Né il y a dix ans de la volonté des dirigeants du magazine “Femmes du Maroc”, Caftan fête cette année sa dixième édition. Un événement devenu international qui annuellement consacre des talents confirmés et présente au public des jeunes talents.
LE MATIN
08 Mai 2006
À 15:47
Cette année encore, la nouveauté est à l'honneur avec une représentation animée par plus de trente mannequins marocains, français et libanais, dont le top model Adriana Karembeu, devenue une fidèle de cet événement.
Un rendez-vous annuel qui a permis à l'habit traditionnel marocain qu'est le caftan de devenir international. Une ouverture qui s'est faite grâce aux stylistes qui ont su le remodeler et lui donner un nouveau souffle à travers des coupes jeunes, épurées, plus en harmonie avec la mode actuelle. Cette année le caftan s'est fait robe bustier ou encore robe pantalon pour les plus téméraires, d'autres stylistes ont choisi de rester dans la sobriété en conservant au caftan son cachet traditionnel.
Dix ans de talent
Le show qui s'est déroulé au Palais des congrès à Marrakech a réuni près de 1.200 personnes et a été retransmis en direct sur la première chaîne de télévision marocaine. Un spectacle qui a débuté avec des caftans de Zineb Lyoubi Idrissi laquelle a choisi pour cette année le thème de la fantasia pour créer des caftans hauts en couleurs mais qui restent très pratiques.
Ont suivi les créations d'Albert Oiknine, qui commença son show par une magnifique tenue de mariée blanche portée par la non moins subliminale Adriana. Des tenues sobres donc, pour cette édition mais d'une grande élégance pour fêter le "cinquantenaire de l'indépendance et 10 ans de caftan”.
La troisième styliste à présenter ses créations a été Siham El Habti, qui fait partie de la catégorie jeunes talents. Sa collection, inspirée des salons marocains, s'est déclinée sous forme de pantalons, corsets et autres fantaisies. Place ensuite à la couleur avec Lahoucine Aït El Mahdi qui, comme chaque année, nous donne une leçon d'harmonie dans les tons. Des tenues inspirées des broderies ottomanes et perses, rehaussées de bijoux vieillis. Le monde berbère a encore une fois confirmé son maître en la matière.
Un maître encore mais d'un tout autre genre a enflammé la scène avec des créations dignes des plus grandes pièces de théâtre ou encore des podiums internationaux. Noureddine Amir, que l'on ne présente plus, nous a offert un moment de grâce à travers des créations faites de raphia, bzioui et autres matières brutes dont il a fait sa spécialité.
Zahra Yaagoubi nous fait ensuite prendre "la route de la soie” avec des saris d'une grande finesse qu'elle met en scène dans des coupes extravagantes. De la couleur, des bijoux indiens, de la superposition et des drapés, tel est l'univers magique de cette styliste dont la renommée a dépassé nos frontières. Le spectacle continue avec le jeune talent Reda Boukhlef pour Mahe-Mi, qui a présenté une collection faite de robes caftans qui associent des drapés à des coupes déstructurées, le tout orné de cristaux Swarovski.
Puis, retour à la sobriété des coupes avec la styliste haute couture Ihssan Ghaïlane. Cette Tangéroise met l'accent cette année sur les broderies et les incrustations, l'ensemble dans une floraison de couleurs mais tout en gardant la coupe traditionnelle du caftan.
Le spectacle se poursuit avec la collectionneuse de caftans et de bijoux anciens, Dahab Ben Aboud, qui nous ouvre les portes de son univers avec une collection où la beauté des tissus le dispute à celle des broderies et des bijoux. Du velours donc, et du brocard, pour sublimer des silhouettes de rêve, le tout entièrement brodé et incrusté de bijoux anciens provenant de la collection privée de la styliste.
Saviez-vous que l'orange, le vert et le rose étaient des couleurs que l'on pouvait associer à des tissus panthère ? Assia Raïss Lazrak, jeune talent de cette année, nous en a donné la preuve avec des caftans près du corps dans des tissus chatoyants entièrement brodés de fils d'or.
Revenons à la catégorie haute couture, avec Nabil Dahani, amoureux du cinéma égyptien en noir et blanc et qui en a fait cette année son thème. Des tenues colorées portées sous des capes en noir ou blanc.
Place ensuite à la couleur, avec un tableau grandiose présenté par Nadia Lakhdar, jeune talent à suivre de cette édition. Des habits inspirés de Marrakech, associant le taffetas et le satin, déclinés dans des coloris vifs tels que le fuschia, le turquoise et l'orange, avec des bottes en accessoires et des ceintures en cuir qui marquent la silhouette.
De l'élégance pour poursuivre le spectacle, avec la styliste Fadela Berrada qui œuvre depuis plus de vingt ans dans le monde de la couture et qui a préféré rester cette saison dans la sobriété. Elle signe une collection qui est un hymne à la nature, une nature gaie et florissante qu'elle traduit dans des couleurs pastel et des broderies figuratives.
Le dernier jeune talent à présenter sa collection, Kacem Sahl pour Dar Oum Al Ghaït, a remporté le vote du public avec sa collection faite de bzioui en noir et blanc, le tout rehaussé d'une touche de couleur. Les accessoires étaient essentiels dans son travail puisqu'il a présenté toute une collection de petits sacs en satin et passementerie coordonnés aux caftans.
L'ultime styliste à défiler dans la catégorie haute couture, Mohamed Lakhdar, a remporté un franc succès. Ce spécialiste de la sfifa géante l'a déclinée dans des tenues plus belles les unes que les autres à travers un thème gothique. Un spectacle grandiose où le caftan brille de toute sa splendeur et qui lui a valu le prix du meilleur styliste haute couture, attribué par le jury de "Femmes du Maroc”.
Un prix qui a provoqué une polémique sur le podium et dont les stylistes n'avaient, d'après eux, pas été informés. Le choc se lisait en tout cas sur les visages de tous les stylistes haute couture qui, venus célébrer la décennie de "Caftan du Maroc”, se retrouvent sur scène en concurrence.
Ce petit désagrément ne doit néanmoins pas nous faire oublier la magie de ce spectacle qui nous a transporté dans des univers faits de beauté, d'extravagance, d'audace et surtout de talent. Alors merci encore à tous les stylistes - ayant participé pendant ces dix années et cela toutes catégories confondues - d'avoir fait revivre le caftan et de lui avoir redonner ses lettres de noblesse.