Assises de la formation professionnelle : L'adéquation formation emploi au cœur du débat
LE MATIN
07 Novembre 2006
À 01:00
Coup de pouce pour la formation professionnelle. Le gouvernement a annoncé une panoplie de mesures lors des premières assises dédiées à ce secteur, organisées les 31 octobre et 1er novembre 2006 à Rabat sous le thème : "Maroc des compétences : mobilisons nos énergies pour le construire".
Objectif : en faire un levier pour satisfaire les besoins des entreprises, d'une part, et promouvoir le marché du travail, d'autre part.
Première mesure, l'enveloppe budgétaire allouée à cette branche sera doublée à partir de 2008. Au titre de la loi de Finances 2007, elle porte à peine sur 5 millions de DH, ce qui est insignifiant face aux besoins et attentes des professionnels.
A noter qu'à travers cette mesure, le gouvernement a pour objectif de participer au financement de certaines formations dans les filières de niveau technicien spécialisé revêtant une priorité pour l'économie nationale. Ceci contribuera à rattraper le retard accusé dans ce domaine et à doter les entreprises de compétences adéquates pour suivre l'évolution des marchés national et mondial.
«Le gouvernement poursuivra son appui direct aux établissements privés de formation professionnelle en matière d'élaboration des programmes de formation et de perfectionnement de leur encadrement pédagogique et administratif, aussi bien dans le cadre du budget de l'Etat que dans celui de la coopération internationale», promet Driss Jettou, dans son allocution lue par le ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle, Mustapha Mansouri.
Secundo, le secrétariat d'Etat chargé de la Formation professionnelle a signé deux conventions-cadres, l'une avec le Groupement des industriels marocains aéronautique et spatial (Gimas) et l'autre avec l'Association marocaine de l'industrie et du commerce automobile (Amica).
D'ailleurs, des études qui intéressent ces métiers ont été réalisées en partenariat avec les opérateurs concernés.
Rien que pour l'aéronautique, les professionnels ont exprimé un besoin de plus de 250 opérateurs qualifiés à fin juillet 2007. Ce qui a motivé la création d'un centre de formation dédié qui démarrera début 2007. Ce programme est lancé en partenariat entre l'OFPPT, le Gimas, la RAM et l'UIMM (France).
De plus, avec le développement de la sous-traitance aéronautique au Maroc, la demande sera axée davantage sur des profils pointus. Un vrai défi pour la formation professionnelle à qui incombe le devoir de préparer des techniciens de qualité et en quantité suffisante.
L'industrie automobile n'est pas en reste, un Institut des métiers du montage et des équipements automobile est en projet. Rappelons que l'OFPPT accompagne le développement de cette filière en formant 11.000 stagiaires sur 120 sites.
A noter que ces accords entrent dans le cadre du challenge relevé par la formation professionnelle pour accompagner le plan Emergence et améliorer la compétitivité du tissu industriel. Outre ces deux secteurs, six autres sont visés, dont l'offshoring, qui table sur la formation de 10.000 ingénieurs à l'horizon 2010, et la sous-traitance industrielle.
Et ce, dans le but d'encourager les professionnels à s'impliquer dans le processus de formation, aussi bien au niveau de l'identification des besoins en compétences qu'à celui de la cogestion des établissements de formation professionnelle.
Pour atteindre cet objectif, le gouvernement apportera aux associations professionnelles l'appui institutionnel et matériel nécessaire, est-il précisé.
Sur un autre registre, un soutien sera accordé au programme de formation des filles et fils d'agriculteurs et à l'accompagnement du plan de développement du secteur de l'artisanat.
400.000 jeunes formés
De 2003 à 2006, l'effectif des jeunes ayant bénéficié de la formation professionnelle a doublé. Près de 400.000 diplômés ont été mis sur le marché du travail. Pour l'année 2006-2007, le nombre de stagiaires a atteint 142.000, multiplié par 2,7 comparé à 2002-2003. A noter que pour assurer une formation de qualité, l'OFPPT gère 245 établissements de formation et dispose de 6.380 collaborateurs dont 3.900 formateurs. Le secteur privé est également mis à contribution. Il a participé à la formation de 35 % des lauréats durant la période 2003-2006. De plus, avec l'appui de l'Etat, sa contribution ira crescendo.
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Recommandations
Les recommandations adoptées à l'issue des ateliers, auxquels ont participé quelque 800 responsables gouvernementaux, universitaires et acteurs socio-économiques, portent sur :
- l'activation de l'aboutissement du projet de décret validé par les partenaires sociaux pour la mise en place de mesures de développement des programmes d'alphabétisation fonctionnelle par la prise en charge de primes en faveur des salariés alphabétisés ;
- la préparation des conditions permettant aux partenaires sociaux d'assumer pleinement la responsabilité de la gestion et du pilotage du fonds de la formation en cours d'emploi et l'établissement d'un projet de loi sur cette base ;
- la consolidation des études d'évaluation des politiques de la formation en cours d'emploi ;
- la révision du système de pilotage et de coordination du système de la formation professionnelle et la consolidation de l'approche sectorielle et régionale ;
- le renforcement de l'implication des professionnels dans la gouvernance ;
- le renforcement du dispositif d'évaluation du système de la formation professionnelle ;
- l'amélioration du système de financement pour une meilleure répartition et pérennisation des ressources entre les différents opérateurs ;
- l'organisation et la gestion de la formation en cours d'emploi ;
- la validation des acquis professionnels et la qualification des organismes de conseil et de formation en cours d'emploi ;
- la nécessité de maîtrise des langues étrangères, notamment le français, de l'enseignement des concepts de qualité et de norme ;
- l'intégration dans la formation professionnelle de valeurs telles l'excellence, la rigueur, la sécurité et l'hygiène ;
- l'accompagnement des acteurs du secteur privé dans l'élaboration et la gestion de l'offre de formation ;
- l'élaboration d'une politique de synergie dans la formation ;
- la révision des missions et du fonctionnement des commissions nationales sectorielles de la formation professionnelle privée et des commissions régionales interprofessionnelles de la formation professionnelle privée ;
- la restructuration des formations existantes dans le secteur de l'électronique ;
- la création de centres de compétences pour la formation de formateurs et de maîtres d'apprentissage ;
- etc.