Casablanca : Ecarts de conduite des chauffeurs de taxi
Le client du petit taxi casablancais est tout sauf roi. «Il n'y a plus aucun respect pour les usagers de ce moyen de transport. On est souvent obligés de supporter l'humeur des chauffeurs qui ne connaissent pas leurs limites », affirme cette femme quadrag
LE MATIN
11 Janvier 2007
À 18:08
En effet, les taximen sont loin de satisfaire leurs clients. Il suffit de prononcer le mot taxi pour avoir une pluie de critiques : arnaque, manque de respect, mauvaise humeur… Bref les scénarios se multiplient, mais le résultat est le même. Les pratiques des chauffeurs de taxis sont tout simplement scandaleuses. «Certains d'entre eux se permettent de définir au préalable les trajets qu'ils veulent parcourir.
D'autres vous ignorent si vous êtes trois dans la même course. Ils préfèrent les clients séparés pour plus de rentabilité», explique un jeune Casablancais. Cependant, la situation est encore plus désagréable à la sortie des gares de la métropole. Les fameux taxis sont toujours soigneusement alignés, mais ce n'est pas pour autant que les voyageurs pressés sont servis.
«Certains chauffeurs de taxi procèdent d'abord à la sélection de leurs clients et des destinations qui leur plaisent. Même si l'un d'eux vous invite à monter, il vous fera attendre jusqu'à ce que deux autres clients se présentent. Pis, ils refusent de mettre en marche le compteur, notamment s'ils vous prennent pour un touriste», indique ce R'bati qui travaille à Casablanca. Face à ce constat, certains habitués ont trouvé la solution.
«Aujourd'hui, je m'éloigne de la gare pour héler un taxi. C'est moins stressant et me fait gagner plus de temps», affirme cette jeune fonctionnaire. Cependant, il ne suffit plus de héler un taxi pour arriver «à l'aise» à sa destination. Il faut souvent supporter les caprices des chauffeurs. Les passagers ont parfois la mauvaise surprise de se trouver confrontés à des prêcheurs qui les saturent de conseils et même de questions sur leur vie privée.
«Je prends le taxi plusieurs fois par jour. Je suis souvent obligée de supporter le harcèlement de certains chauffeurs qui me mitraillent de questions privées. Apparemment, ils oublient qu'ils ont un permis dit de confiance», nous confie Amina, âgée de 24 ans. Et pour ceux qui n'apprécient pas les conversations «intimes» avec les taximen, ils doivent en plus supporter leurs goûts musicaux ou à la rigueur la fumée de leur cigarette.
Pis, certains chauffeurs ou plutôt chauffards, ne présentent aucun respect pour les règles de conduite les plus évidentes : les feux rouges et les stops sont brûlés sans le moindre remords. Sans parler des progrès que les chauffeurs ont à faire, surtout au niveau de leur présentation. «Les chauffeurs de taxi ne sont pas tous pareils, mais cela n'empêche qu'il y a des éléments qui portent préjudice à l'image de leurs confrères, mais aussi à la ville, notamment ceux qui occupent les sorties des gares», conclut un autre Casablancais.
«Avant, c'était plus difficile d'avoir un permis de confiance, alors qu'aujourd'hui, n'importe qui peut conduire un taxi. Vu le comportement de certains «collègues», on se demande si on exige toujours des chauffeurs des casiers judiciaires vierges», affirme un vieux chauffeur de taxi avec amertume. «Il existe bien des commissions disciplinaires qui règlementent ce secteur. Il faut juste que les citoyens prennent conscience de leurs droits et osent les réclamer.
Nous ne pourrons rien faire contre les fraudeurs tant que les Casablancais considèrent ce genre de plainte comme une perte de temps», ajoute un responsable du bureau des taxis. Ainsi, pour échapper au chaos d'environ 8.000 petits taxis, les citoyens n'ont qu'à connaître leurs droits, en attendant la révision des agréments et des permis de confiance.
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Réglementation
Il faut savoir que la loi interdit tout manquement aux règles dictés aux chauffeurs de taxi et tout comportement susceptible de nuire au service public.
Dans ce cadre, une commission disciplinaire qui se compose d'un représentant de la wilaya et d'un représentant de la sûreté nationale se réunit deux fois par semaine pour traiter les litiges entre les citoyens et les chauffeurs de taxi.
Cette structure dédié aux usagers insatisfaits est disponible au niveau de toutes les wilayas, provinces et préfectures du Royaume. «Il suffit seulement que les citoyens apprennent à signaler toute infraction, afin de contrecarrer les mauvaises habitudes de certains chauffeurs», affirme un chauffeur de taxi. Des sanctions répressives sont en effet prévues dans le code des taximen dès lors qu'une plainte est déposée.
A titre d'exemple, dans le cas où le chauffeur ne respecterait pas son client, il risquerait de se voir adresser un avertissement ou carrément se voir suspendre son permis de confiance. «Après chaque plainte, nous convoquons le chauffeur de taxi, afin de rédiger un rapport que nous envoyons par la suite à la wilaya», affirme un responsable du bureau des petits taxis.
Pour ce faire, les clients doivent relever le numéro du taxi et porter plainte contre les infractions du chauffeur, au bureau des taxis situé au boulevard Brahim Roudani.
REPÈRES Le code des taxis Le compteur doit être clair et mis en marche avant son départ. Le client peut refuser d'autres voyageurs et exiger de suivre l'itinéraire qu'il désire et non celui qui arrange le chauffeur. Le véhicule doit être propre et bien entretenu. Le client n'est pas obligé de supporter les discours du chauffeur ou ses goûts musicaux. Les taximen doivent avoir une tenue vestimentaire correcte. Les véhicules doivent être lavés en permanence. Le conducteur doit être poli avec les clients et respecter le code de la route. Le chauffeur n'a pas le droit de fumer dans la voiture ou de refuser d'embarquer des clients. En cas de fraude, les clients peuvent porter plainte au bureau des taxis situé sur le Boulevard Brahim Roudani.