Spécial Marche verte

Silence radio du côté de la Cnops

Les praticiens révoltés par l'application, à deux vitesses, de la nouvelle tarification

23 Novembre 2006 À 16:10

Décidément, malgré les menaces de grève, les 6 millions d'adhérents non pris en charge dans le cas de maladies cardiaques, les lettres et demandes d'audience au Premier ministre, les réunions massives… c'est le blocage total. La Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (Cnops) et le secteur privé des cardiologues cliniciens et interventionnels n'arrivent toujours pas à se mettre d'accord quant à la tarification proposée par la Cnops dans le cadre de l'AMO. "Des médecins à Marrakech, nous ont informés de la mort de 7 patients.

Et ce n'est que la partie visible de l'iceberg. "Après la suspension de la convention en août, nous avons tapé fort en espérant faire bouger les choses, sans résultats. Nous l'avons donc mis en sourdine pendant un mois, mais toujours rien. Aujourd'hui, il faut agir.

C'est de vies humaines dont on parle", souligne un cardiologue qui depuis le début de cette histoire est sur le pied de guerre. Pour essayer de mettre fin à ce bras de fer, la Fédération marocaine des cardiologues privés a, au début du mois de ramadan, fait appel à des experts militaires pour arbitrer et vérifier les chiffres des cliniques privées. " Nous avons proposé une plateforme de prix à la Cnops.


Et depuis, nous attendons toujours la réponse. Entre-temps, nous avons continué à assurer les urgences sans être payés ", explique Mustapha Chibani, président de la Fédération. Pourtant, d'après des factures qui nous sont parvenues, certains hôpitaux continuent à bénéficier des anciens tarifs de la Cnops. " Il s'agit de l'hôpital Cheikh Zayed. La dilatation a été prise en charge à hauteur de 29.000 Dhs, la coronographie à 7.900 Dhs. Pour les privés, le tarif de la coronographie est de 5.400 Dhs. Nous voulons donc comprendre ce qui se passe", demande avec indignation Mustapha Chibani.

Contactée par " Le Matin ", la Cnops n'a rien trouvé à dire à ce sujet. " Il faudrait vérifier. Toutefois, je peux vous assurer que nous avons conclu un accord avec la Ligue nationale de la lutte contre les maladies cardiovasculaires. Nous prenons en charge les patients à 100 % ", a déclaré Aziz Khorsi, responsable communication de la Cnops. Mais ce n'est pas pour autant que nous avons des nouvelles de cette vérification.

En effet, relancés à maintes reprises par nos soins, les responsables de la Cnops ont tout simplement décidé de faire la sourde oreille. Quant à l'accord établi avec la Ligue, nos cardiologues se déchaînent : " La ligue a un statut spécial. C'est un centre de chirurgie cardiovasculaire au sein de l'Hôpital universitaire Ibn Sina de Rabat.

C'est une structure étatique qui n'a pas à supporter des frais de fonctionnement", réplique Mustapha Chibani. Rappelons que les investissements faits par le secteur privé de la cardiologie s'élèvent à 30 millions de dirhams et que la maintenance du matériel revient annuellement à 450.000 DH. Aux dernières nouvelles, ce soir, à 19h, se tiendra à Skhirat une réunion organisée par la Fédération marocaine des cardiologues privés afin d'annoncer officiellement une grève définitive de ces derniers et la fin de la prise en charge des urgences par les cliniques privées.

D'ailleurs, d'après nos sources, plusieurs malades ont déjà été évacués vers les hôpitaux publics le mercredi. " Nous avons été les premiers à nous réjouir à l'annonce de l'AMO. Mais avec cette nouvelle tarification, nous risquerons d'aller vers une baisse de la qualité des soins et une détérioration des structures", conclut Mustapha Chibani. Ce qui, encore une fois, compromettrait la santé du citoyen qui continue pourtant à payer ses cotisations !
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Les origines de la discorde

1er août. Surprise générale dans les cliniques privées.
La convention cardiologique entre la Cnops et ces dernières aurait été suspendue sans que celles-ci soient mises au courant, et ce, malgré la clause, incluse dans la convention, stipulant qu'en cas de rupture de contrat, les deux parties doivent en être informées un à deux mois à l'avance.

Et donc, depuis ce jour, C'est la guerre! La Cnops, qui n'a pour seul souci que celui de baisser les prix au détriment de la santé du patient, ne cherche pas à comprendre les doléances des cardiologues qui estiment que la baisse de la tarification aura pour conséquence un retour en arrière et une régression de la qualité des soins.
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