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Rebondissement dans l'assassinat de Mécili

L'hebdomadaire "Le Canard enchaîné" et le site d'information "Rue89" révèlent mardi le lancement par un juge d'instruction français de deux mandats d'arrêt internationaux contre deux responsables directs de l'assassinat de Ali Mécili, avocat, porte-parole de l'opposition algérienne, abattu "sur ordre des services secrets algériens" dans le hall de son immeuble parisien.

26 Décembre 2007 À 15:52

Le double mandat d'arrêt du juge Baudoin Thouvenot, émis le 7 décembre dernier, vise Mohamed Ziane Hassani -qui se fait aussi appeler Rachid Hassani-, un capitaine de la Sécurité militaire algérienne (devenue entre temps le DRS: Département du renseignement et de la sécurité), dont la dernière fonction connue était consul d'Algérie à Bonn, et Abdelmalek Amellou, un "petit proxénète", ont indiqué les mêmes sources. Les deux organes de presse précisent que ce rebondissement d'une affaire étouffée est d'autant plus spectaculaire qu'il a lieu contre l'avis du parquet.

Selon "Le Canard enchaîné", à paraître mercredi, l'enquête aurait été relancée en 2003 par le témoignage d'un ancien colonel de la Sécurité militaire algérienne, Mohammed Samraoui, réfugié politique en Allemagne, précisant que l'ex-officier, Mohamed Ziane Hassani, visé par le juge Thouvenot "est aujourd'hui consul en Allemagne".

"Le magistrat risque de se heurter à la réticence des autorités judiciaires, soucieuses d'éviter une crise diplomatique avec Alger", ajoute l'hebdomadaire. Dans un long article, signé par José Garçon, le site d'information "Rue89" souligne, de son côté, qu'"il aura fallu vingt ans pour que l'affaire Mécili sorte du trou noir dans lequel Paris et Alger la maintiennent", précisant que "ce rebondissement d'une affaire étouffée par deux raisons d'Etat est d'autant plus spectaculaire qu'il a lieu contre l'avis du parquet". Indiquant que Mohamed Ziane Hassani était l'agent traitant du tueur dans la préparation du meurtre, le site d'information cite le juge Thouvenot qui a déclaré que l'enquête a montré que Abdelmalek Amellou "était en relation avec des membres de la sécurité militaire ou des officiers de l'armée algérienne et qu'il possédait un ordre de mission du capitaine Hassani".

Abdelmalek Amellou, "petit proxénète qui coule des jours heureux en Algérie avait été arrêté à Paris deux mois après son forfait et expédié à Alger par les autorités françaises de l'époque en procédure d'"urgence absolue", dès la fin de sa garde à vue. Pourtant, les faits retenus contre lui sont accablants", précise "Rue89".

Selon ce site d'information, le rôle de Mohamed Ziane Hassani dans l'assassinat de l'avocat algérien était très vite apparu aux enquêteurs français, rappelant à son tour qu'en 2003, un "témoignage édifiant permettait d'établir que cet agent consulaire diplomatique en Allemagne avait aussi assuré le suivi de l'exécution d'Ali Mécili". Dans son mandat d'arrêt, le juge Thouvenot a noté que Mohammed Samraoui, "sur lequel l'Etat algérien rêve d'ailleurs de remettre la main- et qui était, à l'époque des faits, responsable d'une "section de prévention économique de l'armée pour la région Est", "nous a déclaré avoir assisté à une réunion fin juin-début juillet 1987, au cours de laquelle Amellou a reçu des mains de Hassani une forte somme d'argent en liquide, qui n'était visiblement qu'une partie de ce qu'il devait recevoir (800.000 francs)", rapporte le site d'information.

"Auditionné par le juge français, Hicham Aboud, un autre ex-officier de la Sécurité militaire, fera également état de cette information", précise-t-il. Selon le site "Rue98", "ces éléments nouveaux concernant Hassani n'ont pas suffi à convaincre le parquet de la nécessité d'émettre des mandats d'arrêt contre l'agent consulaire algérien. Pas plus d'ailleurs que contre Amellou".

Le site souligne que le mandat d'arrêt du 7 décembre "vient pourtant d'ouvrir une brèche dans l'omerta qui régit les relations entre la France et l'Algérie", ajoutant qu'"il demande notamment aux policiers algériens de le "notifier à Amellou à son dernier domicile connu", Hassani devant quant à lui être localisé".
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L'ex-GSPC fait parler de lui

La branche d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (BAQMI, ex-GSPC algérien), dont deux membres seraient impliqués dans l'attaque qui a coûté la vie lundi à quatre touristes français à Aleg (250 km à l'est de Nouakchott), veut enrôler sous sa bannière les groupes armés islamistes de Tunisie, d'Algérie et du Maroc, ainsi que ceux du Sahel.

Parmi les trois auteurs de l'attaque figurent "deux jeunes Mauritaniens qui sont soupçonnés d'appartenance à des groupes extrémistes salafistes", selon le parquet de Nouakchott.
Ils avaient été arrêtés en 2006 pour appartenance présumée au Groupe salafiste pour la prédication et le combat, rebaptisé depuis Branche d'Al-Qaïda au Maghreb islamique.
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