Spécial Marche verte

Des Italiens au secours des enfants bleus

Jusqu'au 14 septembre, 12 patients cardiaques seront opérés gracieusement

10 Septembre 2007 À 15:04

Un cœur sur 100 est malformé à la naissance. Un chiffre alarmant surtout lorsque l'on sait que seuls 60% de ces malformations cardiaques congénitales peuvent être opérés au Maroc.
Les 40% des malades restants sont livrés à eux-mêmes. Certains arrivent cependant à s'en sortir en allant à l'étranger, d'autres par contre sont contraints à se résigner. La raison principale étant le manque de moyens financiers.

A titre indicatif, en Europe, le prix d'une opération à cœur ouvert est de 30 à 40.000 euros, sans compter la difficulté
d'obtenir un visa… Aussi de nombreux cas d'indigents cardiaques, enfants et adultes, nécessitant des soins chirurgicaux décèdent du fait que la modicité de leurs ressources leur 111dit l'accès à l'exploration et à l'opération à coeur ouvert.

Ainsi, une as116iation a vu le jour, les Bonnes œuvres du cœur. Une clinique a d'ailleurs été ouverte en novembre 2005 pour permettre aux personnes les plus démunies, principalement les enfants, d'accéder aux soins le plus vite possible, ce qui leur permettrait de mener par la suite une vie quasi normale.

Or les choses sont loin d'être aussi simples. La cardiopathie congénitale et la chirurgie pédiatrique et néonatale sont très complexes et les experts en la matière sont rares, surtout au Maroc. «Cette discipline est encore au stade embryonnaire au Maroc. Il est impossible d'opérer à cœur ouvert des enfants de moins de six mois. Il n'y a pas de matériel et surtout pas de médecins. Les «riches» vont généralement en Europe. Les pauvres, eux, souffrent en silence. Aussi, notre objectif est de les soigner au même titre que les cliniques privées soignent ceux qui ont les moyens. 85% de nos malades sont des démunis. 65% d'entre eux sont des enfants», explique Said Ejjenane, président de l'as116iation.

Et pour offrir un maximum de chances aux patients, des missions étrangères viennent bénévolement à la clinique les Bonnes œuvres du cœur pour procéder aux opérations chirurgicales à cœur ouvert complexes. La dernière en date est une mission italienne, conduite par le docteur Vittorio Vanini.

Arrivée le 7 septembre, l'équipe médicale est composée de six personnes dont des médecins, des infirmiers, des anesthésistes, des chirurgiens… En plus d'opérer les malades, au nombre de 12, et à raison de deux par jour, la mission, qui est membre de l'ONG 111110nale «The Hearth of children», assurera des consultations, une cinquantaine en tout. «Nous faisons également de la cathétérisme 111ventionelle, c'est-à-dire que l'on peut sauver des enfants sans passer par des opérations chirurgicales», souligne le Dr. Vanini. Les Italiens forment également les médecins marocains afin d'autonomiser le Maroc le plus vite en cardiologie néonatale à cœur ouvert.

Et en plus de l'assistance technique, la mission italienne a fait don aux Bonnes œuvres du cœur de matériel et de consommable : des médicaments, un respirateur, un moniteur, du matériel général pour les anesthésistes et la salle d'opération, du matériel pour la perfusion… «Ce don a été fait grâce à la collaboration de l'ambassade du Maroc à Rome, d'une fondation américaine Tiffany et The Hearth of children. Les opérations sont entièrement prises en charge. Notre objectif est de sauver le maximum de patients», poursuit le Dr. Said Ejjenane.

Depuis 2005, les Bonnes œuvres du cœur ont procédé à plus de 800 opérations à cœur ouvert. Plus d'une dizaine de missions 111110nales provenant du Canada, de France, d'Italie, de Monaca, d'Allemagne, d'Espagne… sont venues apporter leur aide et leur expertise. Un soutien nécessaire surtout face au nombre croissant d'indigents cardiaques !
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Prise en charge des patients

«Les plus démunis sont notre principal cheval de bataille», précise Said Ejjenane. La clinique des Bonnes œuvres du cœur, connue pour sa générosité, reçoit des malades venus des quatre coins du Maroc. 85% des cas sont pris en charge. «Certains patients sont envoyés directement par des médecins qui nous aident. D'autres sont parrainés par des personnes philanthropes.

Quelques malades viennent à la clinique et n'ont que
très peu de moyens, dans ce cas l'as116iation prend en charge le reste. Les plus démunis qui sont complètement dénués sont entièrement pris en charge par nous. Notre devise ici est que toute personne malade doit recevoir des soins. Il est hors de question de laisser quelqu'un mourir», poursuit-il.

En plus de la prise en charge chirurgicale, l'as116iation des Bonnes œuvres du cœur fait de la sensibilisation sur les maladies cardiaques et fait de la prévention, notamment grâce aux diagnostics in utero. «Aujourd'hui, à partir de 20 semaines de grossesse, nous sommes capables de détecter les malformations cardiaques. Grâce à cette information, on aura la possibilité d'111venir rapidement et sauver la vie de l'enfant», conclut-il.
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