Salon international de l'agriculture de Meknès

Une vanne ouverte pour promouvoir l'industrie du textile et de l'habillement

15 Juillet 2006 À 01:00

Chose faite : le programme de promotion au bénéfice des textiliens vient d'être lancé vendredi dernier. Doté d'un budget annuel de 20 millions de dirhams sur une période de trois années, ce Fonds permettra la mise en œuvre de la stratégie de promotion imaginée dans le cadre du programme Emergence textile.

Globalement, cette nouvelle offensive s'articulera à la fois autour de la promotion marketing et commerciale, le développement du partenariat et des investissements ainsi que celui du sourcing matières.

Mais il s'agira avant tout de déblayer le terrain. A travers l'AMITH, la première étape sera d'identifier et de recruter les relais professionnels au sein des marchés cibles. Car désormais, les missions business to business (B2B) pourront être financées par ledit Fonds.

Dans le même sens, la participation marocaine dans les Salons professionnels internationaux devrait être renforcée à travers cette manne.

La philosophie étant d'effectuer un travail de fourmi -et donc à échelle réduite- pour en maîtriser les enjeux. L'organisation de Maroc In Mode International retrace cette volonté. Un budget estimé à 5 MDH servira à son organisation ainsi que celle de Decosalon qui n'en est plus à sa première édition. Le premier concept est rattaché à celui des Salons professionnels.

Ces événements, assimilés à des Salons indépendants à taille réduite et organisés en propre, permettront, autrement dit, à 10 voire à 25 entreprises d'effectuer leur show professionnel dans des hôtels prestigieux. Un autre événement, baptisé «Casablanca International Fashion Week», visera de son côté à séduire les acheteurs européens, sud- méditerranéens et africains.

Soutenu par cette même manne, à hauteur de 1 MDH, l'événement compte réserver une animation autour d'espaces de shopping, de défilés de mode et de séminaires ayant trait à l'art vestimentaire et à l'art de vivre.

Dans un autre registre, l'impact d'un tel Fonds ne pourra être positif que si certains regroupements et réseaux d'entreprises voient le jour.

C'est un fait : l'entreprise opérant dans le secteur textile admet encore un niveau de force de vente affaiblie par un niveau de compétences non adapté. Les Groupements d'intérêts économiques (GIE) et les consortia devront pallier l'handicap que connaît la quasi-totalité des entreprises opérant dans le textile.

Un symptôme qui s'explique en large partie par la persistance d'un management encore traditionnel. Les outils promotionnels devront suivre. Et c'est également ce Fonds qui sera dispatché pour financer en grande partie la conception et l'élaboration de matériel promotionnel à savoir les répertoires sectoriels, les films institutionnels, la création d'un portail des services marketing ainsi qu'un inventaire sur toute l'actualité se rapportant aux différents marchés.

Pour la première année (2006-2007), il s'agira, donc, dans un premier temps de prospecter les marchés de la péninsule ibérique (Espagne et Portugal) qui ont été identifiés à travers le Programme Emergence textile comme étant des marchés stratégiques et prioritaires.

C'est dans ce sens aussi que la moitié des activités et du budget de promotion leur sera attribuée. «Ce choix est justifié par la politique des donneurs d'ordre et distributeurs espagnols portugais et italiens», rappellent les auteurs de la mouture. «Le marché du circuit court et des réassorts représentera, d'ici 2008, 84% des importations européennes d'habillement», avait en effet largement souligné, Karim Tazi, lors de la dernière assemblée générale ordinaire de l'AMITH.

Aujourd'hui déjà, plusieurs marques européennes, pour ne citer que Zara, Mango et Induyco, ont fait du Maroc un marché d'approvisionnement stratégique pour les produits à délais de livraison courts (moins d'un mois en produit fini).

De nombreuses chaînes et distributeurs français également tels que Décathlon, Etam, Promod, La Halle, Okaidi, Auchan, Carrefour, La Redoute poursuivent leur approvisionnement au Maroc. Il reste que la part Maroc dans leurs achats a beaucoup chuté entre les années 2003 et 2005.

Pour ce qui est de la Grande-Bretagne, la baisse qui a été enregistrée se justifie par les déboires de Marck Spencer, depuis les années 2000…une marque qui trouvait également son compte auprès des façonneurs marocains.

Cette contre-performance s'est vue, par ailleurs, amplifiée par l'inaptitude de l'industrie du textile et de l'habillement marocain à satisfaire la demande allemande. En clair, les grandes enseignes qui dominent la distribution britannique telles que Group Arcadia, Next, Asda, Tesco… n'ont pas trouvé leur compte auprès des opérateurs marocains.

Et c'est bien d'ailleurs là où se situe, aujourd'hui, l'enjeu des textiliens marocains à faire remonter la part de l'industrie qu'ils représentent au sein de ces marchés.
Le Fonds de promotion est un des moyens pour renverser le trend.

Dans la même perspective, c'est en Espagne que le premier road-show sera organisé. La promotion des filières du secteur du textile démarrera en Catalogne. Selon les investigations engagées par les uns et les autres, il ressort que cette région revêt des opportunités certaines.

Il s'agira, dans un premier temps, de miser sur le développement des partenariats sachant que la région de Valence demeure une des plus importantes régions textiles d'Espagne.

En amont, une part du Fonds de promotion (1 million de dirhams) ira à la confection du plan de communication. Objectif premier et global : faire du lobbying autour des points forts de l'industrie du textile et de l'habillement marocaine.

Les activités marketing et commerciales du programme de promotion porteront en large partie sur la réalisation d'expositions, de mini-missions.
Dans un autre registre, celui du sourcing, sa promotion s'effectuera à travers une part du Fonds valorisée à un million de dirhams.

Ce montant servira non seulement à l'organisation de missions dans ce domaine mais également à la quête des agents et à la «veille sourcing».
Tout compte fait, le modèle du secteur textile devra être dupliqué aux autres secteurs économiques du pays.

Car ce n'est qu'à travers l'octroi de tels fonds que les opérateurs pourront structurer l'offre Maroc. Le lobbying de l'AMITH pour l'octroi d'une telle manne devrait finalement inspirer les autres associations professionnelles.

Il sera d'autant plus bien reçu si les secteurs qu'elles représentent ont été identifiés comme stratégiques dans le cadre du programme Emergence. Car les chantiers demeurent encore nombreux et les moyens en deçà des ambitions dans bien des domaines.
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