur des huiles, Lesieur Maroc, la Cosumar a récemment acquis un site de 24 hectares.

Cette ouverture sur le port de Jorf Lasfar constitue ainsi une option stratégique de choix que le leader sucrier national ne manquera pas d'exercer en réponse à la nouvelle donne sucrière nationale, récemment marquée par l'entrée du groupe Chaâbi à travers sa filiale la Compagnie marocaine de raffinage (400 millions de dirhams de capital).En effet, les analystes de la place n'ont pas manqué de relever que le groupe Châabi, tout en notifiant son intérêt pour le secteur, est resté discret au sujet du lieu devant accueillir la future raffinerie.

Il est question, sans d'autres précisions, d'une éventuelle implantation au nord du Maroc. La Cosumar entend ainsi se doter d'une seconde raffinerie à Jorf Lasfar, ou au pire, d'un lieu de stockage, en fonction de la réaction des futurs concurrents. Ainsi, le très fin stratège qu'est Mohamed Fikrat, P.-D.G. de la filiale de l'ONA, est en train d'avancer ses pions. Sa conviction que le Maroc sera toujours structurellement importateur de sucre est fréquemment rappelée lors de ses sorties médiatiques.

C'est pourquoi sécuriser l'approvisionnement et la logistique est un gage de compétitivité future certaine. Toutefois, l'opérateur historique du sucre au Maroc, à la tête d'un monopole de fait depuis l'acquisition des sucreries et raffineries publiques, dispose d'un atout de taille : ses rapports historiques avec l'amont agricole. Hormis la sécurisation des approvisionnements dans un contexte mondial marqué par l'augmentation exponentielle des prix du sucre brut, l'amélioration de la productivité reste assurément l'autre levier de compétitivité pour la Cosumar.

Avec un rendement moyen de 58 t/ha, comme en 2005, le groupe assure l'équilibre économique de son outil industriel. Cette performance pourra être nettement améliorée. L'exemple est actuellement donné par un investisseur espagnol qui, en louant des parcelles de terre au bassin du Loukkos, a pu atteindre 100 t/ha de canne à sucre !
L'enveloppe financière dédiée à l'investissement par le groupe, soit 1,6 milliard de dirhams, sur une période de 5 ans, pour moderniser ses équipements industriels, est de nature à aligner les ratios de rentabilité du groupe sur ses standards.

Combinée avec une gestion rationnelle, à l'image de la fermeture de l'unité de Sidi Slimane qui a permis au groupe de faire des économies de 60 millions de dirhams par an, la stratégie offensive de la Cosumar est de nature à assurer au leader national d'autres armes pour évoluer dans un univers libéralisé. La concurrence acharnée promet une nouvelle architecture du marché, à l'image du secteur des huiles de table. Encore une fois, le groupe Savola, seul ou avec le groupe Chaâbi, rendra au consommateur ce que la récente augmentation du prix du sucre lui a pris.
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Satisfaire davantage la demande nationale
Avant l'acquisition des unités publiques, la Cosumar produisait, 1,5 million de tonnes en 2004 (28% de la production nationale), alors que les quatre sucreries publiques étaient à l'origine des 360.000 autres tonnes. Ramenée à la consommation moyenne nationale qui s'est élevée, la même année, à plus de 1 million de tonnes, la production nationale ne suffit à assurer que la moitié de la consommation nationale.

Le Marocain consomme 35 kg/an dépassant ainsi largement la moyenne mondiale qui se situe au niveau de 20 kg/an. En comparaison, le Tunisien consomme 29 kg/an, alors que l'Algérien affiche un seuil de 27 kg/an. Les pays de l'UE ont une consommation moyenne de 34 kg/an. Des pays encore plus gourmands en sucre comme le Mexique et le Brésil affichent des scores respectifs de 45 kg/an et 65 kg/an.

Sur le plan comportemental, la consommation nationale en 2004 s'est répartie entre les pains à hauteur de 38%, les lingots et les morceaux pour une proportion de 13% et enfin les granulés pour le reste. Il semblerait que la prise de conscience des méfaits d'une consommation excessive de sucre sur la santé aurait fait reculer de 0,6 point le marché national.

Par rapport à l'année 2003, le segment du pain de sucre a également reculé de 2,9%, ce qui démontre une certaine modernisation du comportement du consommateur marocain, qui se détache des anciennes traditions…La mode n'est plus en effet à ramener à la jeune mariée des pains de sucre ! L'augmentation de 1,4% relative à la consommation du segment du sucre en lingots et en morceaux confirme également que les habitudes de consommation ont évolué vers un produit plus simple à utiliser.

Un accroissement de 0,8% a été enregistré pour le segment du granulé et qui fournit spécialement le marché industriel.
D.E
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