Borj Nord de Fès, un patrimoine muséal revalorisé par les FAR
Borj Nord ou Borj Annour de Fès, un patrimoine muséal qui compte une collection de plus de 4.898 pièces d'armes, vient d'être revalorisé par les Forces Armées royales (FAR) sur Hautes instructions de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Chef Suprême et Chef d'état-major général des FAR.
La mission de réhabilitation de cette institution a été confiée à la Commission marocaine d'histoire militaire (CMHM), qui a fait appel à des bureaux d'études spécialisés et entrepris des recherches approfondies et des concertations fructueuses avec toutes les parties concernées, notamment le ministère de la Culture, pour faire aboutir ce projet.
Fondé en 1582 sur ordre du Sultan saâdien Ahmed El Mansour Eddahbi (1578-1603), Borj Nord est sans doute le monument protecteur le plus majestueux de Fès.
Imposant par son ampleur (2.250 m2), remarquable par l'harmonie de son plan et l'équilibre de ses proportions, il témoigne d'une phase primordiale de l'évolution de l'architecture militaire. Du fait de l'épanouissement des armes à feu vers la fin du XVe siècle, ses bastions étaient destinés à abriter des armes lourdes et à supporter les tirs de canons.
En 1963, le borj abrite le premier musée spécialisé en matière d'histoire des armes au Maroc. Transformé sous la tutelle de la Commission marocaine d'histoire militaire, le 22 mars 2003, il a fait l'objet d'un projet global de réhabilitation qui englobe la consolidation et la restauration de la bâtisse, le réaménagement des abords extérieurs, l'installation des équipements spécifiques et muséographiques, la réorganisation de l'exposition et la restauration de la collection.
La collection au sein du musée est à la fois riche et variée, elle représente dans l'ensemble une fourchette chronologique allant de la Préhistoire jusqu'à l'apparition des armes à feu automatiques de la première moitié du XXe siècle. Les œuvres présentent aussi un intérêt ethnologique, technologique et esthétique.
Le musée comprend ainsi des armes à feu individuelles du 15e au 18e siècle (de la platine à mèche au fusil à silex), l'artillerie (genèse et évolution du 14e au 19e siècle et d'autres armes à feu individuelles du 19e au début du 20e siècle). Cette partie de l'exposition est illustrée par des dessins, des photos, des fac-similés de manuscrits anciens, des panneaux didactiques et des maquettes.
L'exposition comprend des armes blanches, armes d'hast, dagues, haches, piques, lances, hallebardes, fauchards et pertuisane puis des sabres marocains et de divers pays : Indonésie, Algérie, Inde, Chine, Turquie, Soudan, Vietnam, Allemagne, Espagne, Italie, Perse et Angleterre.
Des poignards, également, du Maroc et de plusieurs autres pays, tel le poignard indonésien du 17e siècle connu sous la dynastie royale de Mataram.
Ce poignard a été offert au musée par le gouverneur de Jakarta.
Des harnachements de cheval du Maroc et de l'Algérie y sont également exposés. De même que des cartouches de projectiles, des explosifs, de la poudre, des balles, des chargeurs de balles, des fusils de pays islamiques et européens, ainsi que ceux du type Spencer, de grande rapidité, utilisés dans la guerre américaine de 1865.
Le musée présente des armes marocaines traditionnelles en tant qu'éléments révélateurs du savoir-faire de l'artisan national et en tant qu'œuvres de synthèse pour lesquelles contribuent plusieurs corps de métiers artisanaux, tels que la sculpture du bois, de l'os, de l'ivoire et de toutes les ornementations faites à base de métaux (fer, cuivre, argent et or).
Ce patrimoine abrite également des expositions photographiques et des projections axées sur le Borj avant, au cours de son entretien et après les travaux de réhabilitation de la collection menés par la CMHM ; des expositions temporaires (la magie de la lame, les armes blanches d'Europe, d'Afrique et d'Asie) et de munitions (boules de canons, obus...).
Ce musée est le seul au Maroc à conserver des objets muséaux émanant de pays étrangers (35 pays). En chiffres, Borj Annour abrite actuellement 4.898 pièces d'armes, dont 775 sont exposées de façon permanente et 2.479 en réserves. 5.269 autres pièces sont en cours de restauration au sein de l'atelier du musée.
En plus de l'exposition permanente, le musée abrite un espace d'exposition temporaire, une salle de documentation et de projections audio-visuelles ainsi qu'un atelier de restauration.
Au sein du musée, on trouve aussi des canons marocains, dont un en bronze remontant au XVIIe siècle, et européens, dont un espagnol fabriqué en 1606, quatre canons de type Geripoval datant de 1763 et un autre offert par le Roi Gustave III de Suède au Sultan du Maroc. On y trouve également des boulets de canon avec divers diamètres et un appareillage de fabrication marocaine pour nettoyer les canons (Lanterne-Refouloir-Ecouvillon).
A la sortie du musée, sont exposés deux fusils du Nord marocain et un canon marocain en bronze remontant au XVIe siècle. Celui-ci est la plus grande et majestueuse œuvre du musée (il pèse 12 T pour 4,80 m de longueur), son chariot en bois et bronze est exposé hors du musée près de la sortie. Selon la tradition orale ce gigantesque canon, appelé " Sidi Mimoun ", a été utilisé pendant la bataille des Trois Rois.
D'autre part, une partie des réserves du musée est visitable, de même que la citerne située en sous-sol. A la terrasse du Borj, des longues vues électriques sont tenues à la disposition des visiteurs désireux d'avoir des vues panoramiques rapprochées de la capitale spirituelle du Royaume.
Par ailleurs, la population locale, en particulier les habitants des quartiers voisins, entretient depuis plusieurs décennies des liens intimes avec le Borj et ses abords.
Le monument fait partie d'un site pittoresque surplombant l'ancienne Médina de Fès et présentant un attrait à la fois historique, archéologique et naturel. La cérémonie de réouverture de ce musée s'est déroulée récemment à Fès dans le cadre des festivités commémoratives du 50e anniversaire de la création des FAR.