Au cœur de l'ancienne médina, le tombeau d'un saint entouré de vieux arbres illustre encore la simplicité des croyances populaires marocaines. La légende de Sidi Bousmara incarne le parfait exemple de la générosité humaine mais aussi naturelle. On raconte qu'en période de sécheresse un vieil homme à la barbe blanche était de passage à la métropole.
Drapé d'une toile en laine vierge, il demanda aux habitants de l'eau pour faire ses ablutions. Après les injures et les coups de pierres, un homme a fini par lui apporter une pierre lisse en remplacement de l'eau. Pour le remercier, Sidi Bousmara à frapper de son bâton de pèlerin sur le seuil de sa porte d'entrée.
Une source d'eau jaillit alors au grand étonnement des habitants qui sont venus remplir leurs jarres d'eau douce. Impressionnés par ce miracle qui les a sauvé de la sécheresse, les Casablancais ont convaincu Sidi Bousmara de rester chez eux. Le saint accepta à condition de vivre en ermite. Il s'installa, alors, dans un angle du cimetière et y planta quelques arbres qui devinrent gigantesques avec le temps.
Ce constat ne fut que renforcer sa relation avec la nature. Son habitation dans la Cité blanche se composait d'une pièce en pierre de taille, sans toit ni porte. Cependant, Sidi Bousmara passait la majorité de son temps sous l'ombrage de ses ficus.
Aujourd'hui, il repose sous un vieux figuier qu'il a planté. Son tombeau se résume en un petit carré blanc surmonté d'un triangle vert avec deux niches où sont déposés les cierges des pèlerins. Cependant, la «baraka» de Sidi Bousmara passe plutôt par les clous. Une coutume ancestrale veut que les fidèles viennent planter des clous dans le tronc d'un vieil arbre planté dans le jardin du mausolée.
Cette légende attire aussi bien les curieux que les chercheurs de bénédiction. Le saint est surtout évoqué par les personnes qui viennent chercher du travail dans la capitale économique. Ils plantent des clous dans les arbres entourant le marabout en espérant que ces bouts de fer les retiennent dans la métropole. Peut-être même qu'ils leur garantissent une vie meilleure. A signaler que cette culture ancestrale est très ancrée dans la tradition marocaine. Ayant la capacité de blesser et donc de faire couler du sang, les clous peuvent, selon les fidèles de Sidi Bousmara, éloigner les mauvais génies.
En enfonçant un clou dans du bois, les gens espèrent délimiter une aire géographique magique capable d'y retenir celui qui l'a planté. Cette légende est nourrie par l'interprétation de sourate Al Hadid LVII, verset 25, qui souligne l'importance du fer «…Nous avons créé le fer qui possède un danger terrible et une utilité pour les hommes…». D'autres personnes croient que le caractère magique donné au métal serait lié à son invention.
Cette dernière est considérée comme l'une des plus grandes réalisations de l'humanité. De fait, les personnes qui ont le don de manipuler le fer occupent toujours une grande place dans leur société. Apparemment, Sidi Bousmara possédait bien ce «don de fer» !!!
REPÈRES Parcours du saint Sidi Bousmara aurait vécu au Xe siècle. Il est l'un des descendants des conquérants arabes. Son tombeau est situé à la rue Sidi Bousmara devant le square créé en 1917. Sa bénédiction retient, dit-on, tous ses fidèles à la métropole. Les clous plantés dans les arbres autour du mausolée sont censés repousser tous les mauvais sorts et esprits. -------------------------------------------------------- Sidi Boulkbach, patron des paysans Placé dans l'étable par son père après la mort de sa mère, Sidi Boulkbach a été adopté par une brebis. L'enfant grandit vite et devient fort et agile. Il s'occupe alors du troupeau et finit par connaître la science vétérinaire.
Devenu célèbre dans la région, les paysans recourent à ses services pour soigner leur bétail. Plus tard, Sidi Boulkbach développera un rite spécial : le deuxième jour de l'Aïd El Kébir, il organise un carnaval assez étrange.
Accompagné de ses fidèles, vêtus de peaux de moutons, le visage noirci de charbon, la tête coiffée de cornes de mouton et le cou portant en bandoulière un long collier de coquillages, il dirige une procession qui sillonne toutes les rues de Casablanca aux sons de la flûte et du tambour.