Spécial Marche verte

Filles et garçons, à chacun son éducation

L'inconscient influence largement les gestes et les comportements des parents Beaucoup de parents ont l´impression de donner aux filles et aux garçons à peu près la même éducation. Et pourtant leur attitude au quotidien, et les interactions très précoces qu´ils mettent en place, montrent qu´ils ne se comportent pas avec les filles de la même façon qu'avec les garçons.

22 Novembre 2007 À 17:29

En effet, "selon qu'il s'agit d'un garçon ou d'une fille, nous nous montrons plus ou moins sévères avec eux, nous attendons d'eux un certain type de comportement, nous leur passons certaines choses et d'autres pas, nous les incitons plus ou moins à participer aux tâches ménagères ou à avoir de bons résultats en classe, et nous surveillons plus ou moins leurs sorties…" précise la pédopsychiatre Ghislaine Benjelloun.

Se pourrait-il donc, qu'élever un garçon et élever une fille ne soient pas la même chose? La société, les stéréotypes et l'éducation conditionnent-ils les enfants différemment selon leur sexe? Comment corriger alors les excès d'une idéologie affirmant que "les filles et les garçons, c'est pareil"? Le point.

Garçons filles : quelle différence ?
Les idées reçues sur les garçons fusent : ils seraient plus difficiles, moins bavards, moins doués à l'école les premières années et plus souvent malades que les filles (plus dociles, plus obéissantes et moins actives)…Pourtant, deux aspects physiques différencient les deux sexes d'office. Ainsi, les garçons excellent dans certaines activités, et les filles dans d'autres.

Le premier aspect est relatif au cerveau. En effet, de nombreuses études ont montré que les cerveaux féminin et masculin ne se développent pas de la même façon. Les deux hémisphères communiqueraient de manière plus prononcée chez les filles. Résultats : elles auraient tendance à analyser davantage, à se poser plus de questions. Quant au cerveau droit des garçons, il serait plus riche en connexions internes, cela expliquerait que les garçons réussissent mieux en mathématiques et se situent mieux dans l'espace. Au niveau des deux régions du cerveau dédiées au langage, elles sont de 20 à 30% plus volumineuses chez les filles. Par conséquent, les garçons parlent souvent plus tard que les filles. Les spécialistes conseillent de s'adapter à cette différence en encourageant le garçon à s'exprimer à travers des histoires et des échanges réguliers.

Le second aspect qui fait pencher la balance vers le côté masculin est l'énergie. En effet, il faut comprendre qu'un garçon a en moyenne 30% de masse musculaire de plus qu'une fille. Il est plus fort et son corps le pousse davantage à l'action. Il a aussi plus de globules rouges. Les garçons ont donc un besoin physique de bouger et de se dépenser ! Quant à l'hormone masculine de testostérone, elle le conduit à se mouvoir.

Faut-il s'en occuper de la même façon ?
La réponse est non ! Les normes sociales conditionnent les comportements en fonction du sexe de l'enfant.
"Nous avons inconsciemment une idée précise de l'état de garçon ou de fille. Des études ont montré que face à un enfant qui pleure, on incombera ses larmes à la tristesse pour une fille, alors qu'on dira du garçon qu'il est en colère", rappelle notre spécialiste.

De plus, les parents parleraient plus volontiers avec leur nourrisson fille et lui donneraient plus de bisous. Alors qu'avec un garçon on le prend dans les bras et on le pousse plus facilement à se surpasser physiquement. Nous donnons aussi plus naturellement des petites voitures à un garçon et des poupées à une petite fille. Notre inconscient influence donc largement nos gestes et nos attitudes en fonction du sexe de notre enfant.

Dès l´âge de 18 mois, les enfants commencent à s´y conformer d´eux-mêmes. Jusqu´à 5- 6 ans, ils sont même extrêmement rigides sur les "catégories" de sexe : "ça, c´est pour les filles", disent-ils et "ça, c´est pour les garçons". Cette rigidité participe non seulement à la construction identitaire de l´enfant, mais détermine aussi, en partie les rôles sociaux qu´ils joueront plus tard.
Quoique la société a toujours un mot à dire dans ce contexte: un garçon qui veut faire de la danse est toujours suspecté d´être efféminé et une petite fille qui aime jouer au football sera encore taxée de "garçon manqué".

Par ailleurs, à l´adolescence, les filles ont moins de liberté pour sortir, elles pratiquent davantage d´activités qui leur permettent d´être en famille, alors que les garçons fréquentent davantage la rue, les bandes, les cafés. Quant au partage des tâches ménagères au sein de la famille, il évolue très lentement. Des études ont montré qu´on exigeait davantage des petites filles qu´elles rangent leur chambre ou qu´elles mettent le couvert, par contre, les parents rouspètent quand les garçons ne font pas le ménage, mais finissent souvent par le faire à leur place.
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De la tendresse...

Certains parents craignent qu'en cajolant leur fils, ils en feront un enfant timoré. Or, les garçons ont tout autant besoin de caresses et de preuves d'amour que les filles. Aussi, entourez-le d'affection. La maman est le premier amour de son fils. Elle représente aussi son premier modèle féminin. Pour grandir et devenir un adulte heureux, il doit recevoir de la tendresse, de la chaleur, une sécurité affective…De façon générale, pendant les premières années, le bébé - quelque soit son sexe - a besoin de câlins et de bisous. A vous de tendre l'oreille et de vous adapter à son évolution.

Vers 6 ans, il voudra davantage faire une partie de foot avec son papa que se lover dans vos bras, et encore, tous les schémas existent… Par ailleurs, faites attention en encourageant tout ce qui est masculin, car vous risquez de faire de votre fils un macho. A vous donc, de lui apprendre à respecter les femmes et à votre compagnon de montrer l'exemple d'un papa moderne qui assume ses responsabilités !




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