la difficile équation
AFP
08 Juillet 2006
À 15:18
L'arbitrage au Mondial-2006 de football, avant la finale, n'a donné lieu à aucun scandale majeur comme en 2002, mais les arbitres ont parfois eu du mal à interpréter les consignes de sévérité de la Fifa tout en respectant l'esprit du jeu.
Comme à chaque Coupe du monde, la Fifa (Fédération internationale de football) avait donné des instructions de grande sévérité: les contestations, le gain de temps, l'anti-jeu et les gestes dangereux, devaient être sanctionnés de cartons.
Conséquence, une pluie d'avertissements et d'exclusions lors de la première phase, des équipes qui terminent à 10 voire à 9, et un record absolu dans un Mondial avec seize cartons jaunes et quatre rouges dans le même match, Portugal - Pays-Bas en huitièmes de finale.
"Les arbitres ont tenu compte des instructions qu'on leur avait données sur les simulations, les coups de coude, les tirages de maillot", a confirmé le président de la Commission arbitrale de la Fifa, l'Espagnol Angel Maria Villar Llona, très satisfait de la performance globale de ses troupes.
Le discours officiel, pourtant, n'a pas toujours été très cohérent. A plusieurs reprises, Franz Beckenbauer, président du comité d'organisation, ou Sepp Blatter, président de la Fifa, ont reproché aux directeurs de jeu de trop mettre la main à la poche, entraînant parfois la suspension de joueurs à cause de fautes bénignes (Zidane, averti pour avoir tiré un coup franc avant le coup de sifflet de l'arbitre).
Le Russe Ivanov, l'homme des 20 cartons de Portugal - Pays-Bas, a successivement été désavoué puis réhabilité. "Il n'a pas été à la hauteur", déclarait Sepp Blatter le lendemain du match. "Il a fait ce qu'on lui a dit de faire, il n'a sorti ni trop ni pas assez de cartons jaunes", a répondu le président de la commission arbitrale.
N'empêche, M. Ivanov n'a pas été retenu dans la dernière liste de 12 arbitres sélectionnés à partir des quarts de finale.
Car mieux que leur collègue russe, les arbitres des derniers matches ont su privilégier l'esprit du jeu sur la lettre. En demi-finale notamment, ils ont été économes de cartons (cinq en deux matches) et ont renoncé à avertir pour certaines fautes -- simulations surtout -- qui aurait probablement été suivies de jaunes au premier tour.
Les quarts et les demi-finales du Mondial ont d'ailleurs été dans l'ensemble très corrects. Les menaces de suspension y sont sans doute pour quelque chose.
Résultat positif: un seul joueur est suspendu pour la finale, le Français Louis Saha, remplaçant.
Pour France-Italie, c'est l'Argentin Horacio Elizondo qui a été désigné. Il a déjà arbitré quatre matches du Mondial, et sorti 22 cartons jaunes et deux rouges, dont un contre l'Anglais Wayne Rooney en quart de finale contre le Portugal.
Avant même la fin du Mondial, la Fifa a suggéré quelques axes de réflexion pour l'avenir. Sur la façon de sanctionner, notamment, sans déséquilibrer les rencontres ni nuire au spectacle sportif. Joseph Blatter a évoqué l'idée d'un carton "intermédiaire" entre le rouge et le jaune, afin de limiter le nombre d'exclusions.
Le coach français Raymond Domenech, pour sa part, s'est dit favorable à un système d'exclusion temporaire en cours de match, pour remplacer l'actuel système des suspensions pour deux avertissements.
M. Blatter envisage en outre de donner aux arbitres plus d'informations sur les tactiques et les habitudes des équipes qu'ils doivent diriger.
Au final, l'arbitrage du Mondial, s'il n'a pas été parfait, n'a pas suscité les mêmes polémiques qu'en 2002, lorsque la Corée, pays co-organisateur, avait bénéficié de décisions très contestées pour franchir successivement les huitièmes puis les quarts de finale.