Salon international de l'agriculture de Meknès

Le plan de relance du secteur du cuir adjugé

22 Mai 2006 À 01:00

C'est fait, le secteur du cuir a son plan Emergence. Objectif ultime : relancer le secteur.«Après plusieurs réunions, au cours desquelles propositions et contre propositions ont donné lieu au programme, le gouvernement nous a donné une réponse, il y a quelques jours. Nous avons pu ainsi organiser, vendredi dernier, une assemblée pour présenter aux professionnels la version finale du programme.

Et c'est quasiment à l'unanimité que ce plan a été accepté. L'officialisation du plan devra permettre sa mise en œuvre», explique Abdessalam Alaoui El Hassani, président de la Fedic (Fédération des industries du cuir).
Les différentes mutations structurelles à l'international ont, en effet, dicté le passage de l'entreprise de la co-traitance au produit fini. Un exercice non des moins aisés.

«La relance du secteur ne se fera pas du jour au lendemain. Ce plan améliore l'environnement. Il établit une passerelle avec le gouvernement à travers la concertation qui a pu être établie lors de ce travail». Le porte-parole des professionnels de ce domaine tient bien à le préciser.

Tel qu'il a été conçu, le plan Emergence du secteur du cuir devra permettre à ses industriels de profiter des accords de libre- échange, notamment celui conclu avec les Etats-Unis.

De son côté, l'ANPME (Agence nationale pour la promotion de la PME) s'engage à accompagner les mesures apportées par ledit programme à travers l'assistance technique, la sensibilisation aux différents instruments de financement existants pour les entreprises désireuses de mener leur mise à niveau.

La démarche devra répondre à des objectifs qui, d'ailleurs, ont été retenus dans bien d'autres domaines à savoir : compétitivité et amélioration de la réactivité des entrepreneurs du secteur.

Précisément dans le cuir, l'intégration de son amont est un élément essentiel pour sa modernisation.

La promotion du secteur du cuir pourra, par ailleurs, être financé par les divers instruments financiers mis en place par l'ANPME.

Une promotion visant la quête d'investisseurs et le partenariat, le sourcing et la recherche de débouchés, la prospection de nouveaux marchés et enfin l'organisation de manifestations professionnelles.
«Le plan Emergence a également apporté des mesures douanières et fiscales pour l'amélioration de la réactivité et la compétitivité de l'entreprise», déclarent les représentants du ministère en charge du dossier.

Sur le plan des procédures proprement dites, celles qui ont été retenues favorisent la mise en place des mécanismes et des dispositions nécessaires au développement d'un environnement douanier propice.

La généralisation de l'octroi de la gestion personnalisée sur la base de la catégorisation des entreprises représente la première mesure.
La facilitation de l'implantation des plates-formes d'approvisionnement et celles d'exportation est la seconde.

Enfin, l'accompagnement et l'assistance aux nouveaux investisseurs et aux jeunes porteurs de projets rappellent la troisième.

Bref, «les plates-formes d'approvisionnement seront érigées en entrepôt sous douane selon la procédure d'agrément en vigueur et bénéficieront de la gestion personnalisée sur la base de la catégorisation qui consiste en une classification des sociétés sélectionnées selon des critères de performance, d'organisation, de structuration et de bonne moralité», expliquent les responsables du ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Mise à niveau de l'économie.

Sur le plan pratique, les plates-formes d'approvisionnement bénéficieront de la caution sur engagement des entreprises exportatrices pour la couverture des importations sous Régimes économiques en douane.

Le plan Emergence annonce également une réforme tarifaire. Elle vise à assurer un approvisionnement compétitif en matières premières et en intrants en donnant aux opérateurs la possibilité de diversification de leurs sources d'importations autres que les partenaires ayant des préférences tarifaires avec le Maroc (cf tableau sur la nouvelle fiscalité douanière).

Par ailleurs, la levée des restrictions sur l'exportation des peaux et cuirs à l'exception des peaux brutes et des peaux dites «wet blue» est bel et bien d'actualité. Une manière de redynamiser les exportations de ce secteur qui avait souffert des dégâts causés par le phénomène de la vache «folle».

L'amélioration de l'amont du secteur s'effectuera, de son côté, par la sensibilisation et la vulgarisation au profit des acteurs de l'amont de la tannerie (concernant les maladies de la peau), et par l'organisation de campagnes auprès des éleveurs pour améliorer les conditions zootechniques du cheptel. Ce repositionnement du secteur sera rendu possible à travers, notamment, l'accompagnement et l'assistance technique retenus dans le plan Emergence. Ce volet est d'une importance capitale.

Car il fait référence à l'amélioration de la compétitivité du secteur sur la globalité de sa chaîne de valeurs. En clair, les actions concoctées visent la réorganisation de l'amont du secteur, la modernisation des tanneries et l'amélioration de la compétitivité du produit fini.

La mise à niveau du secteur ne pourra également se faire qu'à travers la formation des compétences. Au cœur de la cible, responsables de production et responsables en création.

Les actions prévues en collaboration avec le secrétariat d'Etat chargé de la Formation professionnelle (SEFP), l'Agence nationale pour la promotion de l'emploi et des compétences (ANAPEC) et la FEDIC privilégieront, en effet, ces profils déterminants pour la modernisation du domaine du cuir. Et c'est bien l'application de cette série de mesures qui permettra de relancer le secteur. L'omission de l'une ou de l'autre diminuera l'efficacité de l'ensemble.
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