«Le Cube», petit espace pour servir les grandes idées. Ainsi, pour sortir des schémas classiques qui veulent que les organisateurs d'expositions préfèrent les grands lieux, le Centre autrichien d'information à Rabat, lui, va à contre-courant de cette idée et souhaite devenir la référence en matière d'arts plastiques.
Le mariage du tam-tam et de la vidéo
LE MATIN
19 Décembre 2007
À 15:11
Ce lieu culturel a déjà exposé les œuvres d'un groupe constitué de sept artistes représentatifs de la création contemporaine dans le Royaume et réunis sous l'indicatif de «Collectif 212». Son mini-espace d'art «Le Cube», composé de quelques mètres carrés, a réussi l'exploit de présenter une petite exposition qui vaut aujourd'hui le détour. Deux jeunes Marocains y présentent jusqu'au 27 décembre leur travail sur le thème «Rythme taillé». Redouane Arraoui et Mustapha Akrim, qui poursuivent encore leurs études supérieures à l'Institut national des Beaux-arts de Tétouan, exposent leur nouvelle création, une installation vidéo. Il s'agit d'un ensemble regroupant plusieurs «taârija» (tam-tam) autour d'une vidéo. Par ce travail, ce jeune duo surprend par un vrai labo de recherche artistique sur l'image et le son en tant que matières plastiques brutes.
Cette composition traduite dans un moule plastique vidéo se compose de plusieurs séquences en désordre. Contrairement à certains artistes marocains qui ont utilisé la vidéo comme support documentaire, ces deux jeunes plasticiens ont voulu appliquer ce support à d'autres fins. «Nous vivons dans un monde où le virtuel prédomine. Notre objectif est de rendre l'invisible visible, tout en permettant à la culture d'être accessible à tout le monde. Notre projet, qui marie tradition et modernité, se pose également la question sur la richesse sonore de notre pays et par la suite veut rendre le folklore marocain universel. Pour cela, nous avons commencé à rechercher tout ce qui est en relation avec la musique de notre pays, comme la ‘'taârija''. Contrairement à ce qui est véhiculé, cet instrument n'est pas marocain, il est d'origine perse. Au début, il était volumineux et créait trop de soucis pour les voyageurs qui se déplaçaient à l'époque entre l'Orient et l'Andalousie. Pour résoudre ce problème, les fabricants ont été obligés de réduire sa taille.
Cette transformation lui a permis après de devenir accessible à toutes les tribus et par la suite au grand public», explique R. Arraoui. Quant à sa découverte de l'art vidéo, elle remonte à quelques années, lors d'un stage effectué à la cinémathèque de Tanger. L'artiste Yto Berrada, la fondatrice de cette cinémathèque considérée actuellement comme la mémoire vidéothécaire nationale, l'avait accueilli dans le cadre d'un projet de développement de la culture de l'image dans le Royaume. Ce duo, qui travaille maintenant sur d'autres projets tels que le développement de photos sur divers supports plastiques (bois, plâtre, etc.) pour R. Arraoui ou la mémoire pour M. Akrim, dit avoir été influencé par des vidéastes tels que le Coréen Nam June Paik, pionnier de l'art vidéo et du mouvement culturel Fluxus, qui a essayé de transformer l'anti-art en art. --------------------------------------
Programme 2008
Etabli depuis décembre 2004 à Rabat, le Centre autrichien d'information dans la capitale s'affirme comme une nouvelle plate-forme d'échange entre Rabat et Vienne. Disposant d'une bibliothèque et d'une médiathèque, agrémentées d'un petit café viennois, il permet désormais à un large public de se familiariser avec les différents aspects de la culture autrichienne. Avec l'ouverture de son espace d'art, «Le Cube», ce centre culturel se donne pour objectif de promouvoir notamment les arts plastiques.
Pour l'année prochaine, les responsables ont déjà préparer un programme : Josep Ginestar (Espagne) en coopération avec l'Institut Cervantès (du 17 janvier au 8 février 2008), Katrin Ströbel (Allemagne) en coopération avec l'Institut Goethe (du 14 février au 21 mars), l'artiste marocaine Malika Sqalli (du 10 avril jusqu'au 23 mai), Nicole Schatt (Suisse) en coopération avec l'ambassade de la confédération helvétique (du 5 juin au 18 juillet).