Forza Italia
LE MATIN
05 Juillet 2006
À 15:44
Si, d'aventure, l'Allemagne avait battu l'Italie lors de la demi-finale disputée mardi à Dortmund, ce n'aurait été que pure injustice tant il est vrai que la Squadra Azzurra avait fait l'essentiel du jeu et dominé la majeure partie de la rencontre.
Les Italiens, avant d'avoir inscrit les deux buts « assassins » lors des prolongations, avaient, à deux reprises, vu leurs tirs percuter la barre transversale du keeper Lehmann lequel avait, par ailleurs, sorti toute sa classe et tout son talent pour sauver sa cage de buts tout faits. Les Allemands argueront que la suspension de Frings avait grandement handicapé la Mannschaft, mais cela n'altère en rien la qualification des hommes de Marcello Lippi.
Solides en défense, complémentaires en milieu du terrain et incisifs en attaque, les Canavarro, Gattuso, Zambrotta, Totti et le chevelu Camoranesi ont dominé de la tête et des épaules une équipe allemande qui a montré toutes ses limites.
Peut-être que si l'Argentine avait réussi à passer, aurait-elle été la seule formation à pouvoir tenir tête à une Squadra Azzurra dont les racines s'ancrent dans l'ancienne histoire du « catenaccio » prôné par le légendaire Helénio Herrera et pratiqué par les Gentile, Fachetti, pour ne citer que ces deux-là. Mais l'actuelle Squadra, sous la conduite du subtil Marcello Lippi, a ajouté à son jeu un brin de créativité et un zeste de fantaisie qui en font une redoutable formation.
Peut-être aussi que les Allemands ont quelque peu péché par un sentiment inavoué de complexe d'infériorité vis-à-vis des Italiens réputés être leur bête noire. En six rencontres comptant soit pour la Coupe du monde (1962, 1970, 1978 et 1982) ou pour le championnat d'Europe (1988 et 1996), les Allemands n'ont jamais pu chasser le signe indien qui les poursuivait face aux Italiens.
La rencontre la plus épique de l'histoire entre la Mannschaft et la Squadra demeure cependant celle qui les avait opposés en 1976 à Mexico où après le temps réglementaire (1–1) et les prolongations, l'Italie sortira vainqueur
(4 – 2) grâce à Rivera qui inscrira le but de la victoire à la 111e minute.
Douze ans plus tard, en Espagne alors que Beckenbauer jouait le bras tenu par une écharpe, l'Allemagne perdra la finale du Mondial-1982 contre cette même Italie avec les Dino Zoff et Paolo Rossi. Au Chili en 1962 lors du premier tour et en Argentine en 1978 au cours du second tour, les deux nations s'étaient séparées sur des nuls (1 – 1) et (0 – 0).
Lors de l'Euro-88 en Allemagne et de celui de 1996 en Angleterre, deux nouveaux nuls ont sanctionné leurs rencontres. Quatorze victoires, 8 nuls, 7 défaites (44 buts marqués, 33 encaissés), le bilan est largement en faveur des Transalpins.
Ils ont dit :
Franz Beckenbauer (président du comité d'organisation du Mondial-2006 et double vainqueur de la Coupe du monde, comme joueur puis comme sélectionneur): « C'est dommage, mais je crois que l'Italie méritait sa qualification. Les Italiens se sont montrés plus intelligents et plus chanceux dans les dernières minutes de la rencontre. L'Allemagne a très bien joué, elle aurait mérité aussi de se qualifier, mais je crois au final que c'est l'équipe la moins fatiguée des deux qui s'est imposée. Les 90 premières minutes ont été très tactiques, mais ce n'était pas une rencontre ennuyeuse, bien au contraire, c'est même la meilleure rencontre que j'ai vue depuis longtemps. Lukas Podolski a eu une belle occasion de la tête, c'est vraiment dommage. »
Marcello Lippi (sélectionneur de l'Italie): « Je pense qu'au vu du match, cela aurait été injuste si on n'avait pas gagné.
On a été légèrement meilleurs. Pas forcément supérieurs, mais je ne crois pas qu'on puisse douter qu'on mérite de gagner. Je suis très heureux que l'équipe ait pu remporter un tel match, dans un stade avec 60.000 Allemands. On a livré un super match. On a maîtrisé le ballon, notamment en milieu de terrain.
Mais ce n'est pas encore la fin de la route. On doit encore conclure dimanche. »
David Odonkor (attaquant de l'Allemagne): « L'équipe est triste, car on avait un autre objectif que le match pour la 3e place: toute l'équipe a bien joué, mais notre but était d'être champions du monde. Il y a bien sûr de la malchance, mais c'est le football: nous avions assez de force même après le match contre l'Argentine, car nous avons pu nous reposer quatre jours. C'est seulement la malchance qui a fait la différence, car nous avons eu des occasions de but. Peu importe notre prochain adversaire, la France et le Portugal sont deux bonnes équipes, mais on veut gagner.
Nous avons encore de la motivation et nous voulons montrer que nous jouons bien. »
Andrea Pirlo (milieu de terrain italien): « C'était plein d'émotion, et un rêve d'enfant s'est réalisé, maintenant je vais jouer une finale de Coupe du monde. Je crois que nous avons mérité notre victoire. Nous avons eu beaucoup d'occasions et nous avons frappé la barre ou le poteau deux fois, l'Allemagne a eu de la chance sur ces coups-là. »
Lukas Podolski (attaquant de l'Allemagne): « La déception est énorme, il nous a manqué deux minutes pour atteindre la séance des tirs au but. Nous avons réalisé un meilleur match que contre l'Argentine et nous aurions mérité de gagner. J'étais sûr que nous allions être champions du monde. »
Alessandro Del Piero (attaquant italien, auteur du second but): « C'était un match fantastique et difficile, on est tombé sur une équipe très forte qui pouvait marquer la première, mais on a montré qu'on avait une volonté de se battre et de vaincre supérieure à la leur. »
Miroslav Klose (attaquant allemand): « Je crois que c'était un match très serré. Les deux équipes ont eu leur chance pendant le temps réglementaire. Mes compliments aux Italiens, ils nous ont eus juste à la fin en marquant deux très beaux buts. Nous sommes très déçus mais nous pouvons être fiers de notre équipe, nous avons beaucoup de très jeunes joueurs».